Mandela : Un Long Chemin Vers La Liberté : une belle Histoire [Critique]
Le 06/12/2013 à 18:18Par Morgane Cadignan
Mandela : Un Long Chemin Vers La Liberté : Critique du film
Aucun homme ne naît en haïssant son prochain à cause de la couleur de sa peau. Voici l’un des grands crédos de Nelson Mandela, icône du siècle, guide d’un peuple, père de l’Afrique du Sud. Mandela révolutionnaire, Mandela prisonnier, Mandela président, si nous connaissons son combat, il y a pourtant, au cinéma, bien des manières de le raconter.
C’est donc un nouveau portrait du prix Nobel de la paix que Justin Chadwick réalise, une histoire déjà connue de tous qu’on prend toutefois plaisir à redécouvrir tant elle force l’admiration. La vraie question est de savoir : connaissons-nous vraiment tout de l’homme. Après Good Bye Bafana et Invictus, nous serions tentés de dire que oui. Le premier avec Denis Haysbert, se concentrait sur sa relation avec James Gregory, son geôlier durant 30 ans tandis que le second, avec Morgan Freeman retraçait les efforts de Mandela président pour unifier un pays à plaie ouverte grâce au Rugby.
Mandela : Un Long Chemin Vers La Liberté est-il le biopic de trop ? Oui et non. Si certaines grandes lignes de la vie du leader sont représentées de la même manière que dans les précedents films, on découvre ici l’homme derrière la légende. Alors qu’il est avocat à Johannesburg aux côtés de Walter Sisulu, son mentor et ami, voici un Mandela infidèle à sa première épouse, père absent et impatient. Idris Elba, remarquable en homme ordinaire l'est tout autant en président, réussissant à reproduire avec brio le regard bienveillant du père de la Nation.
Le deuxième point fort : le personnage de Naomie Harris, Winnie Mandela, deuxième femme de Nelson, amour de sa vie, figure active de l’African National Congress et bras droit de son époux dans la lutte contre l’Apartheid. Peu exploitée dans les autres films, on la découvre ici plus vraie que nature : aimante et courageuse, elle se radicalisera peu à peu jusqu’à se séparer de son mari, peu après la libération de ce dernier. Dans le film comme dans la vie, Winnie Mandela subira pendant les 30 ans d’emprisonnement de son époux, d'atroces sévices et développera une haine intarissable de la minorité blanche, jusqu’à imposer le supplice du pneu à ceux qu’on appelait, en 1985, les « traitres noirs ». Un destin remarquablement bien incarné par Naomie Harris dont la posture et l'accent africain s'avèrent tout simplement bluffants.
La mise en scène de Justin Chadwick retrace parfaitement le long chemin vers la radicalisation de cette femme que l’on surnomme "la mère de la nation", battante aux côtés obscurs. « Ce qu’ils ont fait à ma femme, est leur seule victoire sur moi », réplique de Mandela, est sûrement la plus juste du film.