Encoder un film comme A L'intérieur sur DVD n'est pas chose facile, mais le tournage du film en HD facilite néanmoins le transfert, pour un résultat franchement honnête. En effet, si les rares scènes d'extérieurs qui ouvrent le film bénéficient d'une vaste profondeur de champs, permettant de profiter d'un nombre inouï de détails, le gros de l'intrigue se situe ensuite dans le quasi noir complet... soit une énorme embûche pour le Mpeg 2. Fatalement, certains plans trahissent les limites de l'encodage en raison de la complexité de certains contrastes, mais on doit reconnaître néanmoins un joli travail en termes de restitution, y compris dans les scènes sous-exposées. Pour pleinement profiter de l'étonnant travail de photographie d'A L'intérieur, on attendra que le film soit disponible en Haute définition.
Si l'univers visuel du film trouve ses limites en DVD, son rendu sonore brille en revanche par sa générosité. Une simple piste Dolby Digital 5.1 donne irrémédiablement le ton et nous console de l'absence d'une quelconque piste DTS. En effet, le 5.1 délivre une atmosphère où effets sonores et musique orchestrale se mêlent jusqu'à ne plus faire qu'un et permet d'extrapoler d'autant mieux la violence déjà bien visible de certains meurtres. Ca crisse, ça craque, ça déchire, ça cogne, ça fait tambouriner le caisson de basses plus que nécessaire au profit d'une véritable ambiance enveloppante et surréaliste. Le tout soutenu par des décibels délivrant plein pot et par une certaine agressivité auditive participant judicieusement à alourdir le ton malsain du film. L'éditeur a également pensé à ceux qui ne sont pas équipés d'un home cinéma en proposant une piste 2.0 de très bonne facture et profitant joyeusement d'un jeu de balance démonstratif.
Pour sa sortie en DVD, A L'intérieur bénéficie des meilleurs égards et se retrouve affublé d'une interactivité particulièrement complète, digne des plus grosses machines, répartie sur pas moins de deux DVD. Oui Madame ! Pour donner toutes les chances à la restitution technique du film, le premier disque se contente de proposer un commentaire audio. Pour sûr, il se font plaisir les deux jeunes réalisateurs, ici accompagnés de leur directeur photo, et se servent de ce prétexte pour étaler durant une heure et quart tout leur amour pour le cinéma de genre. Outre leurs multiples influences, appuyant un peu mieux la déconstruction de leur œuvre par quelques détails parfois invisibles à l'œil nu, ils livrent peut-être sans s'en rendre compte une chouette analyse de l'état du cinéma d'horreur en France. La courte durée du film (et donc du commentaire) n'en rend que plus sympathique son écoute.
On se rend ensuite sur le second DVD pour découvrir le vrai bonus de poids. Le making of intitulé Le Fruit de nos entrailles (52minutes) décompose bien évidemment la conception du film mais s'impose surtout comme un vrai petit guide presque pédagogique du "savoir faire un film d'horreur à moindres frais". Le bonheur, c'est que l'approche est essentiellement technique, et comme le film n'est pas avare d'hémoglobine, les amateurs d'effets spéciaux sanglants en ont pour leur argent. Tout ou presque est ici détaillé pour apprendre à massacrer les familles moyennant quelques astuces de mise en scène. Le reste du film est un peu mis en retrait, mais le parti pris du documentaire le rend assurément plaisant à suivre sans jamais provoquer l'ennui.
La section interviews est ensuite la plus enrichissante, mais elle trouve aussi le moyen de ne pas être redondante avec le commentaire ou avec le making of. On appréciera le côté sadique de Béatrice Dalle qui, dans une interview (9min17) comme dans l'autre (2min12), déstabilise totalement les journalistes qui l'interrogent tout en trouvant néanmoins le moyen de s'ouvrir sur cette étrange expérience. Plus riche, l'interview des deux réalisateurs (32min40) ne leur permet pas de parler de leur film mais uniquement de ceux des autres. Durant plus d'une demi-heure, ils y décortiquent donc les nombreux films de genre qui les ont inspirés pour donner vie à A L'intérieur.
Le reste est un peu plus anecdotique, bien que certains modules auraient mérité de figurer dans le making of. Outre les traditionnelles bandes annonces et galeries, on y trouvera la fausse bande annonce (1min17) réalisée avec trois bouts de ficelles et avec d'autres actrices pour convaincre les financiers, l'enregistrement de la bande originale (10min15), un court-métrage "Pizza à l'œil" franchement pas terrible et surtout un segment Modules (environ 15minutes) regroupant quelques chouettes choses. Quelques séquences de maquillages hardcore, mais aussi la sortie de la projection de presse où l'on distinguera notre vieux pote Romain LV et son inimitable T-Shirt.... Finalement, tout ça n'est qu'un petit univers.