OSS 117 - Alerte rouge en Afrique noire : l’épisode de trop ? Critique
Le 10/12/2021 à 15:34Par Pierre Champleboux
Où es-tu OSS 117 ?
C’est une déception. Voilà plus de dix ans qu’on attendait le retour de l’agent secret le plus drôle du cinéma français, et le fait est qu’on ne le reconnaît plus. Si Hubert / OSS 117 n’a jamais été un génie, sa bêtise et ses préjugés d’un autre temps nous le rendait sympathique lorsqu’ils étaient mis en image par l’œil avisé de Michel Hazanavicius. En 2021, le OSS 117 de Nicolas Bedos n’amuse plus : il navre.
Certes, le scénario nous le présente volontairement comme étant dépassé : les nouvelles recrues sont plus douées que lui, et on le met au placard. Mais tout est maladroit dans cette exposition du personnage.
D’abord, le film s’ouvre sur une séquence d’action qui nous montre tout le contraire : un Hubert vif, combattant et victorieux, érigé en héros. Et puis, passé le générique, OSS 117, à peine revenu de mission et auréolé d’un beau succès, se retrouve immédiatement mis au placard. Sans que ce soit expliqué, son patron le place au service informatique, où Hubert se change en geek parfait en seulement deux semaines… Avant qu’on ne le rappelle pour repartir en mission, parce que soudainement, ses talents supposés sont curieusement redevenus utiles. Mais comme si nous avions rêvé la séquence d’introduction, c’est un OSS 117 totalement inefficace et en bout de course que l’on retrouve lorsqu’il débarque au Kenya pour sauver OSS 1001 (Pierre Niney), nouvelle recrue dont les services secrets sont sans nouvelles.
Pourquoi nous avoir présenté un OSS 117 avec tant de panache dans le prologue pour ensuite le dezinguer sans transition ? D’autant que ce prologue surprend : dans les précédents films où Jean Dujardin incarnait l’agent secret, le personnage ne nous avait jamais été montré comme capable d’assurer à ce point.
Si Nicolas Bedos avait choisi de nous montrer un OSS 117 devenu efficace, on aurait pu le comprendre, et on aurait presque été partants pour une version “améliorée” du personnage, mais c’est pourtant l’effet iinverse que le réalisateur cherche à produire. À moins que…
Alerte malaise en Afrique Noire
Rien n’est jamais très clair dans les intentions du réalisateur quant à son personnage. L’apprécie-t-il ? C’est ce qu’on pense parfois, notamment lors d’une séquence ni très drôle ni très fine dans laquelle l’agent distribue des mains aux culs à toutes ses collègues avant de clamer avec un sourire en coin « me too ». On connaît l’aversion de Nicolas Bedos pour le politiquement correct, les réseaux sociaux et la bien-pensance, et lorsque OSS prononce ces mots, c’est le réalisateur qui parle.
Pourtant, par la suite, tout est fait pour nous rendre Hubert plus détestable que jamais. Racisme lourdingue, homophobie de bas étage, mysoginie de comptoir… OSS n’est plus naïf, il est devenu carrément insupportable. Il devient dès lors impossible d’éprouver de l’empathie pour un tel personnage et de se passionner pour ses aventures. Dommage.
Même Jean Dujardin ne semble plus savoir interpréter le personnage, et on a parfois l’impression d’entendre l’imitation de Nicolas Sarkozy qu’il a travaillé pour Présidents d’Anne Fontaine.
Tout fout le camp
Comme un fromage suisse, le scénario est parsemé de trous et chargé en raccourcis malheureux et autres facilités. Qui est le OSS 835 dont Hubert cherche à retrouver le nom ? Le passage d’OSS 117 au service informatique ne sert-il qu’à justifier le fait qu’il sache se servir plus tard dans le film d’un ordinateur ? Que devient la femme du président après le générique de fin ? Qui sont les doubles du chef d’état Kenyan ? D’où vient la fascination d’Hubert pour Casimir ? Pourquoi y’a-t-il un soldat cyborg ? Comment Hubert trouve-t-il le temps de réaliser une fresque murale alors qu’il est poursuivi ?
Alors qu’on trouve souvent le temps long pendant le film, on aurait aimé qu’il s’attarde moins sur certaines scènes qui traînent en longueur (la très prévisible attaque du crocodile notamment) et s’attarde un peu plus sur des détails qui l’auraient consolidé dans sa globalité. On aurait également aimé que les personnages féminins soient mieux écrits et plus vivants, à l’image notamment de ceux interprétés par Bérénice Bejo et Louise Monot dans les deux précédents opus.
Que le film fonctionne en salles ou pas, il semble difficile pour OSS 117 de revenir après cette escapade en Afrique. Désormais has been et vieillissant, Hubert aurait bien besoin d’un reboot.