"Jean-Claude Van Damme est sous estimé et trop moqué en France" interview Le Dernier Mercenaire
Le 30/07/2021 à 20:55Par Olivier Portnoi
Van Damme is fucking back. JCVD retrouve le haut de l’affiche grâce au réalisateur David Charhon et à Le Dernier Mercenaire, disponible sur Netflix depuis le 30 juillet. Une comédie d’action avec Alban Ivanov dans laquelle the muscles from Brussels s’essaie à la comédie en français.
"C’est une icône du cinéma d’action. Je le mets au même niveau que Stallone et Schwarzy" David Charhon
Comment s’est passée votre première rencontre avec Jean-Claude Van Damme. C’est intimidant de démarrer un projet artistique avec lui ?
David : On a organisé une rencontre dans un hôtel à Paris. Alban était là. C’était super dès le départ. Quand j’ai proposé à Alban ce film avec Van Damme, il m’a dit banco direct. Sans lire le scénario. «Si c’est Van Damme, je fonce».
Alban : J’ai pas hésité. Mais aussi parce que c’était toi qui réalisé et qu'Izm était au scénario..
David : Tu as dit oui sans savoir que tu allais te retrouver dans certaines situations compliquées.
Comment ça compliquées ?
Alban : Dans le film, je dois traverser Paris en slip sur une trottinette. Je l’ai découvert après…Trop tard.
David : On a tourné au mois d’octobre. Il faisait beau mais il caillait (rires).
Qu’est ce que Van Damme représente pour vous ?
David : C’est une icône du cinéma d’action. Je le mets au même niveau que Stallone et Schwarzy même s’il n’a pas eu la chance d’avoir des franchises comme les leurs. Mais il a ce talent, loin devant Chuck Norris ou Steven Seagal. C’est une icône du cinéma d’action. Bloodsport, c’est comme Rocky, c’est un film de compétition avec tous les codes de l’époque. Je reste super fan. Puis Van Damme a une personnalité qui dépasse tout ça.
Alban : Van Damme, c’est mon enfance. Il représente le rêve américain francophone. C’est le voisin qui parvient à quelque chose et qui fait que l’on se dit : c’est possible de faire une carrière aux Etats-Unis et devenir une star mondiale.
David : En étant un petit belge chétif…
Alban : de banlieue bruxelloise. Il représente le tout est possible.
"On était pas là pour se moquer de Jean-Claude Van Damme. Ca c’est pour ceux qui regardent la télé. Nous, on était là pour travailler avec le mec et l’acteur."
David : Il est sous estimé en France. Peut-être aussi un peu en Belgique. Nul n’est prophète dans son pays. Quand j’ai parlé du Dernier Mercenaire avec des journalistes intrenationaux, vu que le film sort dans le monde entier, j’ai eu confirmation qu'il ’est une star, une icône. En France oui il y a les vidéos d’interview télés, le aware et ce genre de truc. Mais à part chez nous, personne n’en parle. A l’international, ils ne connaissent pas ces vidéos. Ils connaissent Van Damme uniquement via ses films. Pour être très honnête, au départ personne ne voulait du Dernier Mercenaire. On a fait le tour de tous les guichets, et on nous disait «Van Damme, non ». A l’étranger, c’est juste une icône des années 80 et 90 au même titre qu’un Stallone.
Alban : Le côté aware, ce n’est pas ce qui nous intéressait. Le mec, c’est un bête d’acteur. C’est ce que l’on a voulu lui faire comprendre dès le début. On était pas là pour rigoler de Jean-Claude Van Damme. Ca c’est pour ceux qui regardent la télé. Nous, on était là pour travailler avec le mec et l’acteur. C’est ce qu’il a vu chez nous. Il a compris notre sincérité.
David : Et ça l’a beaucoup touché.
Les dialogues utilisent quand même sa manière de parler et des expresssions qui pourraient être van dammiènes. Comme "Tuer tuer".
David : Tout était écrit. Mais oui, il y a une influence. Avec mon co-scénariste Ismael on avait cette envie de ne pas rentrer dans la parodie tout en se permettant des écarts de language qui vont avec ce personnage qui est dans sa bulle et qui a des problèmes de communication avec les gens.
Jouer en français est-il plus compliqué pour lui que jouer en anglais ?
