On avait légèrement tiqué sur l'image du DVD tant le graphisme du film trouvait quelque peu ses limites sur le support standard. Dessin animé au design et surtout au traitement des couleurs un peu moins criardes que d'habitude, l'encodage ne parvenait pas toujours à parfaitement restituer ses nombreuses nuances colorimétriques proposées par l'infinité de détails à l'écran (dont ses surprenants arrière-plans). En Blu-Ray, c'est désormais chose faite et le film gagne un tout autre relief retranscrivant une certaine magie jusque là uniquement vécue en salle. Beaucoup, beaucoup de dessins en tous genres se bouscule à l'écran et c'est à chaque fois impressionnant. Le genre de spectacle joyeusement contemplatif qui justifie amplement l'acquisition d'un grand écran...
Ici on se rapproche désormais un peu plus du DVD, mais qui s'en plaindrait ? Issu d'un mixage original en PCM 5.1, toutes les pistes multicanales proposées ça et là (en Blu-Ray comme en DVD) font des merveilles d'une manière générale, nanties d'un relief impressionnant et d'un enveloppement général vraiment appréciable. La majorité des pistes Dolby Digital 5.1 proposées ici sont assez proches de l'édition standard donc, mais les puristes pourront (et devront) se ruer sur le fameux PCM Japonais original qui dépote largement plus, gagne étrangement en "naturel" et fait essentiellement ses preuves d'entrée de jeu sur les premières scènes du film, dont celle des camions. Joli... vraiment joli.
Commentaire audio du réalisateur
Ce commentaire audio n'est pas seulement réalisé par
Michael Arias mais aussi par le scénariste Anthony Weintraub et l'illustrateur
sonore Mitch Osias. On passera sur les quelques fautes d'orthographe qui parsèment
les sous-titres, pour se concentrer sur le contenu vraiment très riche que nous
offre le trio. Désireux de rentrer dans les détails de la fabrication d'Amer
Béton, Michael Arias sait se montrer clair et communiquer son enthousiasme,
relayé par ses deux collaborateurs qui l'encouragent à expliciter certains
aspects pour notre plus grand plaisir. On apprend ainsi que la scène
d'ouverture est l'une des rares qui ait été créées de toutes pièces, que le
réalisateur s'est disputé avec son directeur artistique Shinji Kimura et le
superviseur de l'animation Shôjiro Nishimi à propos du très difficile plan en
plongée sur la ville filmé du point de vue du corbeau, au tout début du long
métrage... Anthony Weintraub commente la mise en scène d'Arias, qui utilise
selon lui une technique un peu documentaire où les points de vue varient sans
arrêt, chose très rare en animation. La discussion concerne bien entendu les
spécificités de l'animation par rapport au cinéma live, mais aussi et surtout
les choix de mise en scène du réalisateur qui souhaitait bousculer les codes de
l'animation japonaise et notamment la contrainte de la technique de l'animation
limitée, pour obtenir quelque chose de vraiment différent. Le recours aux
coupes franches sur un personnage, rare en animation une fois de plus et
présentes dès le story-board, le fait que quatre personnes aient réalisé le
story-board et non pas seulement le réalisateur (Chie Uratani s'est notamment
chargée de toutes les scènes avec Blanc, tandis que Nishimi a story-boardé les
scènes d'action), la volonté d'Arias de se démarquer s'exprime sous de
multiples aspects. Pour traduire l'idée de vie qu'il voulait insuffler à son
film, Michael Arias évoque bien sûr l'une de ses principales influences, La
Cité de Dieu, qu'il a d'ailleurs montré à Weintraub. Et puisque Mitch Osias
est présent, il est aussi beaucoup question de l'ambiance sonore du film, qui
cherche à se rapprocher de celle, très spéciale, du Japon en général et de
Tokyo en particulier. De manière intéressante, tous trois expliquent que les
nombreux enregistrement effectués ont par la suite influencé voire guidé la
mise en scène dans certains cas. Un commentaire audio très dense et vivant, qui
ne brasse jamais du vent et qui parvient mine de rien à embrasser à peu près
toutes les étapes de fabrication d'Amer Béton.
Entretien avec le réalisateur Michael Arias et Plaid, le
duo de rock anglais (11'40)
Cette interview, réalisée en mai 2006, réunit Michael
Arias et les deux membres du groupe anglais Plaid, Andy Turner et Ed Handley.
Avant Amer Béton, ceux-ci avaient uniquement composé pour des courts
métrages. Cette bande-originale représente donc une véritable promotion et au
moment où se déroule l'entretien, ils ne l'ont pas encore terminée. Michael
Arias explique qu'il les avait repérés sept ans auparavant, alors qu'il
assistait par hasard à un show qu'ils donnaient à Shinjuku. Visiblement
intimidés, les deux musiciens tentent de décrire le lent processus de création
musicale, avant d'entrer plus précisément dans les thèmes musicaux d'Amer
Béton et la difficulté de les adapter aux images, la particularité de cette
bande-originale très planante étant qu'elle s'est faite durant la
production-même du film, chose qui n'arrive d'ordinaire jamais en animation.
L'interview est intéressante, d'autant que Michael Arias intervient de manière
toujours pertinente.
Making of - Journal de Michael Arias : 300 jours de
production (43'21)
Ce reportage nous emmène à Kichijoji à Tokyo, dans les
locaux du studio 4°C où s'est déroulée la production du film. La production
dirigée par Michael Arias comprend 300 personnes (permanents ou non) et se
divise en 3 groupes : Animation (personnages), Illustration (décors) et Images
de Synthèse qui intègre et numérise les réalisations des deux premiers. Le
réalisateur explique dans un parfait japonais que c'est le manga de Matsumoto
qui lui a donné envie de passer à la réalisation lorsqu'il l'a découvert il y a
environ dix ans, alors qu'il s'occupait jusqu'alors des effets spéciaux.
L'impressionnante collection de photos qu'il a prises lors de ses voyages en
Asie a servi de base au film et notamment au superbe travail de l'équipe du
directeur artistique Shinji Kimura, qui réalise à la main les peintures des
décors. Illustrations qui seront ensuite apposées sur les schémas 3D que l'on
découvre juste après dans le département concerné. Le travail d'ensemble est
d'une minutie telle que c'en est vertigineux (500 illustrations faites à la
main pour le plan de survol de la ville au début, pour donner un exemple). Mais
le reportage, moins idyllique qu'il n'y paraît, nous montre aussi l'équipe
confrontée à un gros problème de rendu d'une scène avec la contrainte de délais
qui se fait de plus en plus dure, et nous fait surtout assister au visionnage
catastrophique des premiers rushes qui abat littéralement le moral de l'équipe.
Il faut les paroles encourageantes de la productrice Eiko Tanaka - qui n'avait
pourtant pas mâché ses mots lors de la séance - pour donner à Michael Arias,
Chie Uratani, Hiroaki Ando et Shôjiro Nishimi l'énergie de repartir. C'est une
bonne chose que ce moment pénible ait été conservé dans ce making of. Et c'est
d'ailleurs étrangement ému que l'on quitte ce documentaire imprégné de la
passion du réalisateur et de son équipe - l'événement est suffisamment
singulier pour être mentionné.
Bandes-annonces
Les bandes-annonces de Tokyo Godfathers, Paprika et Spider-Man 3 (cherchez l'erreur !).