Comme l'indique Bertrand Tavernier lors de son passionnant entretien disponible dans les suppléments, la photo de Capitaine Mystère a été réalisée en fonction du temps maussade de l'Irlande où le crachin constant a amené Douglas Sirk à user du Technicolor avec parcimonie. Ne vous attendez pas à des couleurs vives mais volontairement atténuées voire souvent délavées. Certes le résultat devait être conforme à la photo d'origine lors de son passage sur grand écran mais force est d'admettre que la palette colorimétrique s'avère relativement altérée sur la petite lucarne. Le master a beau être correctement restauré, certaines tâches apparaissent sporadiquement, la granulation est accentuée lors des fondus enchaînés (exemple à la 7min28) et on note de sérieux déséquilibres de l'étalonnage. Au moment des scènes tournées en nuit américaine ou en intérieur peu éclairées, les visages des comédiens manquent cruellement de détails (exemple à la 8min40), paraissent trop blêmes, les contrastes sont trop accentués et quelques fourmillements se font ressentir dans les arrière-plans. Maître du Cinémascope, Douglas Sirk concocte cependant des plans au relief impressionnant comme lors des poursuites ou tout simplement lors de l'exposition des paysages irlandais. Enfin, divers troubles viennent parasiter la scène de l'évasion en barque à 1h23.
La version française dispose d'un doublage d'époque assez réussi, ne manquant pas d'entrain et s'avouant moins bourdonnant que son homologue anglaise. Cette dernière piste est néanmoins plus dynamique que la version française avec plus d'aigus mais accompagnée d'un grésillement agaçant à chaque dialogue. Même si un léger souffle se ressent en version originale, nous ne saurons que trop vous conseiller de sélectionner celle-ci afin de profiter de la voix inimitable de Rock Hudson. Dommage cependant que les ambiances ne soient pas un peu plus mises en valeur.
L'Ironie d'un récit (27min09)
Le cinéaste Bertrand Tavernier revient sur le tournage du film de Douglas Sirk, sa production en Irlande, sa photographie et ses comédiens, tout en évoquant la place du film d'aventures dans la carrière de Douglas Sirk. Le cinéaste ne cache pas son affection pour Capitaine Mystère et s'avoue très heureux de voir enfin le film édité en DVD. Dans la première partie de ce brillant exposé, notre interlocuteur s'attarde sur le fond de l'histoire tout en se remémorant la découverte du film à la fin des années 50. Le mot récurrent de cette présentation est l'ironie. L'ironie avec laquelle Douglas Sirk traite ses personnages, son sujet, comme les distances émises vis-à-vis des canons du genre du film d'aventures. De ce fait, Bertrand Tavernier rapproche ce film des écrits de Stevenson avec l'usage d'un ton décontracté, par moment euphorique, loin de la pression des studios hollywoodiens due au tournage en Irlande.
Dans un second temps, le cinéaste français passe en revue le casting en mettant l'accent sur Rock Hudson et Barbara Rush. Pour terminer, la photo signée Irving Glassberg est abondamment disséquée tout comme les conditions de tournage en Irlande et les récurrences formelles dans le cinéma de Douglas Sirk.
L'interactivité se clôt sur la bande-annonce du film en vost (2min12).