Blockbuster oblige (français, oui, mais blockbuster quand même), Largo Winch fait naturellement partie de ces produits prestigieux pour lesquels Wild Side met les petits plats dans les grands. On n'en doutait pas, mais le Blu-Ray fait office d'écrin très soigneux et permet de redécouvrir le film de Jérôme Salle dans des conditions optimales, peinard, chez soi, et confirme encore et toujours que la haute définition ne signe pas l'arrêt de mort de cette savoureuse texture granuleuse argentique au profit du lissage extrême. Avec son excellent piqué, Largo Winch n'en conserve pas moins un véritable aspect de cinéma. Outre ce soin et cette finesse de détail, on lui reconnaitra une gestion assez poussée des contrastes (presque trop, mais le film était déjà comme ça en salles) qui permet de bien tester la gestion des noirs de son écran.
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Pas trop de surprises non plus du côté du son qui, comme prévu, déploie une élégante énergie de rigueur. Si sur le papier, on notera une différence entre la VO DTS HD Master Audio 5.1 et la version intégralement doublée en français DTS HD Master audio 7.1, l'écart se montrera relativement minime. Si les arrières ne sont pas laissés au dépourvu, c'est la scène avant qui se montrera la plus démonstrative, avec un net avantage pour la musique, évidemment orientée vers des tonalités de John Barry, appuyée par un canal des grave qui font de Largo Winch un spectacle de Home Cinema pas spécialement original, mais très honnête et efficace.
Tout commence de manière traditionnelle avec l'inévitable commentaire audio de Jérôme Salle et Tomer Sisley (avec option PiP). Le réalisateur - qui ne s'était pas prêté à ce petit jeu pour son précédent film Anthony Zimmer - nous propose en compagnie de son comédien principal un commentaire plutôt exhaustif en informations. On ne le répétera jamais assez, un commentaire audio, c'est sympa, un commentaire audio avec deux intervenants qui se renvoient la balle, c'est mieux. Et c'est précisément ce qui se passe ici, puisque les deux hommes ne manquent pas de complicité et rebondissent continuellement sur leurs anecdotes respectives. Bien entendu, comme d'habitude dans ce genre de cas, Salle apporte les informations sérieuses et techniques (les lieux de tournages, les caméras...), tandis que Sisley se délecte de quelques blagues et autres précisions plus légères (aah, les perruques !). C'est carré, efficace et pas déplaisant. L'option PictureInPicture de son côté n'apporte pas grand chose.
Nous trouverons ensuite la "bizarrerie" de cette édition Blu-Ray, la présence du making-of en version courte et en version longue. Pour information, la version courte est la version destinée à figurée sur l'édition simple du DVD, tandis que la longue ne sera proposée qu'à ceux qui auront choisi l'édition collector ou Blu-Ray. Chose évidente en soit, sauf qu'ici nous avons droit aux deux côte à côte. Une autre dénomination aurait peut-être été la bienvenue ("making-of" pour le premier, "carnet de bord", ou autre, pour le second).
Malgré cela, si certaines images se retrouvent dans les deux modules, nous sommes bien là en présence de deux documentaires diamétralement opposés ! La version courte (26 mn) est une featurette on ne peut plus promo, avec des interviews faites après le tournage, tentant d'apporter un regard global sur tout le projet (écriture, casting, tournage ...). Pas inintéressante en soit, mais largement moins palpitante que sa version longue (48 mn), qui elle se présente sous la forme d'un journal de bord, se focalisant essentiellement sur le tournage. Les entretiens avec les membres de l'équipe (réalisateur, comédiens, techniciens) sont ici faits sur le set, dans le rush, ce qui change considérablement leur teneur. Les images de tournage et "instantanés" de plateau sont bien sûr plus nombreuses, et nous dévoile aussi quelques accrochages (le réalisateur de seconde équipe qui gueule sur le directeur de production à cause d'un plan en hélicoptère mal géré) tout à fait normaux pour un projet aussi énorme. Malgré cela, on sent une ambiance décontractée et de bons rapports entre les protagonistes, qui donnent lieu à quelques moments très sympathiques à regarder (le chef opérateur Denis Rouden qui essaye de convaincre Jérôme Salle de faire un plan fixe plutôt qu'un plan à l'épaule). Bref, le making-of version courte, on oublie. Le making-of version longue, on regarde !
Viennent ensuite quatre entretiens venant décortiquer plusieurs aspects de la production. On commencera avec l'Entretien avec Jean Van Hamme, créateur de Largo Winch (26 mn) qui vient combler nous apporter les informations nécessaires sur la genèse du projet (et aussi sur sa carrière de manière plus générale). Intéressant, mais pas forcément palpitant à suivre puisque Van Hamme (un très grand monsieur au demeurant), parait bien peu emballé par cette interview et la mène donc sur un train de sénateur. 26 minutes qui passent lentement... Viennent ensuite "Les cascades de Largo" : entretien avec Stéphane Boulay, coordinateur des cascades voitures (26 mn) et "La préparation physique de Largo" : entretien avec Alain Figlarz, coordinateur des cascades (13 mn) qui, comme leurs noms l'indiquent, abordent les différentes scènes de cascades du film. Très intéressant mais à réserver uniquement aux passionnés, puisque les deux hommes ne sont pas avares en détails, notamment Stéphane Boulay qui aborde un nombre incalculable de points importants (sa carrière, son matériel, la manière de travailler de Jérôme Salle, le doublage de Tomer Sisley...). Alain Figlarz (dit "Atchoum" pour les intimes) de son côté, parle beaucoup plus de la manière dont il a travaillé avec le comédien principal du film pour essayer de lui donner un style. On trouvera enfin l'interview "people" de cette édition, intitulée "Rencontre avec Largo" (26 mn) menée par le monsieur cinéma de Canal Laurent Weill. Il posera des questions à Jérôme Salle, Tomer Sisley, Julien Rappeneau (scénariste du film), Jean Van Hamme et Philippe Francq (dessinateur de la BD) en viendra apporter un condensé d'informations déjà entendue auparavant. Idéal pour ceux qui n'auraient pas envie d'écouter le commentaire audio...
Pour terminer, le Blu-Ray contient 4 scènes coupées avec présentation de Jérôme Salle (5 mn), dont on découvrira, sans surprise, qu'elles ont été retirées pour dynamiser le rythme du film, ainsi qu'un Storyboard (avec option PiP).
Critique Technique : Arnaud Mangin
Critique Interactivité : Pierre Delorme