En dépit d'un fourmillement et d'une granulation accentuée durant les scènes de nuit, le master de Boarding Gate met en valeur la photo glacée-bleue et blanche signée Yorick Le Saux, déjà remarqué pour ses diverses collaborations avec François Ozon sur 5 x 2, Sitcom et Swimming Pool. Olivier Assayas et son chef opérateur appuient les fonds blancs étincelants faisant ressortir au scalpel les détails lors des gros plans durant la première partie. La séquence de la rencontre au bureau baigne dans une atmosphère diaphane du plus bel acabit et les comédiens se détachent sans mal de l'arrière-plan. La réalisation souvent nerveuse du cinéaste, marquée par l'usage de la caméra à l'épaule, est soutenue par une compression uniquement chancelante lors des séquences sombres qui rompt l'harmonie de ce transfert soigné. Notons par ailleurs la beauté de la partie hongkongaise dont la scène de la discothèque au piqué saisissant.
Cette édition ne parviendra pas à se distinguer avec ses trois petites interviews, donnant la parole à Olivier Assayas (4min28), Asia Argento (3min33) et Michael Madsen (2min51). Le cinéaste évoque sa complicité avec Asia Argento ainsi que l'assassinat en 2005 du financier Edouard Stern par sa maîtresse au terme d'une séance de SM qui a donné le point de départ de l'histoire de Boarding Gate. Si l'entretien avec Michael Madsen n'a strictement aucun intérêt, celui avec Asia Argento s'avère le plus intime. La comédienne y fait une véritable déclaration d'amour au cinéma en disant que le septième art lui permet d'échapper à ses démons et de se sentir vivante. Elle y évoque également sa collaboration avec Olivier Assayas pour qui elle s'est investie corps et âme.