Ick : Joseph Kahn et Brandon Routh nous offrent une suite spirituelle de The Faculty (critique) PIFFF 2024
Le 08/12/2024 à 18:51Par Pierre Champleboux
Avec Ick, Joseph Kahn livre une comédie horrifique décomplexée et nostalgique qui puise son énergie dans les teen movies des années 2000 et les classiques de la série B. Mélange explosif entre The Faculty, Le Blob et un soupçon de La Main qui Tue, le nouveau film du réalisateur de Torque est une montagne russe d’émotions et d’humour corrosif. Débordant d’énergie, bourré de références pop et porté par un Brandon Routh attachant dans son rôle de loser se rêvant en héros, Ick est un chaos jubilatoire, parfois trop foutraque, mais indéniablement sincère.
Hank contre l’Ick : une aventure entre nostalgie et cauchemar
L’histoire commence au tout début des années 2000, avec Hank (Brandon Routh), star de l’équipe de football américain d’un lycée et ado à qui tout réussit, promis à un avenir radieux. Mais un accident en plein match met brutalement fin à ses rêves de gloire, l’amenant à rester pour de bon dans la petite bourgade d’Eastbrook, où il finira par devenir un prof de SVT qui peine à se faire respecter.
Vingt ans plus tard, Hank mène sa petite vie pas folichonne, jusqu’à ce que l’Ick, une étrange matière noire qui envahit la ville depuis des années, se réveille et commence à infecter les habitants, qui deviennent dès lors des sortes de zombies conscients n’ayant qu’une idée en tête : contaminer le plus de gens possible.
Face à cette menace, Hank s’allie avec Grace (Malina Weissman), une ado rebelle qui n’est autre que la fille de son amour de jeunesse (jouée par Mena Suvari) et dont il pense qu’il est peut-être le géniteur.
Ensemble, ils tenteront de survivre à cette invasion façon Body Snatchers, tout en essayant parallèlement de résoudre leurs problèmes personnels.
Une esthétique survoltée et un rythme effréné
Dès les premières minutes, Ick pose les bases : un montage frénétique, des plans bourrés de gags et une avalanche de références aux années 2000. Joseph Kahn, clippeur de génie derrière Toxic de Britney Spears ou Without Me d’Eminem, applique ici son style énergique et ses idées de mise en scène zinzins à un film qui ne laisse jamais le spectateur respirer.
La bande originale, une vraie madeleine de Proust composée majoritairement de hits pop-punk des années 2000 (blink-182, Good Charlotte, etc…), joue autant sur la nostalgie que sur l’ironie, rendant hommage à une époque où les ados partageaient leurs états d’âme sur des Skyblogs et conversaient par MSN.
Mais si cette esthétique fonctionne parfaitement pour les séquences comiques et les scènes d’action débridées, elle nuit parfois à l’immersion. Certaines scènes, comme un massacre en bonne et due forme lors d’une fête étudiante, sont si frénétiques et découpées qu’elles perdent un poil en impact émotionnel.
Entre satire sociale et absurdité assumée
Comme dans ses précédents films (Detention, Bodied), Joseph Kahn s’amuse à torpiller les conventions du genre tout en glissant une légère pincée de satire sociale.
L’Ick, parasite qu’on devine métaphorique, a tout l’air de représenter la passivité de certains face aux crises : clairement, on pense très très fort à la période Covid.
Mais cette satire manque parfois de subtilité. Kahn cible aussi bien les conservateurs obtus que les progressistes hypocrites, mais son écriture use d’un ton un brin trop caricatural pour faire vraiment mouche à tous les coups. On ricane, et puis on oublie.
Brandon Routh brille en loser magnifique
La réussite de Ick repose en grande partie sur ses acteurs, et notamment Brandon Routh. L’ex-Superman campe ici un héros aussi pathétique qu’attachant, un type empêtré dans ses regrets et sa condition de loser, qui trouve une forme de rédemption à travers son combat contre l’Ick.
Malina Weissman, dans le rôle de Grace, offre une belle contrepartie et un excellent sidekick, campant un personnage dont la personnalité mêle sarcasme et vulnérabilité. Leur dynamique, entre vannes intergénérationnelles et duo improbable, apporte un vrai ancrage et une bonne dose d’émotion à ce chaos ambiant.
Et puis, Mena Suvari, qui apparaît à la fois rajeunie numériquement comme au temps d’American Beauty dans le prologue, et telle qu’elle est aujourd’hui dans le reste du film, est également l’une des valeurs sûres du film. Son personnage apparaît relativement peu, mais lorsqu’elle est présente à l’écran, elle fait des étincelles.
Verdict : un bordel attachant et généreux
Ick est tout sauf un film parfait. Son rythme effréné et son montage hyperactif peuvent fatiguer, et ses tentatives de satire tombent parfois à plat. Mais il est impossible de nier l’énergie débordante de Joseph Kahn, qui livre une œuvre à la fois drôle, émouvante et furieusement inventive.