Il y a des disques comme ça, des expériences pourrait-on dire, qui vous laissent tout simplement baba ! Elles sont encore rares en Blu-Ray, le format étant à ses débuts, mais La Belle au bois dormant marque un tournant indéniable dans l'univers parfois un peu emberlificoté des ''restaurations/remasterisations'' et autres démarches techniques archi complexes qui essaient de faire du neuf avec du vieux. Ici, c'est effectivement très vieux (50 ans) et bon sang, ça a l'air d'avoir été dessiné la semaine dernière. Incroyable, il n'y a pas d'autres mots ! Incroyable de découvrir enfin une copie qui dévoile jusqu'au plus fin de ses traits un jeu de profondeur de champs perpétuellement net. Bien que d'autres films importants lui aient précédés, Disney a privilégié La Belle au bois dormant sur le support Blu-Ray pour rendre honneur au laborieux travail graphique dont il a bénéficié. Il s'agit en effet du premier Walt Disney à avoir été conçu au format cinémascope, cadre 2.55, avec des dessins plus grands, plus détaillés et des décors plus vastes. Il s'agit également du premier film du studio à avoir utilisé la caméra multiplane, offrant plus de profondeur de champs à l'image. Il est donc naturel que le format Haute Définition s'applique à ce qui demeure aujourd'hui une véritable prouesse technique, nous permettant de redécouvrir le film chez soi, avec sa sensation de relief originale.
De la Haute définition qui montre tout ce qu'elle a dans le ventre puisque, dans son concept, le film repose sur de très grands dessins sur lesquels on a effectué des croppings simulant des mouvements de caméra sur des endroits vastes. Pour ne pas souffrir de ces zooms, les dessins se sont montrés particulièrement minutieux et détaillés (les décors ont nécessité 7 fois plus de temps que sur un autre film) et le Blu-Ray restitue à merveille ces nombreuses pointes de détails. Arbres, tours, nuages et autres éléments ''naturels'' des contes de fées sont ainsi visibles à perte de vue, sur de nombreuses couches en plus. La finesse des traits se montrera tout aussi flagrante dans les séquences d'intérieurs, où palais, grottes et autres châteaux afficheront une vraie texture rugueuse sur leurs murs et colonnes, comme des briques dont on peut très nettement noter les démarcations. Une propreté incroyable pour un film de cet âge qui rehausse enfin une palette de couleurs extrêmement vives, qui ne débordent jamais, ainsi qu'un traitement des noirs absolument radical. Le genre de produit étonnant qui encourage vivement l'acquisition d'un équipement HD...
Retrouvez ci-dessous nos captures d'écran HD du disque, à découvrir en glorieuse haute résolution d'un simple clic !
La netteté, le niveau de détail, les couleurs : tout est absolument splendide en Blu-Ray !
Une profondeur de champ saisissante !
Le nombre de détails à l'écran est incroyable en Blu-Ray
La façon de gérer la bande son d'un film de cet âge est encore une démarche différente qui aurait pu très vite virer dans le n'importe quoi. Au final, le mixage 7.1 proposé ici impose une certaine sobriété compte tenu de son matériau d'origine et nous rappelle un peu le 5.1 de Blanche Neige et les sept nains sorti il y a 7 ans : des surrounds et un caisson de basses discrets qui privilégient une légère spatialisation musicale, la musique du film étant à l'origine un opéra de Tchaïkovski pensé pour une écoute large. Un 7.1 tiré d'un enregistrement 35 mm 3 pistes stéréo, permettant en tout cas de détacher soigneusement voix et musique sans faire de bricolage hasardeux. Les amoureux d'effets fusant de toute part ne s'y retrouveront certainement pas tout de suite, bien que certains existent, notamment dans la dernière partie, mais la volonté d'offrir un confort d'écoute le plus agréable possible est tenue. Le plus étonnant étant le nettoyage général, offrant une restitution limpide et claire des voix sans que ces dernières se soient trop étouffées. Le mixage français, en DTS HD Master Audio 7.1 comme la VO, se calque sur un mixage équivalent, en lui attribuant de nouvelles voix.
Un menu météo !
Proposés sur deux disques, les bonus de La Belle au bois dormant s'octroient un menu assez basique, mais le premier Blu-Ray bénéficie également d'un plan large sur le royaume dont les conditions météo changent à chaque fois que vous insérez le disque et en fonction de l'heure et la date à laquelle vous le faite. Jour, nuit, pluie, neige, soleil.... Au choix !
Nous avons testé le Blu-Ray en plein automne parisien. Il pleuvait donc dans le menu...
