La Dernière cible est l'épisode le plus récent et pourtant l'édition remastérisée ne s'élève pas au même niveau que les trois premiers épisodes. En raison d'un budget plus modeste, le 2.35. est abandonné au profit du 1.85. Il est important d'indiquer que la copie ici ne respecte pas le format original, reformatée en 1.77. Etrangement, les conditions de visionnage sont plus plaisantes qu'en 2001 avec un cadre plus large et une plus grande profondeur de champ. Le grain y est sensiblement plus présent que pour les autres films (le ciel, les murs beige du repaire de l'assassin), les plans de nuit légèrement ouatés mais les couleurs d'origine sont corrigées. La scène du clip vidéo est baignée de néons et de spots colorés parfaitement harmonieux, sans bavures ni problèmes de définition. La compression affiche des signes de faiblesse dans les scènes sombres comme lors de la première apparition de Clint Eastwood à l'écran. Certes Buddy Van Horn et son chef opérateur n'ont pas tout misé sur l'esthétisme du film (on met de la brume partout), mais les contrastes sont assainis par rapport à la précédente édition et le voile gris a disparu. Il manque un soupçon d'éclat à l'ensemble spécialement dans les scènes d'intérieur plus atones.
Edition 2001
6/10 pour la version originale
6/10 pour les trois autres pistes
Un remixage 5.1 bien faiblard pour la version originale qui accuse un manque flagrant d'ardeur et de punch. Tout y est essentiellement canalisé sur les avants, les latérales se rappelant de répandre quelques effets durant le générique de début et de fin pour assurer leurs missions. Les basses de la partition de Lalo Schifrin déclinent graduellement jusqu'à ne livrer qu'un coup de feu par ci par là, une sirène de police, un chien qui aboie ou une porte qu'on ferme. Voilà pour les scènes d'action de La Dernière cible. Le mixage est maladroit et bien terne : c'est bien simple, on a l'impression d'être devant une stéréo toute simple où même la voix de Clint Eastwood a du mal à s'imposer. Même les autres langues disponibles paraissent plus dynamiques ! La piste hongroise 1.0. demeure axée sur les dialogues percutants mais au détriment des effets sonores émoussés. La version française 2.0. manque sacrément d'envergure par rapport à l'italienne 2.0. qui s'impose comme étant la plus précise du lot.
Commentaire audio de Jack N.Green (directeur de la photographie) et de David Valdes (producteur) (vo)
C'est d'abord avec stupéfaction que l'on apprend qu'il y avait un directeur de la photographie sur La Dernière cible. Deuxièmement, c'est toujours avec étonnement qu'on écoute un producteur défendre ce film avec un vif intérêt. Buddy Van Horn, le « réalisateur » du dernier opus de la saga Harry Callahan avait-il trop honte ou n'a-t-il pas trouvé un créneau d'1h25 entre deux cascades pour expliquer le pourquoi du comment ? Toujours est-il que le producteur monopolise la parole et s'il laisse quelques espaces libres à Jack N. Green c'est pour qu'il approfondisse son « stupéfiant travail s'inscrivant dans la droite lignée des précédents films tout en inscrivant La Dernière cible dans une ère plus moderne ». Très fiers du résultat final, « toujours aussi frais et excellent, les scènes d'action incroyables », les deux hommes se congratulent durant moins d'1h30, enlevez 45 minutes de blancs où ils s'extasient devant le film. Enfin, on ne sera pas étonné d'apprendre que le tournage a été très rapide ce qui explique peut-être le niveau de ce fâcheux épilogue. Maintenant le commentaire est-il indispensable ? La réponse n'est peut-être pas négative si vous désirez écouter deux individus s'extasier devant un navet, les sourires sont garantis !
Le savoir-faire de l'Inspecteur Harry (21min36)
On termine les documentaires inédits de cette ressortie avec un module consacré aux monteurs des cinq opus. Carl Pingitore pour le premier film (ainsi que pour Un frisson dans la nuit et Les Proies), Ferris Webster, un des plus grands monteurs de l'histoire du cinéma avec son actif Les Sept Mercenaires et La Grande évasion ainsi qu'une quinzaine de films avec ou de Clint Eastwood (Magnum Force, L'Inspecteur ne renonce jamais) dont il devient le collaborateur, de Joe Kidd (1972) au superbe Honkytonk man (1982), son dernier film. Après la mort de ce dernier, ce sera Joel Cox, assistant de Ferris Webster dès le troisième Harry Callahan, qui deviendra le monteur attitré de Clint Eastwood jusqu'à ce jour avec vingt films en commun. En revanche, ce documentaire fait l'impasse sur Ron Spang, le monteur de La Dernière cible, qui a depuis disparu de la circulation. L'autre particularité de ce segment est de montrer de nombreuses images inédites de tournage avec Clint Eastwood derrière la caméra sur les plateaux de Josey Wales, Pale Rider, Impitoyable... alors que les éditions DVD des longs métrages du réalisateur sont souvent dépourvus de ce genre de bonus ! Clint Eastwood nous parle de ses fidèles collaborateurs qu'il retrouve de films en films depuis près de trente ans. Dans la dernière partie, Lalo Schifrin a enfin le droit à la parole, lui qui a accompagné l'univers de Callahan sur tous les films de la saga excepté le troisième opus.
L'interactivité s'achève sur les bandes-annonces des films de L'Inspecteur Harry (10min34, vo) :
L'Inspecteur Harry (3min19), Magnum Force (2min14), L'Inspecteur ne renonce jamais (2min11), Sudden impact : Le Retour de l'Inspecteur Harry (1min24), La Dernière cible (1min24).