Test Blu-ray : La Poison

Il faut le voir pour le croire ! Malgré un ou deux déséquilibres lors des mouvements de caméra, Gaumont nous livre une copie sensationnelle du film de Sacha Guitry qui se prépare à fêter ses soixantes bougies. Il est d'ores et déjà acquis que nulle autre copie ne pourra surpasser ce master HD tant sur le plan de la restauration que sur la pureté des contrastes et de l'éblouissante luminosité. Evidemment, compte tenu de l'âge du film, certaines petites imperfections sont parvenues à passer entre les mailles du filet comme des petites poussières microscopiques (points noirs et blancs), quelques rayures verticales à gauche de l'écran et une petite collure usée liée au montage d'origine. Nous cherchons vraiment la petite bête car l'image, présentée dans son format d'origine 1.33, ne cesse de nous réjouir la rétine. Malgré le plein cadre, la profondeur de champ parait insondable même si un petit fourmillement accompagné d'un léger voile granuleux inévitable lié à la pellicule tend à subsister. Le piqué est ciselé, le relief inattendu pour un film de cette époque tout en donnant au N&B une densité extraordinaire (des noirs encre de Chine pourrait-on dire) ainsi qu'un rendu concret des matières sur les plans fixes. Le décrochage de l'étalonnage lié aux fondus enchaînés et autres effets de montages variés dans la dernière partie du film est heureusement limité même si nous pouvons noter la présence constante d'un halo noir visible aux quatre coins de l'écran.

Gaumont va au plus simple en nous proposant une seule et unique piste française DTS HD Master Audio Mono 2.0 d'une saisissante limpidité. En dépit de certaines saturations au moment où Michel Simon écoute la radio ou au moment de la présentation de Lucienne Delyle en début de film qui entonne sa chanson devant Sacha Guitry, les voix inimitables des comédiens n'ont jamais été aussi éclatantes de pureté, le mixage ayant été purgé de tout souffle intempestif et craquements divers liés à l'âge du film. La musique de Louiguy (grand collaborateur de Sacha Guitry) est quant à elle pleine d'ardeur et accompagne l'action du film avec un engouement surprenant.

La vie à l'écran, misères et splendeur d'un monarque (1h01)

En guise de supplément, l'éditeur nous offre un documentaire réalisé par Dominique Maillet qui donne la parole tour à tour à Henry Gidel, écrivain et biographe de Sacha Guitry, Claude Gauteur, historien du cinéma et ami de Michel Simon à qui il a d'ailleurs consacré une biographie, Alain Decaux, écrivain, historien et ami intime de Sacha Guitry, Jean Becker, réalisateur en 2001 du remake de la Poison (Un crime au paradis), et enfin Raoul Sangla, journaliste et réalisateur ayant été assistant de Sacha Guitry sur le film Assassins et voleurs. Revenant tout d'abord sur la vie personnelle de Sacha Guitry, puis sur la genèse de La Poison, ce documentaire dresse un portrait intime du réalisateur par ceux qui l'ont connu intimement. Ceux-ci confient quelques savoureuses anecdotes et éléments de la vie du cinéaste qui ont pu le conduire à écrire l'histoire de La Poison à travers laquelle il règle ses comptes avec la justice française. Les conditions de tournage sont ici évoquées (une prise unique pour chaque séquence selon le désir de Michel Simon soit 11 jours de tournage seulement), tout comme la relation entre Sacha Guitry et Michel Simon qui s'admiraient mutuellement. Mise à part un rythme lent et quelques redondances, ce documentaire affûte nos connaissances sur l'homme et l'artiste exceptionnel que demeure aujourd'hui Sacha Guitry.