David : Oui clairement. Il avait très peur de jouer en français. Les acteurs l’ont beaucoup aidé. Il n’était pas à l’aise. Il ne joue jamais en français et en plus ici, il avait de longs dialogues. Notamment avec Miou-Miou. J’ai passé un dimanche à le rassurer alors qu’il connaissait tout son texte par coeur. Mais il avait peur et il a parfois du mal. Il a peur de mal faire.
Alban : C’est pas une caricature du français qui ne sait plus parler français. Il est comme ça. Cela fait 40 ans qu’il ne parle principalement qu’anglais et il a des problèmes de mec qui ne parle qu’en anglais. Il bugge. Au lieu de dire prison, il va dire jail par exemple. Et on a gardé des trucs. Cela fonctionne bien.
"Van Damme est très exigeant. C’est ce qui est parfois compliqué. Même quand on faisait les scènes de bagarre, si certaines choses lui paraissaient difficiles, cela le mettait dans un état d’angoisse et d’énervement."
David : Il est très exigeant. C’est ce qui est parfois compliqué. Même quand on faisait les scènes de bagarre, si certaines choses lui paraissaient difficiles, cela le mettait dans un état d’angoisse et d’énervement.
Alban : Il a le souci de constamment bien faire. Notre rôle était de constamment le rassurer parce qu’il est bon.
David : Ce qui est dingue c’est ce c’est une star internationale mais il va avoir la pression de jouer avec Alban Ivanov. Après une journée de tournage, il venait me voir pour demander "Il m’aime toujours Alban ?". "Mais oui il t’aime". Il a toujours besoin d’être rassuré et de savoir que les acteurs l’aiment. Comme beaucoup de grandes stars, il a besoin d’énormément d’amour et de le sentir. C’est fou de le voir venir le soir me demander "Alban, il m’a aimé aujourd’hui ?". "Mais oui, il t’adore. Appelle le".
C’est hyper touchant.
David : Il a besoin d’être rassuré. Tout ce que les médias ont pu dire sur lui l’ont blessé. Il le dit. Il est important que l’on ne se foute pas de sa gueule. Il est passé à autre chose aujourd’hui mais cela reste un traumatisme. Il ne veut passer pour un abruti alors que c’est mec très intelligent et très malin.
"Il raconte que quand il lui serre la main, Stallone fait exprès de montrer ses avant-bras énormes (rires)."
David : Quand il raconte ses histoires, oui.
Alban : Quand il raconte une histoire, il fait tous les personnages. Il nous a raconté son arrivée aux Etats-Unis en imitant tous les producteurs qu’il a rencontré.
David : Il fait hyper bien Menahem Golan (producteur mythique des années 80 et 90).
Alban : Stallone, il le fait très très bien. Il raconte que quand il lui serre la main, Stallone fait exprès de montrer ses avant-bras énormes (rires).
Vous en avez profité pour lui poser des questions sur sa carrière ? En tant que fan ?
David : Oui. On a passé une soirée mémorable avec lui sur la terrasse de sa suite. On s’est retrouvé avec tout le casting et il nous raconté sa vie une bonne partie de la nuit. C’était très intime...
Alban : Et très beau.
David : Il aime parler de son parcours avec les nouvelles générations.
Alban : Il a les pieds sur terre. Il nous racontait comment à un moment il n’avait plus d’argent et qu’il dormait dans sa voiture. C’est grâce à sa détermination que tout a changé. Mais quand il le raconte, tu perçois que même encore aujourd'hui il n’en revient toujours pas que cela se soit passé comme ça. Il y a de la magie.
David : Je trouve cela dingue que personne n’ait pensé faire une comédie d’action avec Jean-Claude Van Damme. On sait que dans la vie, il est très drôle, pétillant. On a jamais connecté les deux, son côté action et son humour derrière les caméras. L’idée m’a paru évidente.
Il y a eu un essai avec sa série Jean-Claude Van Johnson.
David : Oui c’est vrai.
"Quand il m’a dit son bras en mode Double Impact, j’étais tellement content de voir ça en vrai (rires)." Alban Ivanov
David : Oui. Déjà j’ai j’impression de faire un film d’action américain. Il a une manière de tourner son regard, de prendre la lumière qui n'appartient qu'à lui. Tu es un dans un pur film américain des années 90. Sur le plateau, tu en prends moins conscience, parce que tu es dans le travail mais le soir quand je regardais les rushs, j’étais waouh. Mon chef op Thierry qui est très avare en compliments me disait "ah oui il est bon. Il prend vraiment bien la lumière". Il connait la caméra mieux que personne. C’est un putain d’acteur américain, même s’il est belge.
