Test DVD : L'Arbre et la forêt

Pour son premier transfert DVD, Ad Vitam s'en sort haut la main avec un master immaculé, mais surtout une jolie restitution des couleurs chaleureuses et automnales, où les verts sensiblements délavés et les gammes de marrons s'allient à merveille. Une palette par ailleurs consolidée par une compression soignée. Même si le piqué n'est pas aussi ciselé qu'espéré au niveau des gros plans avec des visages manquant un peu de précision et souvent grisâtres, le 2.35 offre une profondeur de champ appréciable, la saturation des couleurs est propre.

Aïe... il semble que la piste 5.1 soit handicapée d'un pépin chronique et agaçant durant 1h30. En effet, les enceintes arrière distillent un souffle ininterrompu, comme si les latérales demeuraient en mode "test", y compris durant les séquences se déroulant en intérieur. Le film débutant sur une promenade en forêt, on pouvait croire qu'il s'agissait du souffle du vent spatialisé sur l'ensemble des enceintes mais la discussion suivante se déroulant dans un salon au calme indique le mauvais équilibre des surround et cause un bruit constant gâchant un peu le visionnage. Les frontales sont certes distinctes mais manquent de punch et il faut véritablement attendre les passages où le père de famille écoute Wagner à fond pour que le mixage trouve un équilibre solide où toutes les enceintes sont enfin mises à contribution (exemple à 14min, 36min). A part ces rares moments, les surround demeurent trop discrètes mais le film ne se prête guère aux ambiances massives. Il faudra alors vous tourner vers la stéréo, nettement plus ardente, peut-être même trop pourrait-on dire car le mixage manque sensiblement d'harmonie et a une fâcheuse tendance à tout miser sur les dialogues parfois trop vigoureux. Il n'est donc pas nécessaire de régler très fort le volume de votre installation pour profiter de l'intimité du film.

Paragraphe 175 (1h14)

L'éditeur ne propose pas de making of mais un documentaire exceptionnel datant de 2000, réalisé par Rob Epstein et Jeffrey Friedman. Que se cache-t-il derrière ce titre sobre ? Le Paragraphe 175 tient une place importante dans l'histoire de L'Arbre et la forêt puisqu'il s'agit du texte issu du code Pénal allemand de 1871 stipulant l'interdiction d'une "relation sexuelle entre deux hommes ou entre des animaux avec des animaux sous peine d'emprisonnement et la suspension des droits civils". Cette loi, reprise pas les nazis sous le IIIème Reich entraînait la traque des homosexuels qui une fois arrêtés, étaient envoyés dans divers camps de concentration, notamment celui de Schirmeck en Alsace, à l'instar du personnage excellemment interprété par Guy Marchand dans le film de Jacques Martineau et Olivier Ducastel. Par ailleurs, ce documentaire donne la parole à quelques rescapés des camps mentionnés dont Pierre Seel, homosexuel alsacien interné dans le camp de Schirmeck qui apporta son témoignage dans un livre "Moi, Pierre Seel", qui a grandement inspiré le personnage principal de L'Arbre et la forêt. Narré par le comédien Rupert Everett, ce devoir de mémoire éclaire sur une page sombre et méconnue de l'Holocauste via de nombreuses et rares images d'archives. A noter que la version est-allemande du Paragraphe 175 a été appliquée jusqu'en 1968 et que l'Allemagne de l'Ouest a conservé la loi nazie jusqu'en 1969.