3 Billboards mérite-t-il ses Oscars et ses Golden Globes ? critique
Le 10/01/2021 à 10:51Par Veronica Sawyer
Notre avis
Si Bon Baisers de Bruges (2008) nous avait enchantés (et racheté une crédibilité à Colin Farrell), le bâtard et convenu 7 Psychopathes (2012) nous avait fait rapidement déchanter sur le potentiel de Martin McDonagh.
Visiblement, c'était mal connaître les capacités du réalisateur britannique. 3 Billboards - Les Panneaux de la Vengeance (Three Billboards Outside Ebbing, Missouri) est une petite merveille d'humour noir, une oeuvre grinçante et touchante aux dialogues parfaitement ciselés et mordants, qui évoque aussi bien la lutte féminine, les brutalités policières que la vie dans une bourgade paumée au fin fond des Etats-Unis.
L'histoire : Après des mois sans que l'enquête sur le viol et l'assassinat de sa fille ait avancé, Mildred Hayes décide de louer trois grands panneaux abandonnés à l'entrée de sa ville afin d'interpeler le très respecté chef de la police.
Martin McDonagh a de l'empathie pour les losers. 3 Billboards leur offre des rôles mémorables. A commencer par Frances McDormand bluffante en mère badass, féroce, cruelle, pétrie de douleur et de culpabilité, prête à tout pour que la police retrouve l'assassin de sa fille. L'actrice décroche son rôle le plus éblouissant depuis Fargo des frères Coen.
La comparaison avec les frères Coen n'est pas innocente tant l'univers de 3 Billboards fait penser à celui des deux réalisateurs américains de No Country For Old Men. Mais là où George Clooney s'est complètement planté sur Bienvenue à Suburbicon (malgré son scénario signé des frères Coen), Martin McDonagh parvient à transcender cette influence et à imposer sa griffe.
Le britannique n'a ni peur du politiquement incorrect ni de la violence graphique. Et malgré son sujet des plus noirs (le deuil d'une mère et sa quête de justice), il parvient à trouver le juste équilibre entre légèreté, cynisme et brutalité tout en se jouant de notre boussole morale.
Portée par Frances McDormand, cette comédie noire brille aussi par ses seconds rôles. Sam Rockwell (éternel second couteau du cinéma américain) est génial en flic redneck con et raciste (il mérite amplement son golden globe), Woody Harrelson en bouleversera plus d'un en chef de la police rongé par le remord tout comme Caleb Landry Jones en publicitaire, Peter Dinklage en amoureux transi de Frances McDormand ou encore Zeljko Ivanek en sergent suiviste.
Oui, 3 Billboards mérite ses 2 Oscars (meilleure acrice et meilleur second rôle masculin) et ses 4 Golden Globes et s'est imposé comme l'un des films de 2018.