Test DVD : Le Bel Antonio
Le 11/02/2008 à 11:09
Par Sabrina Piazzi
Avec Le Bel Antonio, le réalisateur Mauro Bolognini est épaulé par un scénariste de choix, Pier-Paolo Pasolini, qui avait déjà contribué aux scripts de nombre de ses films précédents comme Marisa la civetta (1957), Les Jeunes maris (1958) et Les Garçons (1959). Dans Le Bel Antonio, le cinéaste dresse une étude des mœurs italiennes du début des années 60 en se concentrant sur le personnage d'Antonio Magnano, véritable Don Juan séducteur à la beauté splendide et élégante. Originaire de Sicile, le jeune homme retourne dans sa terre natale après avoir passé trois ans à Rome. Son père, autoritaire et vaniteux, lui réserve un avenir de bon augure : épouser la fille d'un richissime notaire, Barbara Puglisi (Claudia Cardinale). D'abord réticent à se marier avec une inconnue, il se décide à l'épouser, en contentant au demeurant sa famille, après en être tombé amoureux en voyant son portrait. Un an plus tard, le père de Barbara va découvrir que le mariage n'a jamais été consommé...

Sur un thème aussi délicat que l'impuissance, Bolognini et Pasolini signent un film d'une grande beauté, loin de tout prosaïsme. A l'inverse, le sujet est amené tout en finesse au cours du film qui a le mérite de prendre son temps. Le personnage d'Antonio, incarné avec beaucoup d'impartialité par Marcello Mastroianni, se dessine à nos yeux petit à petit, couche après couche. Antonio, faussement heureux, vit en fait dans le mal être de ne pouvoir satisfaire sa femme. Il l'aime profondément mais leur relation ne se maintient qu'au stade des baisers, de la tendresse et rien de plus. Antonio recherche en réalité un amour illusoire, pur et innocent. Et ceux-là même qui le magnifiaient autrefois le fustigeront à leur tour, car si Antonio incarne physiquement l'idéal masculin, il n'appartient pas intérieurement à la norme d'une société qui vilipende les impuissants.

Le film prend une véritable tournure dramatique en critiquant et désapprouvant les conventions et les institutions comme la religion. Antonio est hors norme et se situe du côté des êtres purs et immaculés. Il considère l'humanité comme mauvaise et vulgaire. Loin de montrer la figure archétypale du mâle italien, sûr de lui et crâneur, Mauro Bolognini dépeint l'homme dans toute sa fragilité et sa délicatesse et signe une œuvre surprenante à bien des égards et surtout très belle.
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