Si j'étais toi : Interview Vincent Perez
Le 11/04/2008 à 08:24Par Kevin Prin
Comment êtes vous arrivé sur ce projet ? Et qu'est-ce qui vous a plu dedans ?
Luc Besson a vu le film original japonais Himitsu et a adoré. Il a alors embauché la scénariste Ann Cherkis en vue de réaliser un remake en langue anglaise. Au même moment je cherchais un second projet de film et il m'en a parlé. L'histoire m'a tout de suite touché : j'ai toujours été sensible aux problèmes de communication, notamment dans une famille. J'ai des enfants et je vis ça actuellement ! Il y a toute une thématique de la confrontation qui englobe tout le film. Ne pas vouloir affronter quelqu'un sur des petits sujets apparemment anodins finit par nous empêcher de nous construire...
Comment avez-vous choisi l'acteur David Duchovny ?
Pour être honnête, ça n'aurait jamais été mon premier choix car je ne suis pas très fan de X-Files... Mais il avait lu le scénario, l'avait adoré et voulait me rencontrer. Et finalement la première fois que nous nous sommes vus, le courant est tout de suite passé ! Je me souviens même avoir d'abord remarqué en le voyant qu'il était plus grand que je l'imaginais (rires). Il était vraiment passionné par le sujet, nous en avons beaucoup discuté et ça m'a semblé évident que j'avais devant moi l'acteur parfait pour ce rôle.
Son rôle est prémonitoire de la série Californication, qu'il a tourné après...
Il paraît oui, mais je n'ai toujours pas vu cette série dont pourtant tout le monde me parle !
David Duchovny est un acteur qui a déjà réalisé des films... Comme vous. Ca a joué sur votre collaboration ?
J'avais surtout très peur qu'en tant qu'acteur principal d'une série ultra populaire, il soit très difficile à diriger. Vous savez, lorsque vous endossez un seul et même rôle plusieurs années, vous finissez par vous diriger vous-mêmes. Alors au bout de 10 ans, vous avez un peu de mal à écouter les réalisateurs. Finalement, ça c'est très bien passé : il s'est laissé diriger, m'a écouté, nous avons beaucoup travaillé ensemble. Nous répétions les scènes parfois quelques jours à l'avance, surtout les plus compliquées. Celle où par exemple David est au lit avec Sam et qu'elle lui demande de répéter cette fameuse phrase qu'il disait à sa femme... Je me suis retrouvé allongé avec David par terre dans sa caravane, nous étions presque enlacés... Je me souviendrais toujours de la tête de mon assistant qui est rentré à ce moment là et nous a vu dans cette position ! (rires)
Sinon, il ne faisait aucun commentaire sur ma façon de diriger la mise en scène. Vous savez, lorsque vous êtes acteur/réalisateur, c'est bien de faire juste l'acteur chez les autres. C'est presque des vacances...
En exagérant un peu, on pourrait dire en voyant votre film que c'est la drogue qui ouvre les yeux de l'héroïne...
C'est vraiment exagéré mais c'est effectivement au moment où elle prend de la drogue que sa perception bascule. Mais ce n'est pas la drogue en elle même qui lui ouvre les yeux, c'est plus le choc frontal d'en prendre qui la réveille soudainement ! Elle se demande ce qu'elle fait là, pourquoi elle en arrive là... L'histoire subit un tournant décisif à ce moment là. La drogue n'en est que la cause indirecte.
Quel est votre prochain projet en tant que réalisateur ?
Ca s'appelle Seul dans Berlin. C'est l'adaptation d'un roman du même nom écrit par Hans Fallada, dont Primo Levi a dit qu'il s'agissait du "plus beau livre sur la Résistance allemande". L'histoire est donc celle de résistants allemands pendant la Seconde Guerre Mondiale. Comment se comporte-t-on lorsqu'on réalise que le pouvoir de son propre pays est dictatorial ? J'écris actuellement l'adaptation en scénario avec l'aide de Jorge Semprun. J'espère tourner l'été prochain...