Blink Twice : l’énorme claque de Zoë Kravitz avec Channing Tatum - critique

Une île paradisiaque aux airs de cauchemar

Pour découvrir Blink Twice dans les meilleures conditions, mieux vaut ne rien savoir. Fuyez les bandes-annonces et interrompez quiconque tentera de vous le pitcher.

Mais si vous êtes du genre peu aventureux et que vous avez peur de vous embarquer dans un thriller dont vous ignorez tout, voici de quoi il retourne :

L’intrigue suit Frida (Naomi Ackie), une serveuse de cocktails fascinée par Slater King (Channing Tatum), un magnat de la tech en disgrâce depuis qu’il a été accusé publiquement d’être une personne toxique.

Après s’être excusé publiquement pour ses erreurs passées, Slater invite Frida et son amie Jess (Alia Shawkat) à passer quelques jours sur son île privée. 

L’occasion est trop belle : la fête est permanente, le champagne coule à flots, et tout le monde semble heureux et détendu… mais se pourrait-il que ce petit paradis pour privilégiés cache quelque-chose de sombre ?

Zoë Kravitz nous met une grosse torgnole avec Blink Twice 

Zoë Kravitz, pour sa première réalisation, fait preuve d’une maîtrise impressionnante de l’ambiance et du cadre. Si Blink Twice commence comme un somptueux voyage sur une île paradisiaque luxueuse et baignée de lumière, la réalisatrice parvient très vite à nous plonger progressivement dans un sentiment d’anxiété en injectant au compte goutte la terreur dans le somptueux.

Chaque plan est millimétré, calibré, composé avec soin et justesse, et rien ne semble laissé au hasard, à l’image des gros plans sur le visage de Naomi Ackie, particulièrement saisissants puisqu’ils parviennent à en capturer nuance, nous immergeant dans sa plongée à l’aveugle vers ce qui a tout l’air d’être un tourbillon d’horreurs.

Une montée en tension vertigineuse et maîtrisée

Ce qui distingue Blink Twice d’un thriller classique, c’est la manière dont Zoë Kravitz parvient à jouer avec les attentes du spectateur et nous prendre sans cesse au dépourvu. 

Le montage est remarquable, utilisant des coupes rapides pour nous faire ressentir la redondance des journées passées sur l’île, comme si nous étions coincés à notre dans une boucle temporelle façon Un jour sans fin… en version hardcore.

Et le rythme de l’ensemble est admirable : en seulement 1h42, Zoë Kravitz raconte une histoire qui ne fera que gagner en intensité.

Chaque nouvelle découverte de Frida nous pousse un peu plus dans l’horreur, et les thèmes explorés – notamment celui du trauma – font écho longtemps après le générique de fin, nous rappelant quelques célèbres affaires dont on ne parlera pas ici, parce qu’on en a déjà trop dit.

Parce que la réalisatrice  ne se contente pas de raconter une histoire : elle fait également passer un message puissant, subtilement intégré dans le récit. Si certains la comparent déjà à Jordan Peele, force est de constater que Zoë Kravitz porte des sabots bien moins gros que ceux du réalisateur de Get Out. Si l’inspiration de la cinéaste se situe probablement bien de ce côté, on serait plutôt tentés de dire qu’avec Blink Twice, l’élève a dépassé le maître.

Casting incroyable pour Blink Twice

Si Blink Twice fonctionne aussi bien, c’est en grande partie grâce à la performance exceptionnelle de Naomi Ackie. Son interprétation de Frida est à la fois poignante et complexe, ancrant le film dans une réalité qui rend chaque moment de plus en plus angoissant. Ackie navigue avec brio entre la confusion, la douleur et la détermination, nous faisant craindre pour sa vie tout en nous donnant envie de la voir triompher.

Channing Tatum, dans le rôle de Slater, joue sur son charisme naturel pour incarner un personnage qui, sous des airs sympathiques, cache une nature beaucoup plus sombre. Dirigée par sa chère et tendre, la star de 21 Jump Street déploie un jeu particulièrement subtil, évitant l’écueil de la caricature pour construire un personnage tout en nuances.

Dans le rôle de Jess, la meilleure amie de Frida, Alia Shawkatl apporte une touche de sensibilité et d’humour tandis qu’Adria Arjona, dans le rôle de Sarah, une ex-star d’un ersatz de Koh-Lanta, vole la vedette à Naomi Ackie à plusieurs reprises, incarnant une pimbêche rivale plus vulnérable qu’on ne le pense.

Le reste du casting, composé notamment de l’excellent Haley Joel Osment, mais aussi des légendaires Geena Davis, Kyle MacLachlan et Christian Slater nous offre des secondes rôles de premier choix, avec des performances solides et mémorables, même dans des rôles plus discrets, et leur présence contribue à faire de Blink Twice un film que l’on n’oublie pas facilement.

C’est une réussite éclatante pour Zoë Kravitz, qui démontre ici qu’elle est non seulement une actrice talentueuse, mais aussi une réalisatrice et scénariste de premier plan. Ce thriller psychologique rusé et racé nous tient en haleine du début à la fin, porté par une réalisation d’une précision quasi-chirurgicale et des performances incroyables.

Blink Twice est un film à ne pas manquer, et on attend déjà avec impatience de voir ce que Zoë Kravitz nous réserve pour la suite.