Longlegs - Un thriller horrifique avec Nicolas Cage, hypnotique mais inégal - critique
Le 09/07/2024 à 16:08Par Pierre Champleboux
Un peu longuet et mollasson sans pour autant être déplaisant, Longlegs doit beaucoup à son atmosphère hypnotisante ainsi qu’aux performances de ses têtes d’affiche : Maika Monroe (It Follows) et Nicolas Cage, tous deux excellents sous les traits de personnages complexes. De belles images, une ambiance qui rappelle les polars lugubres des années 90… Une bonne surprise qui confirme qu’Osgood Perkins est un réalisateur doué, dont on attend toutefois encore le coup d’éclat.
Nicolas Cage : le retour en force continue avec Longlegs
Nicolas Cage poursuit son retour en force dans des productions indépendantes, un virage amorcé avec des films comme Mandy (2018), Pig (2021) et Dream Scenario (2023). Après une période marquée par des choix discutables, et surtout un paquet de rôles dans des productions hyper fauchées destinées au marché de la vidéo, Nick semble avoir retrouvé son mojo en s'orientant vers des films plus audacieux et artistiquement plus gratifiants… tout en continuant, de temps à autre, à cachetonner dans de petites séries B. Cage, en vrai caméléon, passe d’un rôle à l’autre avec une facilité déconcertante, peu importe le budget du film dans lequel il joue. Longlegs vient confirmer que ses dons de métamorphe sont toujours là, et la bonne nouvelle, c’est qu’il s’agit cette fois-ci du haut du panier ! Un bon Cage dans un bon film : on ne demande pas mieux.
Osgood Perkins : un réalisateur à suivre
Osgood Perkins, le réalisateur, bien qu’encore peu connu, n’est pas non plus un bleu. Fils d’Anthony Perkins (oui, le Norman Bates de la saga Psychose), il a déjà fait ses preuves avec des films comme I Am The Pretty Thing That Lives in the House et Gretel & Hansel. Si ses longs-métrages précédents n’ont pas connu les honneurs de sorties en salles dans l’Hexagone et restent donc, somme toute, assez confidentiels, beaucoup vont découvrir sa patte sur grand écran avec Longlegs.
Une atmosphère digne des thrillers des années 90
Si on devait définir cette dernière, on dirait que Perkins a un don particulier pour créer des ambiances cauchemardesques déstabilisantes, et Longlegs ne fait pas exception. Ici, il travaille avec le directeur de la photographie Andres Arochi pour nous offrir des images aussi somptueuses que flippantes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Andres en a sous le capot, et nombreux sont les plans qui restent en tête bien après la fin du film.
Longlegs : un thriller comme on n’en fait plus
Le film nous plonge dans une atmosphère très 90´s qui fait immédiatement penser au Silence des Agneaux, à X-Files ou encore à Seven, nous rappelant les grandes heures des thrillers américains de cette période. On y suit Lee Harker, une nouvelle recrue du FBI, jouée par l’excellente Maika Monroe (déjà incroyable dans It Follows). Harker est une jeune flic prometteuse qui possède un don très particulier qui lui permet de résoudre les enquêtes complexes sur lesquelles buttent ses collègues.
Elle est rapidement mise sur la piste d’un tueur en série insaisissable, Longlegs, dont les meurtres sont signés par des énigmes ponctuées de références à l’occulte. Plus l’enquête avance, plus les choses se compliquent pour Harker, qui découvre qu’elle a peut-être un lien mystérieux avec le meurtrier…
Nicolas Cage et la star de It Follows crèvent l’écran dans Longlegs
Maika Monroe parvient à rendre son personnage à la fois vulnérable et déterminé, une combinaison qui donne une profondeur réelle à son rôle et rend Harker à la fois bizarre et attachante. De son côté, Cage est métamorphosé, incarnant un bad guy qui flanque la frousse, sorte de croque-mitaine bien trop réel pour n’être qu’un mauvais rêve. Clairement, on n’aimerait vraiment pas croiser son personnage ailleurs que sur un écran. Crado, flippant et aussi zinzin que Ted Levine en Buffalo Bill, ce Longlegs pourrait bien devenir l’un des protagonistes les plus cultes auxquels l’interprète de Castor Troy a prêté ses traits.
Un polar séduisant malgré ses longueurs
Les images sont splendides, on l’a dit, les comédiens crèvent l’écran et le film a une identité marquée et séduisante… Toutefois, Longlegs n’est pas exempt de défauts. Son rythme est souvent inégal, et nombreuses sont les scènes qui traînent en longueur, faisant régulièrement retomber la tension qu’on ressentait jusque-là. Le scénario, qui a le cul entre deux chaises, à mi-chemin entre surnaturel et thriller, se complexifie parfois inutilement, nous perdant en route à quelques occasions. C’est dommage, car on aurait vraiment aimé que l’ensemble soit plus fluide et un poil plus divertissant.
Un thriller à ne pas manquer
Mais c’est certain : Osgood Perkins continue de prouver qu'il est un réalisateur à suivre, nous offrant une nouvelle fois une œuvre audacieuse qui se pose à mille lieues des blockbusters formatés. Pas sûr que le tout-venant soit séduit, mais pour quiconque cherchant un thriller racé à se mettre sous la dent, son dernier-né est une belle petite pépite. Si vous êtes de ceux-là, Longlegs est un film à voir, ne serait-ce que pour la performance glaçante de Nicolas Cage et la beauté envoûtante de l’ensemble. Malgré ses quelques longueurs, c’est une expérience à vivre en salle. Aussi, si la curiosité et l’envie vous chatouillent, n’attendez pas pour plonger dans son esthétique unique, ses deux stars principales, et une enquête que Mulder, Scully et Clarice Starling n’auraient pas boudée.