On commence avec ce qui devient un inévitable chez Disney en haute définition, Le Cine-Explore dont on avait déjà dit beaucoup de bien dans les tests de Cars et Ratatouille. Une fonction picture-in-picture qui se présente ici comme un commentaire audio filmé avec Jon Lasseter, un historien et un animateur des studios Disney. Les trois hommes livrent une brillante rétrospective, analysant étape après étape la mise en place technique pharamineuse du film. Mais le petit plus du Cine-Explore, c'est que lorsque ces derniers n'apparaissent plus dans une petite fenêtre, nous avons droit à un florilège d'éléments graphiques se superposant par-dessus le film. Dessins préparatoires, planches de story-board et même des vidéos d'époque viennent ainsi illustrer leurs propos. Un bel outil permettant de comparer le résultat final avec ses différentes sources d'inspiration. Seul bémol, nous n'avons que le choix de découvrir cette fonction soit en VO non sous-titré, soit avec un doublage français (ou allemand si ça vous amuse).
Le disque propose également un Commentaire audio qui est en fait la piste son du cine-explore. Tant qu'à faire, autant choisir la version illustrée, surtout qu'il n'y a toujours pas de sous-titres. Un autre bonus pouvant être utilisé lors de la lecture du film est proposé. Infos et anecdotes sur les princesses fait apparaitre à l'écran des infos-bulles délivrant quelques éléments sur la fabrication du film, mais vraiment rien de comparable avec le Cine-Explore.
On passe ensuite à Grand Canyon (28min56), un moyen-métrage qui était le complément de programme du film lors de sa sortie. Il s'agissait en outre d'un survol des canyons accompagné du ''Grand Canyon Suite'' de Ferde Grofe. De la musique, des images... l'ancêtre des films Imax, en quelque sorte, ou de Baraka dont nous vous parlions il y a peu. Par ailleurs, Disney ne fait pas les choses à moitié puisque le film est proposé en Full HD et en DTS HD Master Audio 7.1. Plus anecdotiques, les sections Musique et Rencontre avec le dragon (4min47) proposent, pour l'une, un accès à un clip et aux deux chansons du film, et pour l'autre une vidéo toute en 3D où une caméra subjective s'infiltre dans l'entre du dragon du film. Dans ce dernier cas, on est plus dans le registre du jeu vidéo passif, mais sa courte durée et sa qualité technique (HD, 7.1 et tout le bazar aussi) en font un petit truc sympa à suivre.
DISQUE 2
Avant de s'intéresser à nouveau à la fabrication du film, il sera d'abord question de l'attraction inspirée par celui-ci. Une habitude qui semble être mise en place depuis la récente édition de L'Etrange Noel de Mr Jack. Avec Visite en 3D de l'ancienne attraction de Disneyland, on peut visiter, comme son nom l'indique, l'attraction vieille de 30 ans totalement reconstituée en 3D. En fonction de des touches que l'on sélectionne, on peut s'arrêter devant des plateaux informatifs, bénéficier d'un extrait du film correspondant à l'endroit de la visite ou bien encore une petite vidéo explicative des concepteurs de cette reconstitution. Un Documentaire sur l'attraction (9min52) est également proposé, nous racontant l'histoire de sa création comme de sa fermeture et des diverses astuces pour donner vie aux éléments interactifs de l'époque.
On passe ensuite au documentaire principal de ce second disque, La Perfection de l'image : Le Making of de La Belle au bois dormant (43min33) qui retrace le processus de fabrication si particulier du film. En effet, après 16 longs métrages dont Blanche Neige et Cendrillon qui racontaient déjà une histoire très similaire, Walt Disney s'est lancé un défi énorme en plongeant à nouveau dans le conte de fée mais en voulant totalement modifier l'aspect technique et visuel du cinéma d'animation. On reviendra longuement sur les technologies innovées pour l'occasion, sur la caméra multiplane, les dessins ultra-détaillés, l'utilisation du format 2.55 pour une plus grande immersion, mais aussi sur les nombreux désaccords artistiques engendrés. En effet, le directeur artistique en charge, Eyvind Earle se focalisait tellement sur la texture particulière des arrières plans, que les animateurs des personnages se sont sentis lésés. Les anecdotes de ce type sont légion, et offrent un regard inédit sur un film qui se redécouvre totalement.
Trois documentaires complètent ce making of, et auraient parfaitement pu en être des chapitres à part entière. Eyvind Earle : L'homme et son art (7min34) revient sur le personnage, ayant été un l'objet de quelques controverses à l'époque de la création du film, et sur lequel Walt Disney avait jeté tout son dévolu. On revient sur l'histoire de l'homme (fils d'un des premier peintres sur verre) et de son évolution jusqu'à La Belle au bois dormant qui restera son œuvre la plus majeure. Toujours au rayon des anecdotes, La séquence 8 (5min30) s'intéresse à la particularité de la scène où Aurore, sous l'identité de Rose, effectue sa première danse avec le Prince Philippe dans les bois. En plus d'être la toute première scène à être animée et après avoir subit quelques modifications (à l'origine, les animaux n'étaient pas là) c'est également celle ayant provoqué un important dépassement de budget qui a faillit couler le studio tout entier. Enfin, La beauté du son : Le nouveau mixage 7.1 (10min51) s'intéresse à la restauration sonore du film pour ce Blu-Ray.
