Smile "ne devait même pas sortir au cinéma. Ce succès est dément" Sosie Bacon

Le 16/10/2022 à 11:56
Par Olivier Portnoi

Pour Sosie Bacon, Smile est un hit inespéré et inattendu. L’actrice américaine a eu la gentillesse d’accepter de parler un soir en zoom avec FilmsActu afin d’évoquer son expérience dans l'horreur sur grand écran.

Smile a signé un record en France. Pour sa seconde semaine d'exploitation dans nos cinémas, le long-métrage d'épouvante de Parker Finn avec Sosie Bacon (la fille de Kevin Bacon vue dans Narcos Mexico, Mare of Easttown ou encore 13 reasons why et la série Scream) a rassemblé plus de spectateurs (219 081) qu'en première semaine (193 872). C'est une première dans l'histoire du cinéma d'épouvante en France.

Le film est bien parti pour continuer à cartonner au vu du bouche à oreille positif et d'une stratégie marketing efficace sur les réseaux sociaux.

"Au départ, Smile ne devait même pas sortir au cinéma. Il était prévu en streaming sur Paramount+. Qu’il ait été déplacé au cinéma est une surprise inattendue."

T’attendais-tu à ce que Smile soit un tel succès ? (Smile cumule déjà 100 millions de dollars de recettes dans le monde pour un budget de moins de 20 millions).
Sosie Bacon : Vraiment pas. Je savais que le film était bien mais les bons films ne sont pas souvent des succès. J’ai vraiment été surprise par cette réaction du public. Au départ, Smile ne devait même pas sortir au cinéma. Il était prévu en streaming sur Paramount+. Qu’il ait été déplacé au cinéma est une surprise inattendue. C’est le genre de chose qui n’arrive que très rarement.

Es-tu allée assister à une projection pour voir la réaction des gens ?
Oui. Je viens de le faire ! (rires). Je suis allée avec des amis à une projection de 22 heures à Glendale en Californie. La première chose étrange a été la réaction de la personne qui contrôlait les billets. Il a eu un choc en me voyant. Je n’ai jamais vu quelqu’un devenir aussi pâle (rires). Je ne me suis presque sentie gênée sachant à quel point le film peut être traumatisant pour certains. Je ne voulais pas lui faire cet effet (rires). Il ne s’attendait pas à voir un personnage de cette histoire en chair et en os. En sortant de la séance, j’ai voulu partir rapidement mais on me regardait avec frayeur et crainte. Je ne me suis alors que ce n’était peut-être pas la meilleure des idées d’aller à ces séances (rires).

T’attends-tu désormais à ce que des gens te regardent en souriant de manière malsaine ?
Je n’espère pas (rires). Je crois que pas mal de gens ont de l’empathie pour le personnage de Rose après tout ce qu’elle subit dans le film. Je les imagine plus venir me réconforter que me sourire de façon sinistre. Enfin j’espère (rires).

"On peut certainement remercier Stephen King pour tous les films d’horreur ayant jamais vu le jour."

Stephen King a conseillé Smile sur twitter en plébiscitant ta performance.
C’est incroyable. Je ne veux pas paraître faussement humble mais je n’attendais rien de ce film qui n’était pas prévu pour le cinéma. Ce qui m’allait. J’ai fait beaucoup de séries dernièrement et la télé a été bénéfique pour moi. Le business a énormément changé ces dernières années. Que Smile sorte au cinéma puis connaisse ce succès mondial est juste déconcertant… mais dément (rires). Et que Stephen King en parle… Wow, je ne sais pas quoi dire d’autre. Il est la personnalité la plus influente et talentueuse de l’horreur.

On pense à Stephen King par moment dans le film…
Quand ça ? Je suis curieuse…

Avec le chat, la maison abandonnée dans les bois, les apparitions démoniaques dans l’esprit des victimes, les troubles de la personnalité etc.
Oui. L’influence de Stephen King est indéniable. Affronter ses rêves sans savoir s’ils sont réels ou imaginés, c’est très King aussi. On peut certainement le remercier pour tous les films d’horreur ayant jamais vu le jour.

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"Il y a eu peu de CGI sur le nombre d’effets dans le film. Je n’avais pas à faire semblant d’avoir peur d’une balle de tennis qui pendait au bout d’un baton."

