Avengers

AVENGERS : CRITIQUE

NDLA : La critique qui suit concerne une projection d'Avengers en 2D. Il ne sera donc, et ce à aucun moment, question de la qualité de la version 3D du film.

Véritable pierre angulaire d'une construction dont les piliers se nomment Iron Man, Hulk, Thor et Captain America, Avengers se devait de trouver ce qui faisait tant défaut à ces films-fondations : l’âme et le cœur de Marvel. Un label ne suffisant plus à assouvir la soif des fans, il fallait à la fois effectuer un retour aux sources, s’approprier chaque figure disparate pour n’en faire qu’une et se faire le commandant inflexible de cette énorme arme de destruction massive. Fort heureusement, c'est à l'illustre Joss Whedon (que les fans de séries et de comics connaissent bien) qu'est revenue la lourde tâche de provoquer cette grande réunion cataclysmique et d'en tirer la substantielle moelle, le nectar survitaminé attendu depuis des années.

Pour ce faire, Whedon mise sur une ligne directrice aussi simpliste qu’un volet de Transformers (les méchants veulent un cube magique, les gentils le veulent aussi), qui lui permet de prendre le temps de s'axer sur les relations particulières entretenues par chaque protagoniste. A ce titre, il devient très vite évident que le créateur de Firefly est bien l'homme de la situation, connaissant sur le bout des doigts chaque backstory et étant parfaitement capable de maitriser tous les égos en ne laissant aucun personnage sur le carreau. Mais le génie de Whedon et de son compère Zak Penn ne s’arrête pas là puisqu’ils injectent dans leurs dialogues un humour décapant, parfois geek et toujours brillant. C’est bien simple, les vannes fusent et font toujours mouche ! Si l’humour aère le film et accentue la très bonne ambiance de cette réunion pas comme les autres, il offre aussi une toute nouvelle dimension à ces meneurs emblématiques, les rendant plus humains, touchants, voire dotés d’un jugement critique exacerbé. Magie de leur travail impérial, aucun trait caractéristique de ces super-héros ne sera oublié : le côté geek de l'agent Coulson, les poses ultra-sexy de la Veuve Noire (Scarlett Johansson), l'humour affuté de Stark (Robert Downey Jr.), le côté has-been de Captain America (Chris Evans)... Mieux encore, le duo de scénaristes offre quelques batailles épiques entre ces mêmes "vengeurs" que les fans sauront à coup sûr apprécier ! Si ce puzzle s’emboite à la perfection, on pourra néanmoins regretter un Captain America un chouïa en retrait en raison d’une scène coupée dans laquelle le vaillant héros de la seconde guerre mondiale devait retrouver "sa" Peggy Carter. Une scène regrettée certes, mais dont on comprend l’absence tant le rythme de la machine est détonnant, filant à 100 à l'heure d’un bout à l’autre du long-métrage. 

Si Whedon multiplie les casquettes, on pouvait néanmoins craindre une mise en scène quelque peu en retrait. Que nenni puisqu'en sus de ne pas succomber à la mode du montage épileptique en multipliant les plans larges et les mouvements amples, il se fait même plaisir dans un énorme plan-séquence suivant un à un chaque personnage au cœur d'une gigantesque lutte urbaine chatoyante de couleurs et balisée de tôles froissées et d'immeubles détruits. Une mise en scène dynamique servie par des effets spéciaux spectaculaires qui n’ont d'ailleurs absolument rien à envier aux gigantesques défouloirs de Michael Bay. En plein milieu de cet enchaînement de séquences toutes plus spectaculaires les unes que les autres, un homme, une bête, un symbole : Hulk. Après quelques balbutiements nommés Eric Bana et Edward Norton, l'évidence saute désormais aux yeux, Mark Ruffalo est le choix parfait pour le rôle. C'est bien simple, il ne faut à l'acteur qu'une poignée de lignes de dialogues pour que sous nos yeux, la détresse de Bruce Banner et la fureur exponentielle de son alter ego emportent notre adhésion. Véritable machine de guerre, son personnage, parfaitement incrusté au sein de ses impressionnants collègues accrobates, devient très vite le porte-étendard du film, à la fois réfléchi et insaisissable, violent et fun, drôle et émouvant.

Dans tout cet amoncèlement de qualités, on en vient tout de même à regretter la présence de Cobie Smulders (l'actrice d'How I Met Your Mother), pas crédible pour un sou ou bien encore un Nick Fury un peu effacé et un Oeil-de-faucon qui peine toujours à convaincre. On peut aussi regretter que le "grand méchant du film" ne soit là que pour se prendre raclée sur raclée par cette équipe hors-du-commun. En effet, déjà copieusement terrassé par Thor dans le film éponyme, Loki doit désormais faire face à ce même frère, à Iron Man, Oeil-de-faucon, Hulk, la Veuve  Noire, Captain America et bien d'autres encore. Autant avouer que même s'il est parfois aidé par des dizaines de soldats surentrainés, robustes et parfois gigantesques, il fait souvent plus de peine qu'il n'impressionne. "A quoi ça sert de lutter puisque tu n'as aucune chance face à nous ?" lui demandera même, en substance, un Tony Stark particulièrement ironique. Finalement, le titre du film parle pour lui-même : le long-métrage, basé non pas essentiellement mais intégralement sur les Avengers est bien là pour montrer, outre leur bataille d'égos, leur cohésion finale et leur incroyable puissance de frappe. De quoi préparer sereinement un Avengers 2 dans lequel l’ennemi principal combattra cette fois la dream-team à armes égales ? Ou bien encore une adaptation fantasmée du comic Civil War avec ses évènements dramatiques particulièrement marquants ? On l'espère, bien sûr, de tout coeur...

Compliqué sur le papier, le pari est néanmoins réussi haut-la-main pour toute l'équipe du film car Avengers est bel et bien, à ce jour, la meilleure adaptation cinématographique de l'univers Marvel (ou tout du moins, pour les plus tatillons, du même acabit qu'X-Men 2 et Spider-Man 2). Les fans seront aux anges, l'univers est respecté à la lettre et tous les héros possèdent enfin ce qui leur faisait tant défaut : une âme. Par son dynamisme, sa fougue et sa volonté inaltérable de tout donner, Avengers s'inscrit comme un blockbuster de grande qualité. Avis aux déçus des films de Favreau, Leterrier, Branagh et autre Joe Johnston, le film de Joss Whedon est un divertissement décomplexé comme on aimerait en voir plus souvent. Véritable lettre d'amour aux héros Marvel et immense feu d’artifice visuel, Avengers est LE film libérateur qu'on attendait tant. Oubliez (presque) tout ce que vous avez vu auparavant, l'aventure, la vraie, 100% fun, épique, explosive, jouissive et folle, commence ici.