Interview : Bow Ditama
Le 06/02/2009 à 09:08Par Frédéric Frot
A l'occasion de la convention Chibi Japan Expo, nous avons eu l'honneur de rencontrer en novembre dernier M. Bow Ditama, le créateur de MaHoromatic, édité en France chez Ki-oon. Il était accompagné de son responsable éditorial M. Tôru Okazaki.
Bow Ditama a débuté sa carrière en 1994 en dessinant la série hentai Suki dakedo sukidakara. Cinq ans plus tard, il crée avec Bunjûrô Nakayama le manga Mahoromatic, qui est adapté en 2001 par le studio d'animation japonais Gainax (Evangelion, GunBuster...) pour le plus grand plaisir de ses nombreux fans. Cette série télévisée est réalisée par Hiroyuki Yamaga qui a également collaboré à FLCL en tant que producteur exécutif, tandis que Kazuhiro Takamura (He is my Master) en est le talentueux character designer. Diffusée en 2001, MaHoRomatic : Automatic Maiden explore de manière fort peu conventionnelle le mythe de la soubrette si cher aux Otakus. Devant le succès inattendu de la première série, une seconde saison et un épisode spécial sont réalisés par la suite. Ainsi Bow Ditama, qui rêvait de travailler dans l'animation depuis de longues années, participe enfin à la création d'une série et ne s'est pas arrêté là depuis. Tandis que le manga, qui se compose de huit tomes, est édité en France dès 2001, le mangaka dessine actuellement les deux séries Kiss X sis (qui a déjà donné lieu à un OAV) et Fight ippatsu ! Juden-chan !!, séries éditées respectivement dans les magazines japonais Young Magazine et Comic Gum.
Nous sommes ravis de vous rencontrer, Monsieur Bow Ditama. Est-ce la première fois que vous venez en France ?
Oui, c'est effectivement la première fois.
Comment êtes-vous devenu mangaka ? Avez-vous commencé votre carrière par les Doujin (ndlr : Les Dôjinshi ou Doujinshi sont des mangas amateurs souvent inspirés par des œuvres connues et plutôt destinés à un public adulte) ?
Oui j'ai dessiné des Doujin pendant quatre ans dans les années 90. Mes véritables débuts professionnels datent de la fin 1996.
Comment écrivez-vous vos scénarios et quelles sont vos sources d'inspirations ? Le cinéma peut-il vous influencer ?
Il arrive que des idées me viennent en regardant un film mais je les oublie tout de suite après. Elles peuvent me revenir par la suite comme un goût qui "remonte". En général, je démarre sur une idée, un thème général que je complète ensuite, et le résultat final s'avère toujours bien plus long que prévu (rires) !
Vous avez débuté par Suki dakedo sukidakara, Kibun Kibun, une série hentai destinée à un public adulte, puis vous vous êtes tourné vers des séries ecchi plus softs telles que Mahoromatic ou Fight ippatsu ! Juden-chan !! et Kiss X sis. Vouliez-vous toucher un plus grand nombre de lecteurs ?
J'aime les mangas shôjo et je me suis demandé ce que donnerait ce genre poussé jusqu'à l'érotisme. Pour tout dire, j'ai commencé par dessiner un manga dans le style shôjo mais je me suis un peu ennuyé et j'ai donc voulu faire autre chose.
Les poussins que l'on aperçoit par intermittence dans MaHoRomatic ont-ils une signification particulière ? Est-ce votre idée ou celle du scénariste, Monsieur Nakayama ?
C'est un peu notre idée à tous les deux : Monsieur Nakayama en a eu l'idée en premier et j'ai amplifié la chose. Pour répondre à votre question, nous ne comprenons pas non plus leur signification (rires).
Que ressentez-vous lorsque vous voyez vos œuvres s'animer ?
Je suis à la fois très content et un peu déçu, car j'estime qu'il y a d'autres œuvres beaucoup plus intéressantes que les miennes qui devaient être animées.
Vous avez participé à la série He is my master mais aussi TV Special de MaHoRomatic en tant qu'animateur clé. Quelles sont les principales différences de rythme et de méthode de travail entre l'animation et le manga ?
Plus qu'une différence de rythme, c'est plutôt une différence de nature même du travail. Sur un manga, on travaille davantage sur la globalité de l'œuvre, alors qu'avec l'animation, on se concentre généralement sur une séquence bien précise. Or le fait d'aller dans le détail exige beaucoup plus de rigueur.
En tant que mangaka, travaillez-vous avec plusieurs assistants, ou vous chargez-vous seul du character design, des décors et des trames ?
Je suis aidé d'un seul assistant qui s'occupe des décors et des fonds.
Le troisième volume de votre dernière série en date, Kiss x sis, sortira au Japon accompagné d'une OAV. Quelle a été votre implication sur ce projet ?
En vérité, j'ai surtout laissé faire le réalisateur. Et je suis satisfait du résultat.
Quel matériel utilisez-vous ? Préférez-vous les méthodes traditionnelles ou modernes en tant que dessinateur ?
Depuis deux ans, je suis entièrement passé à l'ordinateur. Mais même si je me suis habitué à cet outil, je dois dire qu'il y a encore aujourd'hui des points qui restent obscurs à mes yeux (rires).
Y a-t-il des objets ou des parties du corps des personnages que vous aimez moins dessiner ?
Plus que l'anatomie qui ne me pose pas vraiment de problème, c'est tout ce qui est plissage et froissage des vêtements qui peut éventuellement me causer du souci. Or en ce moment, justement, il y a beaucoup de vêtements sur mes personnages et c'est difficile à dessiner (rires).
Que pensez-vous de la convention Chibi Japan Expo ?
Je suis très étonné qu'il y ait autant de mangas qui soient publiés en France. Qu'il y ait un évènement de ce genre dans votre pays et que des oeuvres japonaises attirent autant de monde alors que nous ne sommes même pas au Japon me surprend encore plus. Je remercie tous les fans européens qui sont venus à Chibi Japan Expo.
Pouvez-vous nous parler de vos projets ?
Il y a tout d'abord Fight Ippatsu Jûden-chan !! dans Comic Gum, dont le 5ème tome va sortir, sachant qu'un animé va être adapté de Jûden. La date de diffusion est prévue pour l'été 2009 et cette adaptation sera réalisée par le studio Hibari (ndlr : studio ayant réalisé xxxHOLiC, Moonlight Mile...). En exclusivité (ndlr : à l'heure de l'interview, le projet n'a pas encore été annoncé au Japon), je peux juste vous montrer les visuels de la série mais vous ne pouvez pas les photographier. Voici Purabu, l'héroïne et sa rivale Aresta, l'un des éléments cocasses de la série, qui possède le plug pour recharger les gens (ndlr : M. Ditama nous montre plusieurs model sheets). Kiss x sis va aussi se poursuivre avec le volume 3 qui va sortir bientôt.
Voulez-vous ajouter un dernier mot ?
Je ne pensais pas avoir de fans hors du Japon, j'étais à mille lieues d'imaginer cela et je remercie énormément les fans d'apporter autant d'attention à mon oeuvre. Merci beaucoup.
Propos recueillis par Valérie et Frédéric Frot.
Nous remercions le traducteur Frédéric Bochew ainsi que Samantha Bourgis qui nous ont permis de réaliser cette interview.
Sites officiels de Kiss X sis et de Mahoromatic :
http://kc.kodansha.co.jp/kiss_sis/
http://www.gainax.co.jp/anime/mahoro/index.html