The Gentlemen de Guy Ritchie : le digne héritier de Snatch ? - notre critique
Le 28/05/2020 à 10:20Par Pierre Champleboux
Back dans les bacs
The Gentlemen, c’est avant tout le grand retour de Guy Ritchie dans le milieu des gangsters londoniens qui ont du style, de l’idée, et surtout des embrouilles. Le réalisateur de Rock’n Rolla se contente-t-il pour autant de simplement recycler les recettes des comédies criminelles qui ont fait son succès il y a 20 ans ? Assurément pas !
Si la dizaine de films qui séparent Snatch de The Gentlemen ne nous ont pas forcément convaincus, ils ont néanmoins permis à Ritchie de muscler sa réalisation et d’aiguiser sa manière de raconter les histoires. Légèrement assagi, le réalisateur quinquagénaire nous raconte une affaire de gangsters tout aussi alambiquée qu’à l’accoutumée, en faisant désormais preuve d’une limpidité inédite et bienvenue qui donne à ce nouveau long métrage des allures de classique instantané.
Gangsters et Gentlemen
Comme à son habitude, Ritchie nous inflige dès sa première séquence un uppercut à la mâchoire : un flash-forward dans un pub où l’on découvre Mickey Pearson (Matthew McConaughey, plus classe que jamais) se faisant sommairement exécuter. Par qui ? Pourquoi ?
Fletcher (Hugh Grant, plus dégueu que jamais dans un rôle à contre emploi), un journaliste cheulou et véreux, nous en apprendra davantage en essayant de faire chanter Raymond (Charlie Hunnam), l’homme à tout faire de Pearson, en lui racontant sa version de l’histoire, dont il espère tirer un film. De cet exposé découle un récit palpitant, énervé et drôle, qu’on découvrira sous plusieurs jours, grâce aux différents points de vue de ses protagonistes.
Vous l’aurez compris : The Gentlemen est fait du même bois qu’Arnaques, Crimes et Botanique et Snatch. Voix off, arrêts sur image, flashbacks, flashforwards, punchlines à la pelle, trahisons, narration à la fois claire et labyrinthique, et une flopée de personnages de gangsters façon Pulp Fiction : tout y est !
Les jaloux vont maigrir
Si l’histoire est contemporaine (les smartphones et les réseaux sociaux font partie intégrante de l’intrigue), The Gentlemen affiche un côté “back to the 90’s” clairement assumé. Rap old school, mecs “à l’ancienne”, gimmicks rétro… Depuis 20 piges, beaucoup ont essayé en vain d’imiter le style de Ritchie, mais le taulier est de retour dans le game, et il entend bien nous montrer que quand il veut : il peut ! Le retour du roi a bien eu lieu.
Style de malade, casting 5 étoiles, réalisation irréprochable, humour qui fait mouche : on tient bel et bien là la suite spirituelle de Snatch et c’est un énorme panard. Un succès qui augure le meilleur quant au futur remake du Convoyeur par Guy Ritchie avec Jason Statham.
À une époque où beaucoup échouent à ressusciter des franchises vieillissantes, où les tentatives de flatter la nostalgie des spectateurs avec de pâles resucées de hits passés se plantent systématiquement, Richie parvient à reproduire la magie de Snatch en toute décontraction et nous offre un film peut-être encore plus maîtrisé que son prédécesseur.
The Gentlemen, (sortie au cinéma le 5 février 2020), disponible en VOD.