En dépit de quelques poussières subsistantes, points blancs et griffures, ce master de Boy meets girl se révèle très soigné, propre et met en valeur le superbe N&B signé du chef opérateur Jean-Yves Escoffier (Mauvais sang, Les Amants du Pont-Neuf, Will Hunting). Tout d'abord très granuleux et laiteux, il faut attendre la fin du générique d'ouverture pour que le transfert trouve son équilibre entre les séquences nocturnes très contrastées aux noirs compacts, avec les scènes d'intérieur souvent très lumineuses et détaillées. Les picotis ont néanmoins tendance à revenir sur les aplats de couleurs claires tout comme lors des déplacements rapides de la caméra. Les surimpressions ont tendance à accentuer les divers fourmillements constatés tandis que les surfaces rayées entraînent quelques moirages sporadiques. Il n'en demeure pas moins que ce master demeure de très bonne qualité et que l'évidente restauration permet d'admirer la beauté de la photographie.
A l'instar de l'image, Leos Carax expérimente sur la bande-son du film mixant David Bowie et Serge Gainsbourg, tout en jouant sur certains échos et bruitages superbement rendus via ce mixage percutant, propre et luxuriant. Sans aucun souffle parasite, cette piste sonore met en valeur le moindre son ou modulation voulus par le cinéaste et les divers échos entendus sont de ce fait volontaires. Lors de certaines séquences, le cinéaste allie les dialogues repris en postsynchronisation, décalés à bon escient par rapport aux mouvements des lèvres des comédiens, avec d'autres dialogues délibérément inaudibles ou murmurés. Lors des échanges plus "ordinaires" les voix des comédiens sont bien posées, sans aucun accroc ni craquement. Une petite saturation constatée au moment où Mireille Perrier entonne la chanson de Barbara (à 1h20) qui n'entame en rien la qualité et le confort d'écoute.
Cet essai de Denis Lavant (âgé de 22 ans) tourné en vidéo se révèle original puisque Leos Carax a visiblement demandé au jeune comédien de s’exprimer sur le personnage d’Alex, affublé d’un casque sur les oreilles lui passant une musique en continu. Tour à tour prolixe puis visiblement déstabilisé par la musique, Denis Lavant se tire intelligemment de l’épreuve en prenant un air inspiré quand il évoque le personnage d’Alex.
Denis Lavant et Mireille Perrier en répétitions (17min31)
Egalement tournées en vidéo, ces répétitions effectuées juste avant les prises de vue montrent la concentration des deux comédiens, écoutant les directions de Leos Carax hors champ. Le clap indique un titre de film provisoire « Si j'étais toi », les images montrées sont brutes, le son est souvent inaudible voire muet et quelques grésillements ainsi que divers sifflements sont stridents.