C'est un quasi sans faute que nous propose l'éditeur avec ce transfert vraiment à l'image du film que l'on a pu découvrir en salle, respectant en tous points les volontés artistiques de la réalisatrice. En cela, l'image est un vrai régal pour les yeux. Les couleurs dominantes, le vert, le jaune-orangé et le rouge, se révèlent agréablement éclatantes et chatoyantes et sont soutenues par une gestion fluide des contrastes et une belle profondeur de champ. La palette colorimétrique est à l'image du caramel utilisé pour les épilations orientales : chaude, blonde, dorée, vive. Les tonalités sont renforcées par une lumière soignée et extrêmement travaillée (peut-être un poil trop chargée) dans les scènes se situant dans le salon de coiffure, et une luminosité plus naturelle lors des séquences extérieures tournées dans les rues d'un Beyrouth en pleine chaleur. L'éditeur Bac Vidéo qui fait toujours du bon boulot, restitue cette fois-ci un vrai travail d'orfèvre et un équilibre inespéré de la compression étant donné le nombre élevé de pistes audio (5 au total).
Bac Vidéo nous gâte en nous proposant rien moins que cinq pistes sonores qui dans leur ensemble restituent un son d'un très bon acabit. Mention spéciale à la piste DTS 5.1 libanaise qui est supérieure aux pistes DD 5.1 libanaise et française parce qu'elle offre une bien meilleure spatialisation des ambiances. Néanmoins, ces deux dernières, assez équivalentes en termes d'effets, offrent une bonne dynamique d'ensemble (dialogues actifs, musique bien présente) même si la spatialisation est légèrement moindre. Les deux mixages stéréo se valent parfaitement et sont à l'image du film, vivants et d'un beau relief.
Entretien avec Nadine Labaki (19min43)
La scénariste, actrice et réalisatrice Nadine Labaki raconte l'aventure Caramel en s'attardant sur la condition de la femme libanaise aujourd'hui, vivant sous le regard des hommes et sous jugement constant, alors qu'elle peut se permettre de se libérer de certaines contraintes. Nadine Labaki elle-même dit s'être trouvée déchirée entre ses racines et l'avantage de travailler librement dans le milieu cinématographique. Pour les femmes libanaises, la liberté n'est qu'apparente : elles se trouvent généralement déchirées entre ce qu'elles ont envie de vivre (le personnage de Layale joué par la réalisatrice) et ce qu'elles se permettent de vivre. Tout en vivant leur propre vie, les personnages doivent rendre des comptes, par amour pour leur famille et la société dans laquelle elles vivent. Nadine Labaki ne pouvait pas résumer la femme libanaise et tout ce qu'elle affronte quotidiennement. Toutes ces caractéristiques se retrouvent dans la galerie de personnages donnant une idée assez large de ce qu'elle représente. Pour créer ces personnages, Labaki s'est inspirée de gens autour d'elle afin de traiter des problèmes que les femmes endurent.
Concernant le casting, Nadine Labaki n'a engagé que des acteurs pour la plupart non professionnels. Elle ne cache pas son affection pour Aziza Semaan incarnant Lili, qu'elle a trouvée dans la rue.
Dans la dernière partie de l'interview, Nadine Labaki aborde la guerre au Liban et l'envie de montrer un autre visage de Beyrouth, méconnu et pourtant réaliste. Un visage coloré, chaleureux, avec la volonté de vivre et de survivre. Cet entretien court mais passionnant se montre aussi complet que peut l'être n'importe quel commentaire audio, à écouter et surtout à méditer.
Le premier disque s'achève sur la biographie et la filmographie de Nadine Labaki, les bandes-annonces de Caramel (vf, 1min59), 4 mois, 3 semaines et 2 jours (vostf, 1min38), Waiter ! (vostf, 1min59) et Miss Potter (vf, 1min51), et le lien internet vers le site de Bac Films.
