Nous avons enfin terminé de regarder les treize titres de la collection Serial Polar sortis il y a quelques jours chez Bach Films. Pour des raisons pratiques, nous avons décidé de regrouper en un seul dossier les critiques techniques et artistiques plutôt que de publier pour chacun des films un test. Après quelques mots sur la qualité intrinsèque de chacun des titres, nous avons ajoutés trois notes: la première (film) représente la note artistique, tandis que les deux dernières (vidéo et audio) représentent la qualité technique du DVD délivré par Bach Film.

 

L'éditeur a jusqu'à aujourd'hui essuyé un certain nombre de reproches concernant la qualité technique des DVD qu'il éditait. Il semblerait cependant que Bach Films ait entendu ces critiques, et cherche dorénavant à apporter à ces films un plus sous la forme de bonus, et ce toujours pour le même prix. (7-10 euros). On ne peut que se réjouir de cette initiative. 

 

 

Tous les titres de cette collection sont donc accompagnés d'une présentation par Stéphane Bourgoin, et de portraits et d'analyses très informatifs de la part d'invités tels que J-P Bouyxou, Jean-Hugues Oppel ou François Guérif.

Souvent très informatifs, on apprécie le travail éditorial entrepris par Bach Films.

 

 

Barbe Bleu

Après le succès du Chat Noir avec les mythiques Bela Lugosi et Boris Karloff, Edgar G. Ulmer ne voulait plus qu'une seule chose: tourner une adaptation de Barbe Bleu avec Karloff dans le rôle titre. Ce ne sera que 10 ans plus tard que le réalisateur pu s'atteler au projet, malheureusement sans Karloff. C'est en six jours que le film fut réalisé pour la PRC la plus fauchées des boîtes de productions hollywoodiennes. Doté de magnifiques décors conçus par Ulmer lui-même (qui était dans son passé set-designer), d'une telle belle photographie que l'on doit officieusement à Eugen Schufftan, d'une ambiance évoquant l'expresionnisme allemand, sans oublier un séquence de marionnettes au début du film (osé pour une telle petite production), Barbe Bleu se doit d'être impérativement découvert.

 

FILM 13/20

VIDEO 13/20
AUDIO 11/20

 

 

 

Impact

Réalisé par Arthur Lubin à qui l'on doit entre autre une flamboyante adaptation en couleur du Fantôme de l'Opéra et d'une série de film mettant un scène Francis un âne qui parle (sic), Impact est un efficace film noir avec un Brian Quatermass Donlevy qui tente après une tentative de meurtre de la part de l'amant de sa femme de refaire sa vie. Etonnament c'est moins dans les séquences appartenant typiquement au film noir que l'intérêt du film se trouve, mais plutôt dans l'interprétation des différents acteurs.

 

FILM 12/20

VIDEO 13/20
AUDIO 12/20

 

 

 

 

Jack l'Eventreur

Troisième adaptation du roman The Lodger de Marie Belloc Lowndes (après celle de Hitchcock et celle de Brahm), Jack l'Eventreur met en scène Jack Palance dans le rôle du tueur en série britanique. Bénéficiant d'un travail soigné sur les décors et la photographie, le film ne décole jamais vraiment, et nous restons sur notre fin tant la figure inquiétante de Jack the Ripper est si peu exploitée...

 

FILM 9/20

VIDEO 12/20
AUDIO 11/20

 

 

 

L'Engrenage Fatal

Réalisé avec un buget minuscule par un Anthony Mann débutant, L’Engrenage Fatal est la petite pépite de la collection. Efficace et haletant, Mann met en scène un polar sec et brutal doté d'une photo d'une noirceure saisissante au croisement de l'expressionnisme et d'un réalisme cruel. Ce qui intéresse Mann ici c'est réellement le gangster sans concession campé par John Ireland. Il en oublie presque son histoire de faux coupable, tellement fasciné par ce psychopathe. Mann disait qu'un bon film était un film qui pouvait être regardé sans son, toute information devant être transmise avant tout par l'image. On rajoutera à la vision de L’Engrenage Fatal qu'un bon film s'est d'abord une mise en scène inventive, et qu'un la présence d'un bon scénario est juste la cerise sur le gâteau.

 

FILM 14/20

VIDEO 10/20
AUDIO 10/20

 

 

 

 

La Brigade des Stupéfiant

La Brigade des Stupéfiant est une éloge des forces de l'ordre que l'on doit à László Benedek, le réalisateur derrière L'Equipée Sauvage avec Marlando Brando et son Black Rebel Motor Cycle Club. En présentant les dernières techniques scientifiques de l'époque utilisées par la police pour retrouver les narco-trafficants, La Brigade des Stupéfiant s'éloigne des codes du film noir. De même, tout comme l'a fait Jules Dassin l'année d'avant avec La Citée sans voile/Naked City, le film se passe quasi intégralement en extérieur devant le port de New York (d'où son titre original The Port of New York). Rien que parce que c'est le seul et unique film où l'on retrouve un Yul Brynner chevelu, la vision de La Brigade des Stupéfiant est conseillée.

 

FILM 11/20

VIDEO 11/20
AUDIO 9/20

 

 

 

L'Incroyable Monsieur X

Au croisement du cinéma fantastique, du film noir et de la romance, L'incroyable Monsieur X est une oeuvre tristement oubliée aujourd'hui malgré un duo d'acteurs et incroyable ambiance accuentuée par une belle photographie que l'on doit John Alton. Le film ne vaut certainement pas pour son scénario qui se veut plus malin que le spectateur mais par l'ambiance distillée par le réalisateur Bernard Vorhaus. 

