Si cette copie Blu-Ray de Bons Baisers de Russie ne nous épate pas plus que celle de Dr No, elle peut sans problème prétendre à une qualité au moins aussi époustouflante. Le contraste visuel des pays visités dans les deux films allant éventuellement en faveur du premier épisode, plus coloré. Pour le reste, ce second opus se montre efficace sur deux points, à priori impensables pour un film de cet âge. La gestion des noirs, d'abord, d'une profondeur étourdissante, ne laisse trahir aucun artefacts, pourtant légion sur les images sombres, pas plus qu'elle ne trahit les dégradés de rigueur qui pose parfois des difficultés à l'encodage numérique. Ici, pas le moindre reproche sur cet aspect, ce qui nous permet de profiter de bon nombre de séquences jouant justement sur les contrastes, dont un pré-générique (une scène nocturne) qui prend tout son sens en haute définition.
L'autre point encore plus appréciable, souvent à l'avantage des Blu-Ray (bien encodés), c'est la fidèle retranscription de la profondeur de champ sur les plans larges. Chose que l'on avait déjà pu constater en DVD et qui se retrouve totalement transcendée en Haute Définition. Mis à part un léger grain de pellicule (inévitable), la copie est propre comme un sou neuf et permet, entre autres, de profiter des splendides architectures d'Istanbul où se déroule une grande partie du film.
Les captures Blu-Ray ci-dessous vous permettent de mieux constater la chose :
Le mixage proposé ici est à l'image de celui de Dr No, à savoir un travail effectué judicieusement avec une main légère, ne cherchant pas à proposer plus d'esbroufe sonore qu'il est nécessaire (et possible) d'en concevoir. Ainsi, la piste DTS HD Master audio anglaise et la piste DTS française (à débit deux fois moindre et la différence s'en ressent !) apportent essentiellement un relief à une atmosphère monophonique sans aucun artifice et dont le confort de compression évite toute sensation d'étouffement ou de souffle. Les interventions musicales bénéficient par ailleurs d'une certaine ampleur appuyée par un caisson de basse qui sait gronder avec une certaine efficacité. Du travail propre.
A l'instar des autres titres de la collection Blu-Ray, Bons baisers de Russie retrouve l'intégralité des bonus proposés sur la précédente édition ultimate. C'est donc sans surprise que l'on retrouve la piste de Commentaire audio parsemée d'un florilège d'extraits d'interviews diverses et ne datant pas d'hier où se suivent à la trace, se coupent et s'entremêlent une bonne quinzaine d'intervenants - dont Hamilton mais aussi techniciens et comédiens - dans un puzzle plutôt bien fichu au final, mais manquant cruellement de spontanéité. Faisant le lien entre lesdites interviews, l'historien de la saga James Bond comblera les "blancs" en entrant en détail dans certains secrets de fabrication. Assez informatif sur divers partis pris, mais souvent répétitif avec le making of.
Sous l'appellation top secrète des Dessous du M-I6 se cachent en réalité les nouveaux bonus de la collection ultimate. Pas de réelles nouveautés néanmoins puisque l'on y retrouve essentiellement des documents d'archives partiellement utilisés dans les making of et rétrospectives principales diverses. Outre une séquence animée des story-boards (1min24) s'intéressant à la poursuite en bateau, les segments se penchent ici sur le vrai père de l'agent secret, Ian Fleming à travers des entretiens audio. Ian Fleming et Raymond Chandler (4min58), enregistré alors que l'auteur venait de terminer Goldfinger demeure le plus passionnant tant les deux auteurs analysent sans s'en rendre compte la nature de leurs personnages et des thèmes qui les inspirent. Ian Fleming dans l'émission Desert Island Discs (4min58) lui permet d'en dévoiler un peu plus sur ses méthodes de travail en admettant avoir écrit un opus de Bond par an, sur une durée de 6 à 8 semaines en rédigeant 4 heures par jour. Enfin, Ian Fleming : Interview de la CBC (7min23) est un document post-mortem publié à l'antenne quelques jours après le décès du romancier à l'âge de 56 ans. Il y décrit une fois de plus sa façon d'aborder son héros et son travail, mais nous y apprenons surtout que Goldeneye était le nom de la résidence dans laquelle il se retirait pour écrire...
Les dossiers regroupe les très bons documentaires déjà proposés dans la toutes première édition du film. Les coulisses de Bons baisers de Russie (33min43) s'impose comme une rétrospective relativement concise compte tenu de ma myriade d'informations, et qui prend pourtant le temps de nous dévoiler bon nombre de secrets. Déjà proposé sur l'édition précédente, le documentaire revient sur les craintes et les doutes de monter une suite après avoir remporté un triomphe, et sur la difficulté de réunir la même équipe puisque le succès de Dr No mit la plupart de ses techniciens au cœur de nouveaux projets. On revient ici sur la première présence de Q dans la série, le combat de gitanes, les quelques accidents de tournages et surtout la mort de Pedro Amendariz ayant pourtant lutté pour finir le film alors qu'il était en phase terminale, pour enfin se suicider après avoir fini sur un lit d'hôpital. A l'image de la biographie par interviews interposées de Terence Young sur le Blu-Ray de Dr No, le module Harry Saltzman, Le sens du spectacle (26min43) s'intéresse à l'un des deux producteurs, dont le destin aussi merveilleux que tragique est raconté par ses proches - principalement ses deux enfants, mais également les comédiens, dont Roger Moore, qui l'ont longuement côtoyé.
Enfin, les sections Ministère de la propagande et Banque d'images proposent respectivement les bandes annonces, spots TV, et spot radio pour l'un ainsi que de longues galeries défilantes de photos de plateau pour l'autre. Les missions de 007 est un segment de remplissage purement et simplement inutile dont le seul intérêt est d'avoir accès à certaines scènes du film. Un menu pour les gadgets, un pour les femmes, un pour le générique, etc, qui aboutissent chacun à un court extrait... Dispensable mais présent sur tous les titres de la collection.