Cyprien
Le 19/01/2009 à 07:59Par Michèle Bori
Horreur, le film Cyprien tiré du célèbre sketch d'Elie Semoun est un cataclysme sur pellicule, laid et mal écrit, dont on ne retiendra que la partition plutôt honorable de Semoun et Léa Drucker. Hélas, on retiendra aussi et surtout que le film de David Charhon met involontairement les deux pieds dans le plat en proposant un climax tout simplement insultant pour quiconque aurait un peu la fibre geek. Raté de chez raté donc, et dans le style, on conseillera plus volontiers Incontrôlable avec Michael Youn. C'est dire !
Cyprien, vous le connaissez tous. "Si tu es blonde à forte poitrine", c'est de lui. Un sketch qui fit la renommé d'Elie Semoun et de ces Petites Annonces il y a quelques années et qui se voit aujourd'hui transformé en point de départ d'un long métrage signé David Charhon. Cyprien est un looser, mais sa vie bascule le jour où il trouve un déodorant magique qui le métamorphose en Jack Price, un beau mec plein de confiance qui va réussir là où Cyprien a toujours échoué. Un pitch au potentiel comique énorme, qui nous fait bien sûr penser à Docteur Jerry et Mister Love, mais aussi au Professeur Foldingue avec Eddie Murphy, à Hunk de Lawrence Bassoff et quelques épisodes de La Vie de Famille (pour la transformation de Steve Urkel en Stefan Urquelle). Mais malheureusement, même si c'est souvent dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes, le film n'arrive jamais à se hisser au niveau de ces modèles qui, mis à part la comédie culte de Lewis, ne sont pourtant pas bien fameux...
Que retenir de ce Cyprien ? Les prestations globalement satisfaisantes d'Elie Semoun et de Léa Drucker, une bonne bande originale et un gag rigolo de Vincent Desagnat avec un Vélib'. Le reste, on oublie. Pas très beau, très mal mis en scène, piquant des idées à droite à gauche (la scène Thriller de 30 ans sinon rien par exemple), laissant la majorité de ses comédiens en roue libre (pauvre Laurent Stocker), le film de David Charhon est une des comédies les plus indigestes qu'il nous est été offert de voir depuis Foon. Pire, le film est tellement bancal qu'il tape involontairement à côté de la cible, dans un dernier acte qui contredit purement et simplement le message qu'il semble vouloir transmettre. Les amateurs de jeux vidéos, d'informatique, de cinéma des années 80, de goodies, les fans de Star Wars, les Trekies, bref, les geeks, les nerds, ceux-là même qui risquent d'aller voir le film en masse (ah qu'il est fin de la part du distributeur d'avoir mis une allusion à Retour vers le futur dans sa bande-annonce !) se retrouveront donc traités de loosers qui, on cite, "ratent leur vie". Ce n'est sans doute pas l'effet escompté, mais le fait est que c'est ce qu'on en retiendra. Et inutile de dire que cela nous est resté en travers de la gorge...
Au final, en quittant son siège, pas forcément très content de s'être fait traiter de gros nul, on se dit qu'on aurait du prendre à la lettre le gars Cyprien lorsqu'au milieu du film, dans une réplique clin d'œil (ou pas) à la Nuit Américaine de François Truffaut, il nous balance : "La vie c'est pas comme le cinéma. Au cinéma, si t'es pas content de ce que tu vois, tu peux sortir de la salle !". Sage conseil.