24 mesures a du donner du fil à retordre à l'éditeur ! En effet, la caméra sans cesse mobile de Jalil Lespert fusionnant avec la fureur des personnages entraîne de nombreux flous et séquences confuses, un parti-pris esthétique respecté par MK2. Un tournage brut dont la première séquence peut rebuter le spectateur mais qui se conforme à l'image vue en salle. Aux ambiances ouatées s'accordent une plongée dans une discothèque noyée de rouges saturés (15min), des scènes nocturnes en extérieur baignant dans un grain naturel et esthétique (32 minutes) ou un plan lumineux (33 minutes, scène du jogging). Les scènes de night-club sont très contrastées jusqu'à l'avènement des stroboscopes idéalement retranscris (53 minutes) et laissant place aux couleurs chatoyantes de la séquence jazz. Jalil Lespert privilégie l'éclairage naturel des néons et des lampadaires éclairant partiellement les acteurs mais entraînant quelques soucis de compression lors des brutaux déplacements. La palette est en revanche très belle et agréable une fois le spectateur doucement conditionné.
Dès l'ouverture crescendo, la piste DD 5.1. dispense ses effets musicaux avec parcimonie et efficacité sur l'ensemble des enceintes avec un caisson de basses joliment mis à contribution. Peut-être les dialogues manquent-ils légèrement de clarté pour pleinement apprécier le film à sa juste valeur mais une fois encore la compréhension des comédiens demeure aléatoire, tout dépend du lieu où se déroule l'action : une discothèque, un lieu proche d'une piste d'aéroport ou un endroit clôt. Bien qu'essentiellement axé sur les avants avec une excellente balance gauche-droite des frontales, la piste DD 5.1. parvient à tirer son épingle du jeu grâce à la succession de genres musicaux tout aussi divers. C'est surtout avec la musique jazz d'Archie Shepp (58 minutes) que profitent pleinement les latérales. La stéréo n'en demeure pas moins percutante avec un meilleur niveau des dialogues et un mixage homogène avec l'éclectique bande-originale du film.
Dommage qu'aucun making of ne soit proposé. Nous aurions souhaité voir figurer également un entretien de Jalil Lespert et des acteurs mais la grande qualité du court-métrage nous laisse finalement sur une note positive.
Court-métrage - De retour (22min48)
Parfaite introduction à 24 mesures, De retour impose d'emblée le regard sans concession d'un nouveau cinéaste sur la libération de prison d'un jeune homme, après trois années d'enfermement. Proposé dans une excellente qualité technique, ce court-métrage est une rude plongée dans le monde de la nuit où le son prend autant d'importance que les images. Le personnage principal redécouvre les bruits de la circulation, la rue, et réapprend à communiquer. Jalil Lespert s'inspire d'une nouvelle d'Olivier Adam (Je vais bien, ne t'en fais pas) présente dans le recueil Passer l'hiver. Epuré jusqu'à la moelle avec une économie de dialogues, les gestes trahissent l'âme bouleversée de Franck et de sa mère. De la rencontre entre Franck et son ex-petite amie en passant par un boulot retrouvé en usine puis à la première fête organisée avec ses potes retrouvés dans les boites de nuits où la techno rythme sa fureur, De retour est un film fiévreux tout aussi réussi que 24 mesures.
Bande-originale (extraits)
Quatre titres signés Manu le Malin et tirés de la bande-originale nous sont ici proposés avec l'affiche du film comme toile de fond. Voici les titres : Back into the pit (3min17), Glide Fever (3min54), Someone was there (4min48), Ultimatum part 2 (7min26).
L'interactivité s'achève par la bande-annonce du film (1min47).