Pour avoir écrit la "Trilogie des Fourmis", Bernard Werber s'y connait plutôt bien lorsqu'il s'agit de parler de ces petits insectes, qui se retrouvent ces jours-ci au coeur de l'actu ciné avec la sortie de Ant Man, le nouveau film de super-héros du studio Marvel. Du coup, le site du Point a une idée marrante : montrer ce long-métrage à Werber et lui demander son avis "de spécialiste" dessus. Retrouvez sa critique sous les vidéos ci-dessous !



"Ant-Man traite plutôt bien l'univers des insectes visuellement" a-t-il ainsi déclaré. "Le casting est impeccable, la réalisation est bonne, c'est du travail de pro. Ça me rappelle L'Homme qui rétrécit, un film génial de 1957 inspiré d'une nouvelle de Richard Matheson. [...] Ce que je peux dire c'est que : 1. j'ai aimé et passé un très bon moment ; 2. c'est un pur produit Marvel ; 3. ça veut dire qu'en tant que produit Marvel, on voit qu'il y a un énorme investissement en temps, en énergie et en qualité". Néanmoins, même si Bernard Werber a visiblement trouvé ce film très réussi, il a quelques remarques à faire : "Comme c'est un produit, la marge de manœuvre est assez réduite et il n'y a pas de vraies prises de risques. On est dans quelque chose de très divertissant, mais de très lisse. C'est une option confortable, à la fois pour le studio, qui cultive une recette déjà testée, et pour le public, qui sait à quoi s'attendre".

Et quid de la place des fourmis dans le film ? "Je regrette qu'Ant-Man n'en parle pas davantage ! C'est comme si, plutôt que de montrer la passionnante culture d'une tribu indienne, on disait : regardez, quand cette tribu est dirigée par un cow-boy, elle permet de vaincre d'autres méchants cow-boys. Ici, les fourmis sont traitées essentiellement en esclaves obéissant au héros qui les chevauche. Mais la fourmi n'a pas besoin d'être dirigée par un homme pour être intelligente ! Je trouve aussi que sur la problématique des fourmis, on aurait pu sortir des choses plus intéressantes scénaristiquement comme le drame des produits insecticides qui sont en train de tuer toutes les plantes et auxquels les fourmis sont obligées de s'adapter, devenant ainsi de plus en plus robustes. Là, ils n'utilisent qu'une toute petite partie du potentiel de leur concept. C'est comme s'ils étaient arrivés devant une mine d'or et n'avaient exploité que la surface... Mais quelque part, ça me fait plaisir, ça veut dire qu'il y a encore de la place pour faire un film à partir de mon bouquin !"