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Gemini Man : "Peu d'acteurs auraient pu faire ce que Will Smith a fait" Ang Lee interview

Le 02/10/2019 à 14:26
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Ce n'est pas tous les jours que l'on a l'occasion de discuter avec un réalisateur récompensé par trois Oscars (dont deux du meilleur réalisateur), deux Lions D'or à Venise et deux Ours d'or à Berlin.

Ang Lee était à Paris pour évoquer Gemini Man, son blockbuster d'action, mettant en scène Will Smith contre un jeune Will Smith, filmé en 3D 4DK 120 Fps. Le défi d'Ang Lee a été de proposer une 3D comme vous n'en avez jamais vu. 

Gemini Man

Et du point de vue de l'action, c'est réussi. La 3D et les 120 images par seconde offrent une immersion totale pendant les combats et les course-poursuites chorégraphiés avec maestria.

L'histoire : Henry Brogan (Will Smith), un tueur professionnel aux capacités extraordinaires, décide de prendre sa retraite. Mais il est soudainement pris pour cible et poursuivi par un mystérieux et jeune agent qui peut prédire chacun de ses mouvements. Henry Brogan va très vite se rendre compte que ce jeune agent est son sosie avec 25 ans de moins.

Gemini Man

 

Qu’est-ce qui vous attiré vers Gemini Man ? Le défi technologique ?

Ang Lee : Oui incontestablement. On dit que la 3D est la porte vers une autre dimension. Mais  la 3D seule ne suffit pas. La plupart du temps, elle est mal utilisée.  Vos yeux et votre cerveau refusent souvent de correctement s’ajuster devant ces images. Pour que l’expérience soit totale il faut proposer plus grand, plus large et une image plus nette, plus claire, plus détaillée et surtout travailler le film de telle manière que le public soit impliqué. Un film en 3D propose plus d’informations pour le spectateur qu'un film "ordinaire". Il se soit d’être pensé différemment afin d’être crédible. C’est un défi pour moi. La 3D 4K 120 images par seconde est un nouveau format, un nouveau média. C’est même un nouveau langage. J’avais testé ce format dans mon film précèdent (Billy Lunn) mais de manière différente. Le cinéma digital nous offre des opportunités incroyables que j’aimerai continuer à développer.


Le futur du cinéma repose selon vous sur ce genre de cinéma ?

Oui. Mais en même temps, on pourra toujours faire des films dits classiques. Le cinéma est le plus grand art au monde. Le cinéma digital est juste un nouveau langage.



Qu’apporte de plus le 120 images par seconde (le HFR, high frame rate) selon vous ?

De la vie. Je ne veux pas dire du réalisme car le réalisme n’est pas le but du cinéma. Si on fait du cinéma, c’est pour un créer un monde imaginé, fantaisiste pour justement échapper à notre réalité. Mais pour que ce monde soit crédible aux gens des spectateurs, il faut plus de réalisme, plus d’attention, de préparation, plus de niveaux d’interprétations et plus de subtilité dans le jeu des acteurs. Il faut qu’ils aient l’air vivants et pas juste en train d’incarner des personnages. Le 120 images par seconde offre une image plus claire, plus nete, plus détaillée et vous ne pouvez plus autant tricher. Puis cela permet  une immersion totale avec la 3D ce que ne permet pas la 3D ordinaire. C’est un autre vocabulaire qu’il nous faut apprendre à maîtriser afin de pouvoir pleinement en profiter.


Quel est votre film d’action fétiche ?

Il y en a tant. Les films de Jackie Chan ont tant de séquences folles, ceux de Jet Li aussi. Puis Terminator 2. C’est un des sommets pour moi. Piège de Cristal aussi. Puis Bruce Lee bien sûr !

Gemini Man


Quels sont les réalisateurs qui vous impressionnent ?

Il y en a beaucoup. Récemment, j’ai regardé pas mal de films avec des réalisateurs mexicains. Ils sont doués. J’ai aussi aimé Once Upon A Time In Hollywood. Quentin Tarantino est un maître. Je me sens proche d’un James Cameron qui a comme moi cette envie d’exploration technologique. Il y a bien sûr Scorsese, Spielberg et beaucoup de réalisateurs asiatiques. La jeune garde chinoise est très prometteuse. Il y a toujours d’excellents réalisateurs à découvrir ou à suivre.


Qu’est-ce que Will Smith a de différent selon vous ?

C’est le meilleur (rires). Pour Gemini Man, on a eu de la chance qu’il soit impliqué. Il aimait l’histoire et le concept, il voulait travailler avec moi, il s’est énormément investi et a accepté qu’on l’étudie sous toutes les coutures afin de créer une version plus jeune de lui. Ce n’est pas évident pour un acteur. On a eu de la chance de l’avoir. Honnêtement, seul deux ou trois acteurs auraient pu tenir ce rôle. Quand Will Smith est arrivé, il n’y a même pas eu de réflexion. C’était une évidence que c’était fait pour lui. Will Smith est une telle star que l'on a dû s'adapter à lui et pas l'inverse. 

A-t-il été surpris de découvrir la version jeune de lui-même ?

Je ne sais pas… Je ne voulais pas savoir (rires). Je suis certain que c’était troublant. C’est comme de se regarder dans un miroir. Vous avez toujours une perception de vous autre que celle que les gens ont. Le vrai test pour Junior (le nom du jeune Will Smith) sera celui du public. C’est ce qui m’importe le plus.

Gemini Man

Suivez-vous ce que Marvel a fait du personnage de Hulk ?

Non pas vraiment (rires). Hulk a été un film compliqué pour moi (Son Hulk avace Eric Bana date de 2003 - ndr). Je ne regarde pas vraiment ces films Marvel. Parfois dans l’avion, j’en choisis un. Mais je ne les ai pas vus dans l’ordre. J’avoue que ces films sont plaisants à regarder même s’ils ne me passionnent pas vraiment.


Gemini Man pourrait être vu comme votre second tentative de films de super-héros. Vous disiez que Hulk avait été compliqué..

Avant que je ne tourne Hulk, le film comic book n’existait pas. Je m’étais inspiré de films italiens des années 70, de films de science-fiction, d’action, d’horreur aussi avec en tête l’idée de faire un film dramatique et adulte. Malheureusement, Spider-Man est sorti juste avant. Le film de Sam Raimi a posé les bases de ce qu’est devenu le comic book movie. Hulk n’avait rien à voir avec cela. Je pense qu’il a été mal compris. C'était certainement un film trop personnel.




Si Spider-Man est sorti avant Hulk, Gemini Man parait avant The Irishman de Martin Scorsese qui rajeunit ses personnages. Pourquoi avoir refusé de simplement rajeunir Will Smith et préférer entièrement le remodeler numériquement ?

Je n'ai pas vu The Irishman mais jusqu'ici je trouve le procédé du "de-aging" pas assez probant. Il consiste surtout à effacer les rides. Avec Gemini Man, ce n'était pas uniquement proposer de revoir le visage du Will Smith de Bad Boys mais d'aussi lui reconstituer un nouveau corps, plus jeune, plus vif. A 51 ans, Will Smith, même s'il a peu vieilli au cours de ces décennies, n'est plus le même qu'à 25 ans. Il a fallu retrouver les subtilités de lui à cette âge. Cette expérience technique est aussi philosophique selon moi. 

  

Gemini Man est actuellement sur nos écrans. Pour vivre pleinement l'expérience, on vous conseille vivement la 3D. 

Gemini Man

Thriller

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