Modern Love
Le 27/02/2008 à 08:24Par Michèle Bori
Un peu vain, pas vraiment drôle, le film brasse de l'air et nous ennuie plus qu'il ne nous divertit. Difficile de dire que Modern Love est un mauvais film… Sauf lorsqu'on a déjà vu une comédie romantique dans sa vie !
Longtemps encrée dans l’imaginaire collectif comme étant la chasse gardée des Américains, la comédie romantique commence sérieusement à s’imposer en France. Ma Vie en l’air, J’invente rien, On va s’aimer, Ma vie n’est pas une comédie romantique, Ce soir je dors chez toi… Autant de films qui sentaient bon la guimauve comme on l’aime mais qui n’arrivaient jamais à dépasser la simple bluette tentant vainement de toucher du bout des doigts leurs illustres modèles que sont les Quand Harry rencontre Sally, Love Actually, Coup de Foudre à Notthing Hill, voire les films de Georges Cukor pour les plus érudits. Arrive alors Modern Love. Là, on se dit "Chouette, il y a Modern dans le titre, on ne va donc pas assister à une énième resucée des films précédemment cités mais bel et bien à une tentative de renouvellement d’un genre qui en a bien besoin".
Las, à peine après 5 minutes de film, on aura compris que Modern Love n’est qu’un autre film sur des trentenaires cherchant désespérément l’amour, le vrai, dans un monde où le romantisme a perdu sa place. Pour l’originalité on repassera. De plus, à l’instar de Ma Vie n’est pas une comédie romantique, le film de Stéphane Kazandjian (réalisateur du très sympathique Sexy Boys, la première "teen comedy à la American Pie made in France" s’il vous plait) tombe dans la facilité du clin d’oeil aux classiques du genre, via une mise en abyme maladroite qui consiste à faire tourner ses personnages autours d’un film dans le film. Et quel est donc ce film? Modern Love bien sûr, enfin plutôt un faux film intitulé Modern Love (dans le vrai film Modern Love, vous suivez?) dans lequel Alexandra Lamy et Stéphane Rousseau nous rappellent à quel point c’est beau d’aimer en poussant la chansonnette au milieu du Parc Monceau.
Bien sûr en voyant Modern Love (le faux), tous les protagonistes de Modern Love (le vrai) se disent que c’est triste que la vie ne soit pas comme le cinéma, mais qu’en en fait si elle l’est un peu, mais en fait pas vraiment, c’est plutôt qu’on aimerait bien que ça soit un peu plus du cinéma que de la réalité parce que la réalité est ennuyeuse (vous suivez ?) "Les films sont plus harmonieux que la vie. Il n'y a pas d'embouteillages dans les films, pas de temps morts. Les films avancent comme des trains, tu comprends, comme des trains dans la nuit. ", disait François Truffaut à Jean-Pierre Léaud dans La Nuit Américaine. Des paroles en l'air pour Kazandjian semble-t-il, puisque Modern Love se retrouve inéxorablement coincé avec l'arrière train entre deux chaises, entre volonté de réalisme et velléités de romantisme.
Au milieu de tout ça, les acteurs font leur mieux pour donner vie à l’écran à des personnages prémâchés (le scénariste dépressif, la business girl qui cherche le prince charmant, la bonne copine entremetteuse…) et seuls Stéphane Rousseau et Mélanie Bernier parviennent à nous tirer deux/trois sourires par leur naturel, ou tout simplement parce que leurs rôles semblent un peu plus vivants que les autres. Bref, une fausse bonne idée et un scénario en manque d’inspiration qui plongent le film de Kazandjian dans un discours déjà-vu ailleurs, et de manière plus fine par-dessus le marché !