The Grudge 2020 : le pire épisode de la saga ? - Notre critique
Le 19/05/2020 à 20:20Par Pierre Champleboux
Notre avis
En 2004, la version américaine de The Grudge réalisée par Takashi Shimizu avec Sarah Michelle Gellar avait fait son petit effet. Inégal et un cran en dessous du The Ring de Gore Verbinski (autre remake d’un film d’horreur japonais à succès), le film avait à l’époque généré deux suites.
Après un second volet moyen, qui avait au moins le mérite de ne pas être un simple remake de Ju-On 2, The Grudge 3 est sorti directement en DVD.
Alors comment ressusciter la saga dix ans après ? En ressuscitant Kayako ? En produisant par exemple un remake de Sadako VS Kayako, le crossover japonais où s’affrontent les fantômes revanchards de The Grudge et The Ring ?
La méthode utilisée ici est bien moins fun et rappelle la fameuse recette employée pendant près d’une décennie par les ayants-droits des franchises Amityville ou Hellraiser, qui produisaient à la chaîne et sans vergogne des suites inutiles et hors-sujet.
Se déroulant en parallèle du premier épisode, The Grudge 2020 reprend le principe de base de son scénario : il existe une maison où un drame s’est produit, et quiconque y pénètre se retrouve poursuivi par ses fantômes jusqu’à la mort. Et c’est à peu près le seul rapport que le long métrage de Nicolas Pesce produit par Sam Raimi entretient avec le film de 2004.
On nous raconte alors 3 histoires tragiques, toutes ayant pour point commun la même maison de Pennsylvanie : une enquête policière, une affaire paranormale, et un drame familial.
Quel est le rapport avec la malédiction de Kayako, vous demandez-vous ? Le voilà : l’une des personnes ayant séjourné dans la fameuse maison l’a croisée au début du film, au Japon, sans même la voir. Et c’est à peu près tout. Une intro uniquement présente pour justifier le titre du film.
Au delà de son lien douteux avec la franchise originale, le principal problème de ce reboot est qu’il échoue à nous captiver.
En découvrant les vies de ses protagonistes, tous profondément malheureux et tristes avant même d’être confrontés au surnaturel, on espère que ce Grudge d’un genre nouveau va exploiter à bon escient ses personnages, établir un lien entre leur détresse et celle des revenants...
Mais là encore, le film se plante. On s’y perd, on ne parvient pas à s’attacher aux personnages trop nombreux et trop peu développés, et lorsque surviennent les revenants, on ne ressent rien, on ne s’inquiète même pas pour ces personnages transparents.
Les héritiers de Kayako sont nettement plus crades qu’elle ne l’a jamais été, mais surtout bien moins flippants. Ils suintent, ont des plaies ouvertes, bavent comme des gorets, saignent du nez, mais aucun d’entre eux ne reste en mémoire une fois sorti de la salle de cinéma.
Et lorsqu’ils reproduisent le murmure guttural iconique du spectre d'origine, on se demande bien pourquoi. Kayako produisait ce son parce que sa gorge avait été broyée par son mari. Pourquoi alors l’attribuer désormais à tous ces nouveaux fantômes morts dans des circonstances très différentes ? Certainement pour justifier le titre du film, encore une fois.
Qu’y a-t-il donc à sauver dans The Grudge cuvée 2020 ? D’abord, son ambiance poisseuse et glauque, qui lorgne sur l‘esthétique de films comme Seven et instaure un climat étouffant.
Et puis son casting, avec en tête l’excellente Andrea Riseborough (vue dans Mandy et Birdman) et le très badass (mais ici totalement sous exploité) Demián Bichir, malheureusement perdus dans un reboot hors sujet, anecdotique et ennuyeux, qui ne renouvelle rien et ne parvient même pas à nous arracher un sursaut. Dommage !
The Grudge est disponible en DVD, Blu-Ray et VOD depuis le 20 mai 2020.