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Oblivion : la critique du film

Le 10/04/2013 à 15:43
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Notre avis
7 10

Si l'année 2013 s'annonce comme un festin SF avec les sorties de Iron Man 3, Pacific Rim ou Man of Steel, Oblivion en est une mise en bouche décente, malheureusement loin du chef-d'œuvre espéré. Visuellement somptueux, le film de Joseph Kosinski laisse pantois. L'éblouissement estompé, entre les écailles du vernis, on distingue une histoire et des personnages qui ont bien du mal à passionner.  Découvrez ci-dessous notre critique complète d'Oblivion.


Oblivion : la critique du film

En 2077, notre planète n'est plus qu'un champ de ruines, ravagée par soixante années d'une guerre que se sont livrés les Humains et la race extra-terrestre des Scavengers. Les premiers ont gagné la guerre mais perdu la planète, irradiée dans sa majeure partie. Les survivants vivent désormais sur Titan, le plus grand satellite de Saturne. Seule une poignée d'êtres humains arpentent encore la surface de la Terre. Ils sont chargés d'entretenir les drones qui exploitent les dernières ressources que la planète a encore à offrir, avant leur rapatriement final. Jack Harper (Tom Cruise) est l'un d'eux. A seulement deux semaines de sa « retraite », ses convictions vont être ébranlées lorsqu'il découvre une jeune femme, Julia (Olga Kurylenko), sur le site d'un mystérieux crash.


Oblivion

En réalisant Tron : L'héritage, la suite de Tron, film culte des années 80, Joseph Kosinski nous avait gentiment remis les idées en place avec un déluge visuel flashy, véritable ode au code couleur des 80's, nous rappelant au passage qu'un film pouvait tout à fait capitaliser sur un intérêt purement formel et n'exister que pour le plaisir des yeux (et des oreilles, grand merci à Daft Punk). Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que le metteur en scène reprenne plus ou moins la même recette dans la mise en œuvre de son second long, tout en visitant cette fois d'autres segments du cercle chromatique.

 

Ici, le monde virtuel est remplacé par une planète Terre bien réelle et dévastée par la guerre et les éléments, les Scavengers, se substituent aux programmes malveillants de CLU et les français de M83 remplacent ceux de Daft Punk. L'univers d'Oblivion mélange allègrement le primitif et le moderne, le tribal et le luxe. Partout, la nature reprend ses droits, engloutissant avec avidité les derniers vestiges de l'humanité, abandonnés précipitamment dans sa fuite vers l'avant. Kosinski capture la rudesse de cette nature et la beauté froide, sophistiquée des derniers bastions humains, alternant paysages arides à perte de vue, plans apocalyptiques de l'Empire State Building ou du Golden Gate Bridge et séquences intimistes façon « week end à la campagne » avec la même maestria que les néons fluos de son précédent film. Une réussite.

 
Oblivion

 

Sur la forme, Oblivion met donc la barre assez haut mais qu'en est-il finalement de l'aventure de Jack Harper proprement dite ? Réponse en un mot : désertique. Un sentiment de vide sidéral qui ne touche pas uniquement la planète sinistrée, théâtre des tribulations de notre technicien, mais qui contamine le film dans son intégralité. Désert naturel et relationnel, tel est le quotidien de Jack et le nôtre durant tout le temps passé en sa compagnie.


Le manque cruel de seconds rôles (que l'on puisse nommer s'entend) et surtout d'interactions entre eux n'y est sans doute pas étranger. Le plus gênant restant le peu de place qui leur est accordée à l'écran (et ce n'est pas Morgan Freeman, qui hérite en tout et pour tout de trois voire quatre apparitions, qui dira le contraire). Le film prend parfois des airs de jeu vidéo où les personnages ne s'animent que lorsque le héros est à proximité, à tel point et c'est un comble, que la Terre d'Oblivion paraît plus superficielle que l'univers cybernétique de Tron. Dans ces conditions, il est évidemment compliqué de créer l'empathie et de se soucier un tant soit peu de ce qui arrive à ce pauvre Jack. Le film n'étant dès lors qu'une suite de situations menant inexorablement à un final tenant de l'évidence.


Oblivion

Si Kosinski a visiblement intégré les codes de la science fiction, le problème est qu'il les enchaîne sans trop de génie, alignant les thèmes fétiches du genre que sont la dystopie, l'exploration spatiale ou le clonage sans jamais vraiment en tirer parti. Comme s'il s'était contenté de cocher les cases dans le manuel du bon petit réalisateur SF. Oblivion n'en est pas mauvais pour autant mais se révèle loin de l'ambition affichée. Un traitement d'autant plus décevant qu'il est appliqué à l'une des rares créations originales estampillées SF de l'année... 


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