Le Cas Richard Jewell - Une histoire vraie qui prend aux tripes - Notre critique du Clint Eastwood
Le 16/01/2022 à 12:50Par Pierre Champleboux
Avant que Le Cas Richard Jewell ne soit porté à l’écran par le réalisateur de La Mule, c’est d’abord un fait divers tragique. En 1996, pendant les festivités en marge des jeux olympiques d’Atlanta, une bombe explose, faisant 1 mort et 111 blessés. Un bilan qui aurait pu être bien plus lourd si Richard Jewell, agent de sécurité, n’était intervenu pour faire s’éloigner les spectateurs et employés présents dans le périmètre soufflé par l’engin explosif artisanal.
Érigé en héros national dans les 24 heures qui suivront l’attentat, Richard devient bientôt le seul et unique suspect sur lequel le F.B.I. porte ses soupçons.
Il faut dire que Richard est loin d’avoir le profil des héros auxquels Eastwood nous a habitué. Interprété par l’incroyable Paul Walter Hauser (vu dans la série Kingdom avec Frank Grillo mais aussi dans BlackKklansman et Moi, Tonya), Richard nous est présenté comme un vieux garçon obèse, un type qui a toujours rêvé d’être flic, et qui essaie de compenser sa frustration de ne pas y être parvenu en faisant en sorte d’agir comme l’agent de sécurité le plus chia… consciencieux que la Terre ait jamais porté.
Au départ, Richard n’a rien d’attachant, bien au contraire. Et puis, lorsqu’on voit les forces s’acharner contre lui, qu’on observe, impuissants, que le système entreprend de le broyer, on commence peu à peu à s’attacher à lui jusqu’à ne plus espérer qu’une chose : qu’il en sorte indemne.
Stressant de bout en bout, le film nous tient en haleine avec un suspens inattendu qui nous prend presque en traître. On n’était pas prêts. On ne pensait pas pouvoir s’attacher à Richard, on ne soupçonnait pas qu’il soit possible que la police puisse simplement désigner un coupable sans preuves matérielles. Et pourtant...
Magistralement écrit et filmé, Le Cas Richard Jewell doit aussi beaucoup à ses interprètes. Richard (Paul Walter Hauser) est d’une authenticité rare. Tantôt agaçant, tantôt attachant, souvent ambigu, ce presque inconnu livre là une interprétation impériale.
Sa mère est jouée par la touchante et toujours impeccable Kathy Bates, et Sam Rockwell parvient heureusement à nous décrocher quelques rires dans cette ambiance pesante et crispante en incarnant l’avocat de Richard, le type sur les épaules duquel reposeront tous nos espoirs.
Un film profondément humain, une œuvre brillante sur l’injustice à mettre sous tous les yeux.