Un quatrième module est également disponible, mais il est d'époque celui-ci. Bien qu'il s'agisse d'un document promotionnel, Quatre artistes peignent un arbre (16min08) nous permet de retrouver ces petits reportages dont Walt Disney lui-même était le narrateur et qui soulignent, à leur façon, la démarche purement artistique engagée dans ses films. Dans ce cas présent, et même si c'est un peu moins la fanfaronnade, on pense forcément un peu à l'atmosphère bon enfant transpirant des reportages Pixar... Comme quoi rien n'est dû au hasard. Ici, on nous explique que même si un film Disney est une grosse production, tout est fait pour que chaque artistique, peintre et dessinateur conserve sa touche, son individualisme. Pour illustrer cela, quatre des peintres du film furent lâchés en pleine nature pour reproduire un arbre de leur choix. Chacun le réinterprétant à sa manière. Pas inintéressant...
Dans le même style, L'histoire de Tchaïkovski (49min25) est un bel objet de propagande habilement maquillé en œuvre à part entière (un téléfilm, pour être plus exact, pour DisneyLand TV) pour promouvoir la sortie en salles du film. L'Oncle Walt a littéralement mis les petits plats dans les grands pour qu'il a produit un petit biopic un peu romancé sur la vie du célèbre compositeur avec une vraie mise en scène de cinéma. C'est propre, carré, scolaire, et très familial. Un petit amuse bouche pédagogique dont le seul intérêt est de garder à porter de main le futur spectateur de La Belle au bois dormant. En effet, sur 50 minutes de programme, seulement une demi-heure est consacrée au téléfilm. En effet, hôte introductif, Walt Disney réapparait 30 minutes après pour nous proposer des extraits du dessin animé, en exclusivité, à la maison et surtout en stéréo, moyennant un bidouillage avec un poste de radio, puisque certaines stations étaient partenaires de l'événement. Le plus étonnant là dedans, c'est de redécouvrir ceci lorsque l'on est habitué aux spots TV éclairs : Trois grosses scènes entières étaient proposées aux spectateurs, pour une durée d'un quart d'heure au total, dont le final heureux. Le genre de chose totalement inimaginable aujourd'hui...
Une très lourde interactivité qui se complète avec les documents d'archives d'usage. Rien de mineur en tout cas puisque cela nécessitera encore une laborieuse visite de ce disque de bonus. A commencer par un Prologue alternatif (3min28) chanté mais qui n'a pas été retenu car ayant un ton de comédie musical un peu trop ''Broadway''. La chanson est néanmoins proposée ici, illustrées par le story-board correspondant. Au rayon des scènes coupées, on notera également des Chansons supprimées (12min env.) rajoutées par-dessus des scènes existantes ou complétées par des images du story-board. Puisque l'on en parle, on retrouve les deux Séquences du story-board (4min04) déjà proposées sur la précédente édition et qui permettent de comparer l'avant et l'après sur deux scènes. Toujours pour rester dans les documents préparatoires, on s'amusera devant les trois étonnantes Prises de vue réelles de référence (2min11) qui ont servi de modèle aux dessinateurs. Il s'agit un peu de l'ancêtre du rotoscoping ou du motion capture, en quelque sorte...
L'inévitable Galerie d'images n'est ici vraiment pas un gadget : Totalement immense, elle propose une section réservée à la recherche graphique de l'environnement du film, à chacun des personnages principaux, aux divers designs du livre qui s'ouvre en début de film, des décors, des nombreux story-boards, des photos de productions, des photos servant de repères réels, et une galerie d'éléments promotionnels. Chacun d'entre eux proposant des dizaines d'éléments, on se retrouve ainsi avec des centaines d'images en tous genres à observer. Enfin, la section Publicité propose le teaser, la bande annonce d'époque et la bande annonce de ressortie en 1995.
Ajoutons enfin que trois jeux sont également proposés. Si deux d'entre eux sont assez anecdotiques (Danser avec Rose et apprendre l'anglais), le troisième, Le Défi de Maléfique, s'avères assez amusant puisqu'il est la déclinaison des fameux jeux que l'on peut trouver sur le web où un médium virtuel devine un objet auquel vous pensez. Une façon rigolote de conclure une interactivité, il est vrai, particulièrement impressionante.
Ici nous pensions à un croque-monsieur... Mouais
En revanche, ici Maléfique a bien trouvé l'objet auquel nous pensions !