The King Of Staten Island : le meilleur film de Judd Apatow - critique avec Pete Davidson

Freaks and Geeks. Girls. Love. Crashing. 40 ans Toujours Puceau. 40 ans Mode d'Emploi. Funny People. Crazy Amy. En France, on a du mal à saisir l'importance de Judd Apatow sur la comédie américaine moderne, qu'elle soit télévisuelle ou destinée au cinéma.

Pourtant depuis presque 30 ans, le réalisateur producteur scénariste a su la réinventer lui offrant une touche plus dramatique, sensible et touchante loin des stéréotypes graveleux qu'on lui accorde. Ceci à l'image de son nouveau film, le formidable The King Of Staten Island au cinéma le 22 juillet 2020.

A la base il y a Pete Davidson, star du stand up et de SNL aux US (et petit ami d'Ariana Grande). Grand échalat tatoué au bagoût acerbe, il incarne Scott, plus freak que geek, éternel adolescent et gentil loser de 24 ans qui vit au crochet de sa mère veuve (Marisa Tomei) depuis que son père, pompier, est décédé dans un incendie alors qu'il avait sept ans.

Scott est paumé dans sa banlieue de Staten Island comme si la vie l'avait mis de côté. Ses amis avancent, lui s'enracine dans cette banlieue de New York laissée pour compte. Son rêve, monter un restaurant salon de tatouage, paraît insensé au vu de ses talents en dessin. De toute manière, Scott, angoissé, maladif, préfère passer son temps à fumer de la weed dans le canap de ses potes et refuse de grandir. Mais son existence se retrouve chambouler quand sa mère se met à fréquenter Ray (Bill Burr) pompier comme son père.

Judd Apatow délaisse les quadragénaires pour s'intéresser à un personnage dans la vingtaine. Si Pete Davidson ne considère pas The King Of Staten Island comme un biopic, son histoire est calquée sur la sienne.

Comme Scott, Pete Davidson a perdu son père jeune (pompier, il est mort le 11 septembre lorsqu'il avait 7 ans), a dû apprendre à grandir sans lui, souffre de crises d'angoisse, s'est vu diagnostiquer un trouble de la personnalité et a grandi à Staten Island (d'ailleurs plusieurs membres de sa famille apparaissent dans le film).

Si le stand-up a sauvé Pete Davidson, Scott lui cherche à quoi se raccrocher dans cette île de Staten Island qui semble coupée du reste du monde (et notamment de la frénésie new-yorkaise).

Pour son 6éme film, Judd Apatow s'éloigne de la comédie dont il a l'habitude. Certes on rit beaucoup mais l'humour n'est pas eu centre de The King Of Staten Island, dramédie touchante et sensible sur le deuil, la maladie et la quête de soi.

Formidable jusqu'aux dernières minutes, The King Of Staten Island doit certes beaucoup à Pete Davidson mais également au reste du casting tout aussi génial que cela soit Marisa Tomei une nouvelle fois en maman, Bill Burr en pompier bourru et surtout Maude Apatow bouleversante en petite soeur qui essaie tant bien que mal d'aider son frère et Bel Powley en petite amie qui veut s'en sortir.

Amoureux inconditionnel de ses comédiens, Judd Apatow leur laisse à tous de l'espace pour s'exprimer. Sans jamais perdre le fil rouge de son histoire.

The King Of Staten Island est le genre de film dont on ne sort pas indemne et qui donne envie de vivre. Merci Judd.