Test DVD : A l'aube du cinquième jour

Le 23/07/2008 à 12:31
Par Sabrina Piazzi

Après les succès internationaux de ses deux précédents films, Le Carnaval des truands et Les Intouchables, Giuliano Montaldo ne répond pas aux sirènes des studios hollywoodiens, préférant rentrer en Italie afin de se consacrer à des sujets qui lui sont plus personnels et ambitieux. Contre toute attente, le cinéaste se tourne du côté du film de guerre décidé à mettre en valeur son absurdité. Avec A l'aube du cinquième jour, Giuliano Montaldo fait une dénonciation sans concession d'un épisode survenu en Hollande durant les derniers jours de la Seconde Guerre mondiale. Avec une reconstitution épatante et des comédiens exceptionnels, le film s'impose comme l'une des plus grandes oeuvres de guerre transalpine. A l'aube du cinquième jour brille par un sens du cadre précis, une tension qui va crescendo et des scènes encore aujourd'hui difficiles à supporter psychologiquement. Nous sommes encore bouleversés par cette histoire complexe où deux soldats allemands sont accusés et condamnés à mort pour désertion malgré la fin de la guerre. Leur sort sera réglé à l'aube du cinquième jour après la proclamation de la fin de la guerre.

Cette oeuvre âpre, froide et sans concession a dérouté le public italien lors de sa sortie en salle (il sera un échec). C'est la confrontation psychologique entre divers idéaux qui intéresse Giuliano Montaldo. Il enferme l'acteur Franco Nero dans une cabine de 2m² durant près de 45 minutes, adoptant son point de vue et laissant au spectateur le soin de se faire sa propre opinion sur ce régime disciplinaire en pleine déroute qui décide de fusiller ou de laisser la vie sauve à ces deux soldats jugés déserteurs. Le seul bémol provient de l'usage de la langue italienne pour toutes les nationalités du film (hollandaise, canadienne, allemande).

Nous noterons une belle apparition de Bud Spencer loin de ses rôles les plus connus, qui apporte au film un beau vent d'humanité. Enfin, la partition d'Ennio Morricone est sans doute plus connue que le film lui-même, raison de plus pour découvrir ou redécouvrir le film de Giuliano Montaldo. Decouvrez le Test DVD de A l'aube du cinquième jour.

Image : 6/20

Dernier de la salve de films italiens édités par M6 Vidéo, le film de Giuliano Montaldo peut se targuer de réapparaître après peu de diffusions à la télévision française depuis sa sortie en 1970. C'est peu dire qu'on l'attendait mais l'image n'est pas d'aussi excellente qualité que celle des autres films de la collection. Tout d'abord, un grain assez prononcé est omniprésent du début jusqu'à la fin même s'il s'atténue miraculeusement dans la dernière demi-heure du film. Cette purée de pois n'est guère aidée par la photographie d'origine signée Silvano Ippoliti (Ma femme est un violon) alliant brouillard, voile blanc et couleurs sombres à dominante kaki. La palette quasi monochromatique est un poil trop contrastée et l'ensemble peu naturel. On déplore divers troubles, des tremblements assez conséquents (41min20, 35min25, 52min), des flous (48min), des ennuis souvent ponctuels mais revenant durant la totalité du métrage. Evidemment, il est fort probable que la photo d'origine ait été souhaitée aussi sombre et affadie mais cela n'empêche pas les nombreux défauts techniques inhérents au pressage numérique ou laissés de côté lors de la restauration du film. Les cinq premières minutes du film (l'exode, le générique) contiennent un lot impressionnants de scories, heureusement adoucies par la suite jusqu'à trouver un équilibre finalement appréciable, n'affectant en rien la vision du film.

Son : 7/20

Dès la plongée dans l'exode, les effets paraissent couverts et sourds, sans précision. Comme pour l'image, cela se rééquilibre après l'ouverture de cinq minutes où les dialogues s'affichent clairs et sans anicroche auditive. On note bien une certaine saturation durant la sublime partition d'Ennio Morricone mais rien d'alarmant. A part les voix des comédiens, les effets divers de fusillades sont efficaces sans faire de l'épate et accompagnent harmonieusement l'ensemble.

Bonus : 6/20

Entretien avec Giuliano Montaldo (22min13)

Comme lors de l'entretien donné pour la sortie du DVD français de son film Les Intouchables, Giuliano Montaldo est fidèle à l'image qu'on lui donne, disponible, drôle et passionnant. Visiblement heureux d'évoquer le tournage de A l'aube du cinquième jour (dont des extraits en anglais parsèment ce module), le réalisateur enchaîne les anecdotes de tournage. Cette interview débute pareillement à celle du DVD des Intouchables avec un retour sur ses débuts au cinéma. Puis le cinéaste bifurque sur son thème de prédilection à savoir une aversion profonde pour l'intolérance. Il donne de nombreux éléments de tournage sur A l'aube du cinquième jour, tourné entièrement en Yougoslavie pour des raisons d'économie et d'accessibilité, le camp de prisonniers ayant été entièrement reconstruit. Puis, le cinéaste en vient aux conditions difficiles de tournage en raison de la boue, de la pluie, de la nuit et du froid.

A l aube du cinquième jour

Giuliano Montaldo s'arrête un moment sur Bud Spencer et sa participation au film. Grande star de l'époque, l'acteur accepte de jouer gratuitement dans le film de son ami. Le reste du casting est passé au peigne fin (Franco Nero entre autre) ainsi que sa trilogie du pouvoir entamée avec ce film (pouvoir militaire) puis développée avec Sacco et Vanzetti (pouvoir politique) et enfin Giordano Bruno (pouvoir religieux). Giuliano Montaldo rit devant la crédulité des producteurs qui ne prennent souvent aucun risque, n'ayant que l'argent en ligne de mire. Le metteur en scène a la nostalgie du temps où le cinéma savait prendre des risques et suscitait des discussions après les séances.

Il clôt cet entretien en revenant sur sa longue collaboration avec son ami Ennio Morricone (16 collaborations pour le cinéma et la télévision) et rend hommage à l'acteur Gian Maria Volontè qui l'a « abandonné trop tôt » et qu'il désirait retrouver sur d'autres projets.

L'interactivité s'achève sur quelques notes de production et les bandes-annonces de la collection italienne éditée par M6 Vidéo/SNC : Les Intouchables (4min07), Confession d'un commissaire de police au procureur de la république (3min44), Il Vedovo (4min05), Il Giovedi (3min29), Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? (3min44), Mariti in città (4min08), Le Cri (3min09), et Don Cesare di Bazan (1min34).