La Grande sauterelle est le film le plus ancien de cette nouvelle salve consacrée à Georges Lautner. Présenté dans son format d'origine 1.85. et dans un master restauré, le film marque la sixième collaboration entre le cinéaste et Mireille Darc. La remastérisation se révèle moins soignée sur support numérique que les précédentes éditions. La palette de couleurs apparaît sensiblement fanée, les scènes de nuit sont peu tranchées et le rendu du ciel de Beyrouth se double d'une apparente granulation. Tout au long du film, le transfert alterne le bon et le médiocre. Le bon point concerne la luminosité rendant hommage au soleil du Liban (exemple à 54min30) photographié par Maurice Fellous, complice de Georges Lautner sur 25 films. Malgré quelques plans un peu flous, de petits tremblements et divers problèmes de compression lors des balayages caméra, la situation s'améliore dans la dernière partie où le cinéaste opte pour de nombreux gros plans de son actrice (et muse), offrant de savoureux détails comme les nombreuses tâches de rousseur de la comédienne. La photo ambrée et sableuse laisse ensuite place à une séquence aux teintes sépia caractérisée par la danse psychédélique (1h07). On apprécie également la profondeur de champ et le relief comme le repaire de Gédéon (Francis Blanche) ainsi que des noirs d'une belle densité. Dommage cependant que le rendu des textures ne soit pas plus soigné et que les plans filmés à la sauvette manquent de précision.
Essentiellement axée sur les voix des personnages, l'action du film met en valeur les voix graves des comédiens notamment celle de Georges Géret ouvrant La Grande sauterelle sur un monologue savoureux signé Michel Audiard. Une très belle entrée en matière soutenue par la composition de Bernard Gérard. Ensuite, une voix-off très basse évite toute saturation grâce à un dépoussiérage adéquate mais un souffle persiste dans de nombreuses scènes. Les coups de feu sont suivis d'un écho d'origine mais d'autres résonnances apparaissent plus artificielles comme la séquence de la piscine (27ème minute). Plusieurs dialogues repris en postsynchro se détachent de l'ensemble comme lorsque Salene (Mireille Darc) joue de la guitare. Les mouvements de la bouche de la comédienne ne correspondent alors pas du tout à ce qu'elle dit et sa voix se place au-dessus de toutes les ambiances. Au final, cette piste 2.0. s'en tire honorablement même si la restauration n'équivaut pas celle des autres DVD issus de la nouvelle salve consacrée à Georges Lautner.
Présentation du film par Georges Lautner (6min49)
Le cinéaste parle de son quinzième film en insistant sur le caractère original qu'il occupe dans sa filmographie. Georges Lautner évoque sa collaboration avec Vahé Katcha, avec qui il avait adapté son roman Galia l'année d'avant. Suivent ensuite des anecdotes sur le tournage du film au Liban et sur le casting. 7 minutes pour parler du film, c'est tout... c'est peu.
L'interactivité se clôt sur les bandes-annonces de Fleur d'oseille (3min15), Quelques messieurs trop tranquilles (2min56) et Pas de problème! (1min36).