Bohemian Rhapsody : Rami Malek magique dans un biopic en souffrance de rock'n'roll - critique
Le 02/11/2018 à 23:39Le 31 octobre c'était bien sûr Halloween mais c'était aussi le jour de sortie du très attendu film sur Queen et Freddie Mercury, Bohemian Rhapsody.
Que vaut donc la performance de Rami Malek en Freddie ? Ce biopic au tournage très compliqué et houleux (Le réalisateur Bryan Singer a été remercié en cours de route) est-il à la hauteur de la légende Queen ?
La grande force du film est sans conteste son interprète principal. Rami Malek habite littéralement Freddie Mercury. L'acteur est tellement investi dans le rôle que cela en devient troublant. La star de Mr Robot a su reproduire les gestuelles à la fois maniérées et animales du chanteur anglais et reproduire sa diction si particulière à cause de sa protubérante dentition.
Mais si Rami Malek est la force du film, il en est aussi son cheval de Troie. Jamais la mise en scène de Bryan Singer (et son remplaçant Dexter Fletcher) ne parvient à vibrer avec autant de flamboyance et de folie que son personnage principal. C'est dommage et frustrant. Bohemian Rhapsody déçoit par le classicisme de sa narration. Le film est trop propre, trop lisse par rapport à la grandiloquence de Freddie Mercury et de Queen.
On s'en prend à fantasmer sur ce qu'aurait pu faire Martin Scorsese, érudit du rock, d'un tel sujet. Ou même Edgar Wright et Danny Boyle et bien sûr Sasha Baron Cohen, d'abord pressenti pour le rôle avant d'être écarté pour différends artistiques. Le gros souci du film est de ne jamais sortir des sentiers battus. Ce qui ne l'empêchir de divertir. Mais c'est un comble quand le personnage central est aussi épique et explosif.
Reste quelques scènes clés sur l'épopée musicale de Queen, notamment celles qui racontent la genèse de leurs plus grands tubes, de "Bohemian Rhapsody" à "We Will Rock You" en passant par "Another One Bites The Dust" et "Killer Queen". On comprend que la réussite de Queen provient de sa communication unique avec le public.
Mais ce sont bien les 15 dernières minutes finales à Wembley en 1985 qui délivrent le souffle épique tant attendu. La séquence quasi intégrale du Live Aid apporte la saveur rock qui manquait jusqu'alors au film. Un final en apothéose, bourré d'émotions (d'autant plus quand on sait qu'il s'agissait de la dernière performance de Freddie Mercury alors malade du Sida), qui donne envie de se jeter sur son fauteuil et qui fait que plus amplement regretter le peu de prises de risque à ce biopic.