Sommeil Blanc
Le 26/11/2009 à 08:41Par Michèle Bori
Baigné dans une atmosphère pesante mais hélas plombé par un manque de rythme dommageable, Sommeil blanc est un film soigné mais un peu trop languissant. Un premier essai à moitié réussi pour Jean-Paul Guyon, qui reste néanmoins un réalisateur à suivre.
Découvrez ci-dessous la critique de Sommeil Blanc
Pour son premier long-métrage, Jean-Paul Guyon n'a pas franchement opté pour la simplicité. Et c'est tout à son honneur. En faisant de Sommeil Blanc un thriller psychologique matiné de fantastique, il prend le risque d'aborder un genre casse-gueule dans lequel il aurait eu vite fait de sauter les deux pieds en avant dans quelques gimmicks éculés qui ne font plus frissonner grand monde. Recluse dans une maison perdue au fin fond d'une montagne enneigée, Camille (Hélène de Fougerolles), une artiste peintre dévastée depuis la mort de son fils, se coupe peu à peu du monde qui l'entoure. Même son mari (Laurent Lucas) ne parvient plus à la cerner. Pourtant, sa rencontre avec un jeune garçon au comportement étrange va la pousser à redonner un sens à son existence... ou la plonger définitivement dans la folie.
Sommeil Blanc est un film fait de contrastes, qu'il s'agisse de son image, de son sous-texte ou de l'impression générale qu'il nous laisse. Très soigné esthétiquement, le film de Jean-Paul Guyon nous abreuve de quelques jolies idées de direction artistique et d'une mise en scène élégante qui auront le mérite de nous accrocher dès les premières minutes. De plus, les partitions tout en simplicité des comédiens principaux que sont Hélène de Fougerolles et Laurent Lucas - deux acteurs qui semblent avoir des attaches particulières avec un certain cinéma de genre hexagonal - vont dans le sens d'un film qui cherche à toucher sans pour autant faire de l'esbroufe (visuelle et émotionnelle). Hélas, si le metteur en scène peut se targuer d'avoir su instaurer une ambiance pesante dans son métrage, on ne pourra que regretter qu'il le prive, en tirant un peu trop sur la corde du mystère facile et du rythme (très) piano, d'une réelle intensité dramatique. Passée une première demi-heure intrigante, on décrochera en effet dans un deuxième acte. Poussif dans sa langueur, ce dernier viendra hélas plomber un climax pourtant plein de promesses. Bardée de longueurs, cette "descente aux enfers" psychologique s'effectuera au final sur un rythme d'escalator et le peu de suspense du film s'articulera principalement autour du personnage de Romain (excellent Julien Frisson), cet ado au visage d'ange dont on se demandera longtemps s'il est réel ou s'il est le fruit de l'imagination de Camille. Bref, un thriller psychologique soigné et très bien pensé formellement, mais hélas un brin apathique.