Et toi Alban, en jouant face à lui, y-a-t-il eu des moments où tu as été surpris ou intimidé par les échanges ?
Alban : Au début oui. Mais c’est normal. On découvre l’homme et l’acteur en même temps. La première journée, c'était la découverte. J’étais en pleine extase.
David : Pour la scène de la panic room où Alexandre le personnage d’Alban découvre Richard, celui de Jean-Claude, j’ai pris les plans de regard d’Alban qui découvre vraiment Van Damme en pleine action pour la première fois et qui se dit « putain, je joue face à Jean-Claude Van Damme ». C’est sincère et génial.Alban : On ne vient pas du même registre et c’est pour cela que je voulais tant faire ce film. Lui m’apporte cette connaissance du film d’action que je n’ai pas et moi, j'ai voulu lui amener la comédie, la connerie pour le mettre à l’aise.
David : Vous vous ressemblez quand même sur pas mal de choses. Il y a côté très vrai chez lui comme chez toi. Il y a truc qui c’est passé entre vous. Sur la papier, vous êtes à l’opposé mais il y a eu une vraie connexion. Ce sont des mecs qui font du cinéma mais qui en même temps sont vraiment ancrés dans la vie.
Alban : C’est d’abord l’humain avant l’acteur. Mon but est chercher cette sincérité là. On s’est bien trouvés et compris là-dessus.
David : Et ils se sont aimés. Mais vraiment.
Il est encore très l’aise physiquement Jean-Claude.
Alban : Quand il fait son bras en mode Double Impact… tu souris. Je suis allé à la salle de sports faire un entraînement avec lui. Je lui ai fait écouter Jul. Le mec a 60 ans et envoie à la salle tous les jours. Mais il est comme nous, il se tape des délires. C’est un enfant ! Quand il m’a dit son bras en mode Double Impact, j’étais tellement content de voir ça en vrai (rires).
"L’envie de faire une suite est là, avec ce cast, avec Jean-Claude. Mais la décision ne nous appartient pas. C'est au public de décider".
David : Si cela fonctionne, oui. Je ne peux parler que pour moi mais l’envie de faire une suite est là, avec ce cast, avec Jean-Claude. Mais la décision ne nous appartient pas. A Netflix non plus. C’est au public de décider. Mais oui on y retournera avec plaisir. C’était une aventure géniale. Cela a été un film difficile à faire mais j’ai adoré ce tournage. J’ai tendance à imaginer une franchise. La fin du film montre la naissance d’une équipe et ouvre une porte à une suite. C’est ce que j’avais déjà sur L’autre côté du périph et on fait une suite. S’il y a une franchise, on sera là. D’ailleurs il y a une scène post-générique.
Alban : Ah bon ?Netflix a mis en ligne 15 films de Van Damme parallèlement au Dernier Mercenaire. Lequel avez-vous absolument envie de revoir ?
David : Timecop, qui est très 90’s et très fun. Et Full Contact aussi.
Alban : Pour moi, Bloodsport, Kickboxer et il y en a un autre que j’adore qui est Chasse à l’homme où il a un le mullet et attrape un serpent à mains nues. Jean-Claude le rebelle. C’était tellement bien.
Sur le tournage, vous appeliez Van Damme comment ? Il a un surnom ?
David : Les gens l’appellent souvent JC (prononcé Ji-si). Moi je l’appelle Jean-Claude.
Alban : Jean-Claude, c’est Jean-Claude.
Est-ce qu’il avait un surnom pour vous ou pour les autres acteurs ?
David : Moi il m’appelle Charhon (avec l'accent américain). Il a américanisé mon nom de famille.
Alban : Moi il ne m’appelait pas (rires). Ou Alban.
David : Eric (Judor), il l’appelait Funny Guy. Djimo, il s’en souvenait mais Assa (Sylla), il se gourait sans cesse dans son prénom (rires).
David : Les gens l’appellent souvent JC (prononcé Ji-si). Moi je l’appelle Jean-Claude.
Alban : Jean-Claude, c’est Jean-Claude.
Est-ce qu’il avait un surnom pour vous ou pour les autres acteurs ?
David : Moi il m’appelle Charhon (avec l'accent américain). Il a américanisé mon nom de famille.
Alban : Moi il ne m’appelait pas (rires). Ou Alban.
David : Eric (Judor), il l’appelait Funny Guy. Djimo, il s’en souvenait mais Assa (Sylla), il se gourait sans cesse dans son prénom (rires).