Parker Finn, le réalisateur, t’a t-il évoqué certains films en te présentant Smile ?
Oui. Il m’a donné une liste de films à voir. Mais je ne voulais pas me retrouver à imiter la performance d’un autre acteur. Cependant pour les ambiances, il m’a conseillé quelques films. L’un d’entre eux était Safe (de Todd Haynes, 1996) avec Julianne Moore que je ne n’avais pas vu et que j’ai adoré.

T’arrive-t-il d’être effrayée sur le tournage ?
Effrayée non, pas dans le sens où tu peux avoir peur au cinéma. Les jump scares sont créés au montage. Ce que j’ai aimé sur ce tournage, c’est que tout était quasiment fait avec des effets spéciaux pratiques. Il y a eu peu de CGI sur le nombre d’effets dans le film. Je n’avais pas à faire semblant d’avoir peur d’une balle de tennis qui pendait au bout d’un baton. J’avais toujours quelque chose face à moi. Quand il n’y avait rien, Parker tapait dans ses mains de manière inattendue pour me donner quelque chose auquel réagir. Ça m'a beaucoup aidé. Mais j’a eu peur dans le sens où ce rôle est sombre, torturé. Je me suis isolée avec ce qu'il y a de plus sombre en moi.

"Il y a ce rush d’adrénaline lié au cinéma d’épouvante que tu ne retrouves nulle part ailleurs."

As-tu regardé beaucoup de films d’horreur ado ? Kevin Bacon, ton père, en a fait quelques-uns de marquants (Hypnose, Tremors, Vendredi 13).
C’était le genre de films que j’allais voir au cinéma ado parce que c’est fun avec tes amis. Il y a ce rush d’adrénaline lié au cinéma d’épouvante que tu ne retrouves nulle part ailleurs. Puis ce sentiment d’avoir vécu quelque chose. Les films qui m’ont marqué ont été Jennifer’s Body, La Maison de Cire (House of Wax), The Ring. J’ai vu les classiques avec mon frère et mon père qui sont d’énormes fans d’horreur. Les films d’horreur de mon père, pas vraiment par contre.

Pourrait-il y avoir un Smile 2 au vu du succès ?
Smile met en place un univers qui a du potentiel. Je n’ai pas plus d’infos à ce jour… ce genre d’infos est secret défense (rires), même pour moi. Mais il y a un potentiel évident pour d'autres films.

J’aimerais parler de la chanson "Lollipop" que l'on entend à la fin du film. Halloween a transformé à jamais ma vision de « Mister sandman » des Ronettes qui est pourtant un morceau joyeux. Il va désormais en être de même avec "Lollipop".
Pareil pour moi. Je crois que c’est ce que je préfère au cinéma. Qu’on te mette une chanson joyeuse sur ce qu’il y a de plus affreux… J’adorerais voir des séquences de meurtres abominables à la Manson sur "wouldn’t it be nice" des Beach Boys. Je suis obsédée par cette idée. J’ai découvert que Parker avait placé "Lollipop" en fin de film lors de la projection. Trop bien.

Quelle scène de Smile est la plus effrayante selon toi ?
Quand Rose rentre chez elle, que l’alarme de sa maison retentit et que l’agence de sécurité l’appelle. Je trouve que cette scène, même si elle peut en rappeler d’autres, a un côté inédit. Elle est flippante. Sa construction est vraiment intelligente. La tension est extrêmement bien installée.

Quel est le film qui t’a le plus effrayé ?
The Ring. J’y étais allée avec des amis et ce film m’a possédé. Pour l’anecdote, on a été une des premières familles à qui on a envoyé Blair Witch. Mes parents ont reçu une VHS du film avant qu’il ne sorte sans savoir ce que c’était. Je ne l’ai pas vu, j’étais trop jeune mais mon père l’a regardé et a été horrifié. Je me souviens que mes parents en parlaient. C’est encore plus flippant quand tu es gamine d’entendre tes parents parler de quelque chose qui les terrifie. C’était une super idée marketing d’envoyer des VHS sans indication de ce film dans quelques foyers. L’idée marketing de Smile aussi était géniale, à savoir embaucher des acteurs pour qu’ils sourient de manière démoniaque lors de manifestations ou émissions télé.