Deauville 2010 : Two Gates of Sleep
Le 06/09/2010 à 16:14Par Aurélie Vautrin
Cannes a eu Oncle Boonmee, Deauville aura Two Gates of sleep. Réalisé par un jeune réalisateur de tout juste 31 ans, ce film de genre, à la limite de l'expérimental, a quelque peu secoué les festivaliers après sa diffusion matinale... Il faut dire que ce sombre voyage entre la vie et la mort, au cœur d'une nature sauvage, hostile, agressive même, est très difficilement accessible. Loin des codes cinématographiques habituels, Two gates of sleep aligne les séquences comme des tableaux en mouvements, succession de très longs plans fixes et minimalistes, sans action, sans dialogues – les personnages ne s'échangent finalement que peu de répliques au cours du film. On ne sait d'ailleurs pas qui ils sont, où ils sont, et on en le saura jamais, car là n'est pas le propos. Restent les cris, la souffrance, l'acharnement aussi, et une musique stridente, parfois assourdissante. On est finalement plus proche de l'expérience personnelle, qui pour beaucoup, sera peut-être sans grand intérêt. Là où l'on pouvait attendre un voyage initiatique de deux frères ayant perdu leur mère, on se retrouve avec un ovni qui piocherait presque dans l'Ancien Testament pour distiller une atmosphère assez malsaine en filmant les creux des troncs d'arbres et le vent dans les feuilles. On en sort transporté, un peu révolté aussi, car la vision de la vie, de la mort, et de la vie après la mort est si pessimiste et si lugubre qu'il est difficile d'en sortir indemne.
Festival du Cinéma Américain de Deauville 2010 : en compétition