Voilà sans doute la plus grosse surprise de cette édition. Alors qu'on aurait pu légitimement s'interroger sur du rendu d'un film comme Evil Dead en format haute définition, on se rend finalement compte que le Blu-Ray est ce qui pouvait arriver de mieux au gros délire de Sam Raimi. Et à bien y réfléchir, c'est même d'une logique implacable. En effet, si l'on était déjà plutôt satisfait de la précédente édition DVD collector, également proposée chez Studio Canal, parce que cette dernière tranchait radicalement avec les heures de la VHS que tout à chacun s'était envoyé au préalable, le Blu-Ray fait un grand pas significatif. C'est justement sur un film de cet âge, de ce budget et tourné avec ces faibles conditions que la Haute Définition creuse le fossé avec les limite des encodages standards, pas toujours à l'aise avec la texture granuleuse et prononcée de la pellicule. Sans que ça soit un réel miracle (surtout qu'un léger réducteur de bruit est palpable), l'encodage du disque permet en tout cas de s'épargner les artefacts numériques de rigueurs (même si certains persistent, comme dans l'épilogue par exemple) et même d'apprécier ce petit grain d'époque, pas bien méchant et offrant à cette copie un naturel évident, soutenu par un travail de teintes et de contrastes parfois surprenants (des zones d'ombres bien propres).
Sincèrement, on s'attendait à bien pire, au point que revoir le film chez soi dans de telles conditions s'impose comme une petite redécouverte.
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L'aspect sonore du disque n'est pas déplaisant non plus. Alors que les trifouillages 5.1 de la précédente édition DVD pouvaient parfois laisser à désirer, la souplesse d'un DTS HD Master Audio (en VO comme en VF) permet de bien apprécier cette retouche multicanale. Là où certains seront étonnés, c'est que c'est la piste française qui y gagne ouvertement. En effet, si la VO impose un bricolage plutôt habile issu du mix original, mais qui trouve parfois ses limites en raison de quelques scènes avec une prise de son directe (certains dialogues sont très étouffés), ayant pour effet de proposer une piste qui joue parfois au yoyo, la version doublée est de première fraicheur. Non seulement les dialogues se détachent mieux (normal pour de la post-synchro), mais l'enveloppement général se montre franchement généreux, au point de proposer des effets variés pratiquement inaudibles (voire inexistants) en anglais. Balances stéréo et canaux arrière sont ainsi très régulièrement à la fête. Une fois n'est pas coutume, les amateurs de VF y gagneront au change avec un mixage 5.1 totalement maitrisé et beaucoup plus pêchu.
On regrettera en revanche l'absence de pistes d'origine, pourtant bien présente sur le DVD du même éditeur.
Abordons maintenant le sujet qui fâche... Si Studio Canal possèdes des pistes sons d'origine sur le DVD, absente de ce Blu-Ray, ce n'est malheureusement pas le seul sacrifice que l'éditeur inflige au disque. En effet, sur les nombreux et fascinants bonus du DVD collector, seule une infime poignée a survécue sur cette édition, et pas nécessairement les meilleurs. Manquent donc à l'appel l'excellent making of d'une demi-heure focalisé sur les effets spéciaux, le documentaire consacré à Sam Raimi ainsi que quelques biographies.
Fort heureusement, il nous reste quand même quelques petites choses comme le très bon Commentaire audio qui réuni Sam Raimi, Scott Spiegell, Greg Nicotero et Bruce Campbell. Comme on pouvait l'imaginer, l'humeur est à la déconne, partout même souvent dans tous les sens tant le comédien semble bien décidé à laisser le souvenir d'un happening audio bien survolté. Drôle, pas long, sans tant mort en renchéri d'anecdotes plus fascinantes les unes que les autres, on est ici en présence de l'une des meilleures démonstrations de l'exercice. Seul bonus vidéo (excepté la bande annonce), l'Interview de Bruce Campbell (23min40), même si elle parait orpheline ici, demeure quand même un document d'intérêt durant lequel l'acteur livre sa rétrospective de l'aventure Evil Dead avec une sincérité palpable, mais également un regard bien à part sur l'état de l'industrie cinématographique. Pas de quoi combler l'absence des autres suppléments, mais une compensation honnête...