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Christophe Gans parle de son amour pour James Cameron

Le 27/01/2014 à 17:24
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Interview : Christophe Gans à propos de James Cameron

Actuellement en pleine promotion de La Belle et la Bête, le cinéaste français Christophe Gans a accordé une longue interview au magazine Casemate, spécialisé dans la BD. Au cours de cet entretien, le réalisateur du Pacte des Loups a tenu à rendre un long hommage à celui qui est devenu au fil des années son réalisateur préféré : James Cameron. Et oui, Gans n'a pas toujours aimé le réalisateur de Titanic. On se souvient que dans les années 80, celui qui oeuvrait alors dans la revue Starfix avait été plutôt cassant avec Cameron ("il n'a rien d'un Ridley Scott. C'est un artisan besogneux qui compense à fond sur sa bande sonore.") et son Aliens, qu'il avait à l'époque décrit comme "un génocide organisé en foire à bestiaux où les monstres ne sont qu'un leurre [...] cent fois moins bien réalisé et mille fois plus nocif que [Rambo 2]". Mais Gans s'en explique aujourd'hui, comme vous pourrez le constater dans la déclaration qui suit.

 

La Belle et la Bête

 

Christophe Gans parle de James Cameron

Il est à la première place. Je vais en agacer certains, mais j’ai chaque jour la preuve de son génie. Les autres ont beau emprunter les mêmes chemins, avec les mêmes moyens, ils ne sont jamais au niveau. Malgré sa mégalomanie, Cameron est d’une très grande humilité dans son rapport au récit, au cinéma. Une immense candeur qui finalement emporte le morceau. Je le dis souvent d’une manière un peu provocante, si tous les films étaient réalisés par James Cameron, Ridley Scott et David Fincher, nous vivrions dans un monde formidable ! [...] A l’époque de Starfix, je défendais plutôt la voie suivie par John McTiernan que je voyais comme un intellectuel, supérieur à Cameron. Celui- ci m’apparaissait comme un grand artisan du cinéma avec un côté presque bricoleur, un fascinant mec en salopette qui fabriquait des trucs superbes, mais qui me passionnaient moins que Predator, Pièges de cristal ou Octobre Rouge. Il se trouve que McTiernan a perdu et que Cameron a gagné. [...] Quand j’analyse les films de Cameron, bout par bout, je n’y trouve rien d’extraordinaire. C’est la somme de tout qui est géniale. Quand j’analyse les films de McTiernan, la photo est géniale, le script est génial, la mise en scène est géniale. Et pourtant, cela donne parfois des films un peu bringuebalants. C’est une très grande leçon de cinéma.

 

Le cinéma de Cameron vu par Gans

Il me semble que Cameron joue toujours la même martingale. Une histoire que tout le monde connaît, avec au milieu une histoire d’amour et en plus un défi technologique. Prenez Titanic et Avatar. Deux films très différents, voire antithétiques. Le premier referme le XX e siècle, le second ouvre le XXIe. Titanic critique la société postindustrielle et clôt une époque qui a vu naître des hommes comme Griffith, David Lynch, Sergio Leone. Avec, comme baisser de rideau, un grand spectacle, le naufrage à couper le souffle d’un paquebot représentant le sommet de la technologie. Avatar ouvre sur le XXIe avec un handicapé jeté dans un corps qui n’est pas le sien. Symbole des temps à venir où les voyages ne nous emporteront plus vers des contrées lointaines, mais à l’intérieur de nous-mêmes. Les deux films partagent la même martingale, la même recette. Peut-être est-ce la recette magique. [...] J’aime chez Cameron qu’il ait un pied dans le passé et un pied dans le futur, tout en enjambant soigneusement le présent. Il n’essaye jamais d’être dans le moment. Son langage cinématographique et le genre d’histoire qu’il aime raconter rappellent beaucoup le cinéma américain des années cinquante. On sent que c’est le cinéma qu’il a adoré môme, son côté westernien. Le cinéma populaire ... Clairement. Il est le Cecil B. DeMille d’aujourd’hui. Titanic est un film biblique, la tour de Babel s’effondre sous nos yeux. Il mêle cela à sa passion des défis technologiques, ce qu’on appelle la dernière frontière. Du coup, on a le beurre, l’argent du beurre, le cul de la crémière et même celui de sa cousine. Une histoire bien racontée, des personnages bien campés, une connaissance quasi viscérale de ce qu’il est en train de nous raconter et en même temps un éblouissement causé par la vision qu’il propose. Cameron est un cinéaste vital.  

 

La Belle et la Bête

 

Christophe Gans parle d'Avatar

Ca a été un coup en pleine figure qui m’a transporté littéralement ailleurs. En sortant, je repensais à mes lectures de môme. J’adorais les romans de science-fiction du Français Stefan Wul. Notamment 'L’Orphelin de Perdide, Oms en série' qui a donné le film d’animation La Planète sauvage . L’univers décrit par Cameron me rappelait formidablement celui de Stefan Wul. [...] Son œuvre est politique et, je pèse mes mots, marxiste. En tout cas violemment anti-impérialiste. C’est un Canadien, pas un Américain. Avatar a offusqué les républicains. En sortant du film, je me suis demandé combien de jours allaient passer sans qu’un connard à la télé ne le dénonce comme anti-américain. Ça n’a pas loupé ! Et encore, il prend soin de montrer une armée de mercenaires, pas des GI ! Il montre ce qu’il se passe en Irak ! Lorsque l’officier tient un discours à ses hommes, on n’est plus dans un film de science-fiction, on est en Irak. Les mecs, des latinos, font cette guerre pour obtenir la carte verte et devenir des Américains. C’est cela les guerres d’aujourd’hui. Cameron dit ce qu’il pense. Ça me plaît.


En petit bonus, retrouvez ci-dessous l'interview exclusive que Christophe Gans nous avait accordée à l'époque de la sortie d'Avatar. On rappelle au passage que La Belle et la Bête sortira le 12 février prochain sur nos écrans, et qu'on y retrouvera Léa Seydoux, Vincent Cassel et André Dussolier.




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