L'éditeur offre au spectateur un master restauré présenté dans son format d'origine 1.37. Malgré un lifting évident et visible sur les couleurs (la photo est de Russell Metty), des points blancs et d'abondantes scories émaillent encore la vision du film. Des éraflures, dépôts résiduels, griffures, se trouvent colossalement accentués au moment de l'arrivée du Capitaine Clark et de ses hommes sur l'Ile aux phoques (1h12). Filmée en studio, cette séquence est constituée de mauvaises incrustations et les contours des personnages sont ratés la plupart du temps. Il n'est pas rare de voir Gregory Peck entouré d'un halo olivâtre et les stock shots utilisés sont constellés de défauts techniques (griffures, forte granulation, poussières) altérant fortement la moyenne de la note. Même chose concernant la fameuse course-poursuite où la granulation des projections arrière s'intensifie fortement au moment des plans rapprochés. Heureusement que ce manque de définition n'est pas permanent mais cette bobine très abimée gâche sérieusement le spectacle et dure une bonne dizaine de minutes. Le Technicolor de la première partie, se déroulant principalement en intérieur, est de bonne qualité bien que la palette colorimétrique soit sensiblement défraîchie. Les contrastes et la luminosité sont néanmoins convenables. Les divers matte painting aperçus dans les arrière-plans accusent quelques picotis (exemple à 35min50), ainsi que de fourmillements et points blancs plus accentués. Le reste s'avère particulièrement lisse et la restitution des matières touchant aux décors et aux costumes est un régal pour les mirettes.
Le mono d'origine est de rigueur pour les deux pistes proposées. Comme souvent, la piste française axe sur une forte délivrance des dialogues au détriment des quelques ambiances annexes et bruits de fond, et un souffle chronique est fortement accentué. Le mixage est plus réussi et plus incisif en version originale. Les dialogues, bien qu'un peu trop étouffés par moment, y sont plus naturels qu'en version française. La musique est joliment mise en avant mais l'ensemble manque quand même de vigueur. Durant les silences, les craquements de la bande-son se font entendre et certains dialogues ont parfois tendance à saturer. Le mixage n'est certes pas sensationnel mais amplement suffisant à la vision du film. Pour les deux pistes, les éléments se déchaînent au moment de la course-poursuite à la 56ème minute et c'est étonnamment la version française qui sort gagnante du point de vue des effets pétaradants et du vent qui balaie les voiles des goélettes.
Entretien avec Bertrand Tavernier et Noël Simsolo (26min09)
Ce que l'on regrette tout de suite c'est que les deux spécialistes du cinéma américain n'aient pas été enregistrés ensemble. Les deux interlocuteurs débordent tellement d'amour pour Raoul Walsh qu'il aurait été très judicieux de les faire se rencontrer. Malgré cela, les propos tenus ici sont passionnants et tous deux défendent ardemment Le Monde lui appartient. A travers ces entretiens, vous en saurez beaucoup plus sur le film, l'oeuvre et la personne de Raoul Walsh (notamment sa culture littéraire), le casting avec un gros plan réalisé sur la performance d'Anthony Quinn. Bertrand Tavernier se remémore d'ailleurs sa rencontre avec ce dernier et Gregory Peck qui lui avaient rapporté de nombreuses anecdotes de tournage. Passionnant !
L'interactivité se clôt sur la filmographie de Raoul Walsh (très sélective), la bande-annonce en vo non sous-titrée (1min47), une galerie photos, et des liens internet.