 

FILM 12/20

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AUDIO 11/20

 

 

La Volonté du Mort

Réalisateur d'origine allemande, Paul Leni quitte l'Allemagne où il s'est fait connaître avec des films comme Le Cabinet des figures de cire pour les Etats-Unis où il malheureusement il mourra en 1929 d'empoisonnement. La Volonté du Mort, son premier film américain est l'adaptation de la pièce à succès du même nom écrite par John Willard, que Leni saura rendre cinématographiquement intéressant grâce aux techniques héritées de l'expresionnisme. Mélangeant allégrement éléments fantastiques et humoristiques, Paul Leni fait de La Volonté du Mort un petit chef d'oeuvre du fantastique muet, à découvrir absolument.

FILM 13/20

VIDEO 12/20
AUDIO 12/20

 

 

 

 

Traquenard 

Touche à tout comme Hollywood en a vu rarement, Richard Fleischer réalise Traquenard en 1949 dans un style très proche du style semi-documentaire de Naked City tourné l'année d'avant par Jules Dassin. Moins brillant que Armored Car Robbery que Fleischer réalisera l'année suivante, Traquenard vaut surtout pour voir Lloyd Bridges en bad guy de service.

FILM 11/20

VIDEO 8/20
AUDIO 8/20

 

 

 

 

Le Voyage de la Peur

Seul et unique film noir à avoir été réalisé par une femme, Le Voyage de la Peur est une vraie petite surprise. Ida Lupino, qui avant d'entammer une carrière derrière la caméra s'était fait connaître en tant qu'actrice (Les Amants de la Nuit/They Drive by Night, La Grande Evasion/High Sierra, Artistes et Modèles/Artists & Models tous de Raoul Walsh), nous livre ici un film d'une rare tension, en opposant deux amis à un dangereux psychopathe qu'ils ont pris en stop. Là où on aurait pensé qu'une femme aurait apporté une sensibilité feminine à un genre profondément masculin, Ida Lupino accepte les codes inhérents au genre et les pousse à leurs limites. Ainsi, la réalisatrice à quelques rares exceptions près reste constamment aux côtés du psychopathe, comme fascinée par cet homme. Elle peaufine les plans dans lequel il apparaît, ne laissant que rarement s'échapper de l'obscurité son visage marqué. D'une simplicité remarquable tout en possédant une singulière noirceur de ton, Ida Lupino fait de ce Voyage de la Peur une réussite indéniable du film noir.

 

FILM 14/20

VIDEO 8/20
AUDIO 8/20

 

 

 

 

Le Démon de la chair

Produit chez United Artist, Le Démon de la chair est un mélodrame subtilement mis en scène par Ulmer et porté par l'actrice Hedy Lammar. Sulfureux, Le Démon de la chair est tout du long chargée d'une tension sexuelle, et de personnages loin d'être des modèles de vertu. Certes pas un chef d'oeuvre, mais définitivement un film à reconsidérer dans la filmographie d'Edgard G. Ulmer.

 

FILM 11/20

VIDEO 9/20
AUDIO 7/20

 

 

 

 

Sables Mouvants

Mis en scène par l'un des co-réalisateurs des Chasses du Comte Zaroff (il s'occupait des scènes de dialogues), Sables Mouvants est la rencontre à l'écran du jeune Mickey Rooney avec l'inquiétant Peter Lorre, et la soeur du mythique James Cagney, Jeanne Cagney. Tentant de s'échapper de cette étiquette de "gendre idéal" que lui a valu son personnage Andy Hardy dans une série longue d'une vingtaine d'épisode, Mickey Rooney s'orienta vers du côté d'un cinéma plus noir, tel que le polar. Malheureusement, dans Sables Mouvants il joue à nouveau le jeune homme propre sur lui qui n'a juste pas de chance, entrainé qu'il est dans une spirale qui le dépasse. Le film ne se concentre que très peu sur des éléments de pur polar, le genre étant plus une caution qu'autre chose. D'ailleurs, à la fin, tout rentrera dans l'ordre, la morale sera sauve... On se souviendra un film surtout pour la prestation de Peter Lorre, comme d'habitude impécable.

FILM 10/20

VIDEO 12/20
AUDIO 11/20

 

 

 

 

Le Mystère de la Chambre Close

Réalisé par le grand Michael Curtiz, Le Mystère de la Chambre Close est le deuxième épisode de la longue série de whodunnit mettant en scène le perspicace détective privé Philo Vance (héros de 16 films !). Comme tout whodunnit, Le Mystère de la Chambre Close est classique dans sa forme : présentation de la future victime qui se fait au début du film tout un tas d'ennemis, pour être ensuite mystérieusement assassiné ; puis découverte du corps par Philo Vance qui finalement révelera l'identité du meurtrier et la façon avec laquelle il a opéré, celle-ci étant très souvent horriblement compliquée. Qu'importe la forme, ce qui importe ici sont les dialogues et le jeu des acteurs. Agréable de bout en bout, Le Mystère de la Chambre Close est un vrai petit plaisir.

FILM 12/20
VIDEO 9/20
AUDIO 11/20

 

 

 

 

L'île dans la brume

Le thème de la maison hantée transposé sur une île, voilà ce que nous propose L'île dans la brume de Terry O. Morse coupable de la version américaine de Godzilla, King of the Monsters! (1956). Ecrit par Pierre Gendron, à qui l'on doit aussi le scénario du Barbe Bleu de Ulmer, d'après une pièce intitulé Angel Island de Bernadine Angus, L'île dans la brume est malheureusement loin de ce que l'on pourrait attendre d'une adaptation d'une pièce de théâtre. Les acteurs sonnent faux et les dialogues pas vraiment inoubliables. Dommage.

 

FILM 9/20

VIDEO 11/20
AUDIO 9/20