David Chase ressuscite Tony Soprano pour Many Saints Of Newark - interview

Pourquoi un film et pas une série HBO pour ce préquel ?
David Chase : Parce que faire de la télé ne m’intéresse plus.
 
Vous allez le sentiment d’être au bout de ce que vous pouvez offrir à la série ? Ce format ne vous inspire plus ?
Il pourrait m’inspirer mais je vieillis. Et je veux faire un film ou deux avant de m’arrêter. Et je ne veux plus vraiment faire de télé (Depuis cet interview, on a appris que David Chase était en pourparlers avec HBO Max pour une suite de Many Saints Of Newark en série -ndr).

(David Chase sur le tournage de Many Saints)

Pourquoi tourner Many Saints aujourd'hui ? Vous aviez le sentiment que l’histoire des Soprano méritait de s’étendre un peu plus et que vous n’en aviez pas fini avec eux ?
Non pas du tout. Cela ne s’est pas passé comme ça. New Line Cinema est venu me voir et m’a à plusieurs reprises suggérer un film Soprano. Au bout d’un moment, suite à certaines circonstances de ma vie privée et de ma vie professionnelle, il m’a semblé que c’était le bon moment. Tout s’imbriquait correctement pour que ce film voit le jour.
 
Si The Many Saints est un succès, d’autres films Soprano seraient possible ?
Ce n’est pas ma décision. Mais si Warner Brothers ou New Line veulent en faire un autre, on verra.

Qu’est ce qui a été le plus difficile sur Many Saints ? Dénicher les bons acteurs pour les rôles ?
Le casting d’acteurs est toujours difficile. Mais si vous le faites avec réussite, c’est plus de la moitié de la bataille que vous avez gagné. Du moins quand cela concerne un film à propos de vraies personnes. Si c’est un film de super-héros ou de robots, on se fout de savoir qui joue.

Pourquoi ne pas avoir vous-même réalisé le film ?
J’ai uniquement réalisé le pilot et le dernier épisode de la série. Parmi tous les réalisateurs qui ont travaillé sur les Soprano, Alan Taylor est sans conteste l’un des meilleurs. Et pourtant, je ne suis pas facile à satisfaire. Mais de nos collaborations sont nées quelques uns des meilleurs épisodes des Soprano.

Quel est votre premier souvenir de Michael Gandolfini en jeune adulte ? Vous avez tout de suite pensé à lui pour reprendre le rôle de Tony Soprano ?
Non pas du tout. J’ai perdu sa trace après les funérailles de son père. Il avait alors 13 ans. On me parlait de lui par-ci par-là mais je ne l’ai jamais revu.  Puis il est passé à l’Est de New York et ma femme et moi avons déjeuné avec lui. J’ai découvert Michael adulte mais cela ne m’est jamais venu l’esprit qu’il pourrait être Tony. Il n’a pas montré l’envie. Mais quand on a  commencé à caster, plusieurs personnes se sont demandées "Et pourquoi pas Michael Gandolfini ?". On ne trouvait pas l’acteur que l’on cherchait et ce choix s’est imposé.

A quel moment dans la réalisation des Soprano avez-vous su comment la série allait se terminer ? Conclure une série est toujours extrêmement compliqué et casse-gueule.
Vous pouvez tuer une excellente série avec une fin médiocre. L’idée du final ne m’est pas venue pendant la première saison mais je dirais deux, trois ans avant de tourner le dernier épisode. HBO m’a un jour dit que cela serait bien que j’ai la fin en tête et que je sache vers où j’allais et encore combien d’années j’avais envie de le faire.

Cette séquence finale a-t-elle évolué entre le moment où vous l’avez imaginé et où elle a été tournée ?
Oui bien sûr. Au départ, j’imaginais Tony revenant d’un meeting à New York. Le générique le montre toujours en train de rouler de New York vers le New Jersey.  J’imaginais que la dernière scène pourrait le montrer faire cette route avant d’être tué.

L’idée du restaurant est donc venue après ?
Oui, un jour je roulais près de l’aéroport et j’ai vu ce petit boui-boui qui servait les déjeuners. Il m’a paru logique qu’il s’y arrête pour un snack.

Pendant longtemps les fans ont refusé de croire que Tony était mort.
Je n’ai jamais compris pourquoi. Cela me semblait assez explicite. Pendant 7 ans, le public a aimé ce type même s’il était un criminel. Quel besoin de voir sa tête dans une assiette de linguinis ? C’est criminel.

Vous regardez des séries ?
Non vraiment pas. J’ai regardé Le Jeu de la Dame et quelques autres. Il y a des séries que j’ai envie de voir. Mais j’ai récemment été abonné à Criterion Channel, un service de steaming génial avec des vieux films, des films inconnus, des conversations avec les réalisateurs, des commentaires sur les films. Je ne peux pas exprimer à quel point je suis heureux d’avoir ce service. Je ne peux pas m’en passer.

Many Saints Of Newark - Une histoire des Soprano, actuellement au cinéma