DVD 2
Rencontre avec Anne-Dominique Toussaint (21min35)
La productrice de Respiro et de La Moustache nous narre l'aventure Caramel, de l'écriture du scénario au tournage en passant par sa rencontre avec Nadine Labaki jusqu'à son accueil triomphal au Festival de Cannes en 2007. C'est en 2003 à Beyrouth que Toussaint rencontre Nadine Labaki, jeune réalisatrice de clips et de publicités. Le désir de la jeune femme est de faire du cinéma mais au Liban elle n'en a pas vraiment les moyens. Toussaint lui demande si elle a déjà quelques idées de scénario à lui proposer. Un peu plus tard, Labaki lui envoie la première ébauche de Caramel et la productrice lui parle alors de la Résidence du Festival de Cannes : depuis 2000, chaque année à Paris, au cours de deux sessions successives de quatre mois et demi, six réalisateurs étrangers ayant un projet de premier ou second long métrage sont encadrés par des professionnels du cinéma qui les aident à mettre au point l'écriture de leur scénario et à préparer la réalisation de leur film. Nadine Labaki est retenue. Plus tard, la productrice a dû trouver les financements tout en laissant carte blanche à Labaki pour constituer son casting. Il n'était d'ailleurs pas évident dès le départ que Nadine Labaki joue dans son propre film. Un casting a été organisé pour le rôle qu'elle acceptera finalement de tenir malgré ses premiers doutes.
L'équipe était essentiellement libanaise (costumes, décors, techniciens, chef opérateur) et il s'agissait pour la plupart des techniciens de leur premier film. C'est le cas d'Yves Sehnaoui, le chef opérateur, tout comme de la créatrice des costumes Caroline Libaki, la sœur de Nadine. Le tournage s'est déroulé du 20 mai au 2 juillet 2006. Dix jours après la fête de fin de tournage, Beyrouth sera bombardé. Les rushes de Caramel seront bloqués au Liban et Toussaint parviendra tout de même à les faire rapatrier en France avec Nadine Libaki. La suite, on la connaît : le film devient un phénomène, surtout auprès des femmes, et il bénéficiera en France d'un excellent bouche-à-oreille, pour totaliser un score de 500 000 entrées.
Anne-Dominique Toussaint revient point par point sur l'élaboration du film et complète en tous points le précédent entretien. Un commentaire audio aurait été redondant tant ces interviews abondent d'informations et d'anecdotes.
Rencontre avec Nadine Libaki et Khaled Mouzanar (19min09)
La réalisatrice est cette fois-ci accompagnée de son compositeur. Ensemble, ils abordent les choix musicaux retenus pour Caramel durant la première partie de ce segment. Khaled Mouzanar déclare que le scénario lui a donné une liberté énorme mais qu'il devait en même temps s'adapter au rythme du film. Chaque personnage est accompagné d'un thème musical qui lui est propre et qui évolue en fonction de l'histoire de chacun. La culture cinématographique de Nadine Libaki est très ancrée dans le cinéma égyptien des années 50, contenant beaucoup de chansons. C'est tout naturellement que la cinéaste a voulu rendre hommage à ce cinéma à travers plusieurs musiques en introduisant un nouveau style, avec des paroles libanaises, qui se sont popularisées après la sortie du film.
Dans la deuxième partie, Nadine Libaki aborde la conception des décors de Caramel, très ancrés dans les années 60-70 (inspirés de lieux existants), la création des costumes qui donnent une identité propre à chacun des personnages, la lumière de son chef opérateur Yves Sehnaoui, avec qui elle avait déjà travaillé sur ses clips et publicités, l'écriture du scénario avec deux hommes (très sensibles à la femme et ce qu'elle endure) et enfin le montage.
Les trois entretiens disponibles sur ce coffret dvd font office de commentaire audio et se révèlent donc indispensables et passionnants.
Les Coulisses du tournage (11min52)
Enchaînement agaçant d'images du tournage prises sur le vif où l'on note l'ambiance chaleureuse et amicale qui a régné durant les quelques semaines de tournage.
Caramel et les festivals (4min30)
Ce segment propose un petit tour mondial de la présentation du film par la réalisatrice, sa productrice et ses actrices devant un public de festival conquis et enthousiaste.
En toute fin d'interactivité, vous retrouverez un diaporama (6min31) animé et musical comprenant des clichés issus du film et du tournage.
EN + : comme pour Les Chansons d'amour, l'éditeur a glissé la bande originale envoûtante du film en guise de troisième disque. Le dossier de presse est également disponible dans l'édition collector.