Le film fleuve de Claude Autant-Lara est constitué de deux époques différentes pour une durée totale de plus de 3 heures. En premier lieu, force est de constater que la deuxième époque s'en tire étonnamment mieux que la première partie avec une restauration encore plus flagrante, un piqué plus affûté, une luminosité plus vive, un teint des comédiens plus naturel (très blafard dans la première époque), des scènes nocturnes mieux équilibrées et un master HD plus stable. Les défauts de la première partie proviennent du manque de naturel lors de certaines séquences en basse lumière avec des noirs tirant vers la couleur verte, des arrière-plans parfois décevants et une définition chancelante accroissant le grain qui n'a pû être totalement atténué sur les aplats de couleurs vives et les surfaces rayées, y compris sur la deuxième époque même si la granulation se fait moins flagrante. Il n'en demeure pas moins que la clarté est de mise pour les deux époques et que l'éclat de la palette colorimétrique, visible dès la première scène du procès, prouve si besoin est que l'on se trouve bien devant une édition en haute-définition. Le master des deux époques se trouve presque dépourvu de poussières (quelques points blancs) mais certaines rayures verticales n'ont pu être abrogées, comme lors de la première et de la dernière séquence de la deuxième époque. La couleur blanche omniprésente lors de la deuxième partie est souvent éblouissante et la séquence du bal (2ème époque, 20min50) met en valeur les matières et les couleurs disparates. Enfin, l'éditeur limite les décrochages de l'étalonnage dûs aux fondus enchaînés. Le confort de visionnage de cette édition HD est indiscutable.
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Deuxième époque
Les limites de la version française en mono 2.0 DTS HD Master audio sont repoussées et il n'est pas rare que le mixage sature au moment des pics musicaux (superbe thème principal signé René Cloerec) et de la présence de voix haut perchées. Autrement cette piste a subi pareillement à l'image un traitement de choc puisqu'aucun souffle n'est à déplorer, tout comme aucun craquement parasite ne vient perturber l'écoute. En revanche, un écho accompagne les dialogues lors des scènes se déroulant dans le jardin (première partie) donnant à l'ensemble un aspect artificiel. Il semble néanmoins que ce parti-pris soit d'origine. La voix de Gérard Philipe est la mieux mise en valeur surtout la voix intérieure de son personnage qui revient assidûment dans la première partie. De temps à autre, certains dialogues peuvent paraître rouillés mais cela n'apparaît que de manière épisodique.
L'intégralité de cette interactivité est proposée en HD :
Partition pour trilogie inachevée (51min07)
L'éditeur concocte un documentaire rétrospectif sur le film de Claude Autant-Lara en donnant successivement la parole à Jacques Douy (assistant décorateur), Geneviève Cortier (scripte girl), Antonella Lualdi (interprète de Mathilde de La Môle), Jean Lacouture (journaliste et écrivain), Jean-Daniel Verhaeghe (réalisateur d'une version télévisée du Rouge et le Noir en 1998) et Rosine Delamare (créatrice des costumes). Comme qui dirait, à chacun sa spécialité et nos interlocuteurs ne manquent pas d'anecdotes concernant la mise en route compliquée du film (difficultés financières, temps de tournage à respecter, pellicule limitée) et les rapports parfois mouvementés entre Gérard Philipe et Claude Autant-Lara. Tandis qu'Antonella Lualdi se souvient du tournage avec son partenaire, les autres participants reviennent sur l'oeuvre de Stendhal publiée en 1830 tout en dressant un portrait du cinéaste Claude Autant-Lara. En dépit de l'insertion excessive d'images tirées du film, ce documentaire se révèle en tous points passionnant. Il est cependant dommage que le réalisateur Dominique Maillet n'ait pas pu rencontrer Danielle Darrieux dont le témoignage manque cruellement à l'appel.
L'art de la stylisation chez Autant-Lara (30min03)
Nous retrouvons dans ce documentaire la plupart des interlocuteurs précédents, en particulier Jacques Douy, assistant décorateur du film, à qui ce segment est par ailleurs dédié puisqu'il nous a quitté en mars dernier. Son frère Max Douy (chef décorateur du Rouge et le Noir), décédé en 2007 apparaît également via quelques images d'archives récentes. Tous deux évoquent le travail minutieux effectué pour le tournage du Rouge et le Noir, les matières utilisées, le travail sur les couleurs afin de rendre chaque partie du film reconnaissable. Comme nous l'indiquent les intervenants du premier module, le budget pour la reconstitution était limité. La solution apportée par le décorateur était la stylisation des décors afin qu'ils coûtent moins cher, afin d'acquérir des objets, meubles et accessoires de très grande qualité. Chaque partie du film est précisément passée au peigne fin, de la palette de couleurs adoptée jusqu'aux moulures disséminées dans les décors. Ne manquez pas ce documentaire brillant qui met en valeur les petits métiers artistiques d'autrefois et qui ont totalement disparu aujourd'hui en raison de l'arrivée des nouvelles technologies dans le Septième art.