Trop de luminosité tue la clarté, pourrait-on dire à la vision du film d'Eran Riklis. En effet, de nombreuses séquences baignent dans une aura ambrée rappelant la photo blonde et dorée illustrant le caramel dans le film du même nom. Seulement l'embarras provient d'une brillance telle qu'elle élimine tous les détails les plus fondamentaux lors des plans rapprochés des comédiens. La qualité de l'encodage est bonne mais l'étalonnage aurait dû être sérieusement revu lors du pressage numérique du film. Si l'on excepte cette faiblesse, il demeure un master efficace doté de contrastes harmonieux soulignant les beaux clairs-obscurs des scènes d'intérieur, notamment dans la maison de Salma, toujours marquée par un halo ambré fluide et plaisant. Dommage que la définition contrebalance sérieusement avec les scènes d'extérieur occasionnant certaines imprécisions, des flous lors des prises de vue en caméra portée, le tout accentué par un ciel morne et une terre quelque peu surannée. On regrette un manque constant de naturel et de piqué, excusés par la beauté des scènes d'intérieur.
Ne vous y trompez pas au premier regard car les deux mixages du film sont pour le moins bluffants. Le doublage français s'avère tout particulièrement réussi d'autant plus que Hiam Abbass se double elle-même. Autrement les pistes originale et française sont en tous points identiques, avec des effets latéraux saisissants dès la mise en route. Des ambiances aussi efficaces qu'inattendues puisqu'elles exploitent à merveille les balances arrière et avant, plongeant le spectateur dans l'univers du film. Les dialogues sont parfaitement déchargés sur la centrale et soutenus par une musique contenant son lot d'envolées enthousiastes. Le caisson de basses n'est pas en reste puisque sa contribution est requise lors de la séquence de la réception donnée par le ministre (1h04), dont le point culminant (on ne vous en dit pas plus) fera trembler vos murs.
Malgré un authoring qui pourrait figurer parmi les plus laids vus depuis longtemps en DVD, les suppléments ne manquent pas d'intérêt, en particulier l'interview du réalisateur Eran Riklis.
Making of (24min45)
Il est vrai qu'il nous a déjà été donné de voir un supplément plus original que ce making of mais l'affection que l'on éprouve pour Hiam Abbass et les diverses images de tournage emportent finalement notre approbation et ce malgré de nombreux défauts récurrents inhérents à ce genre de supplément. Ce bonus ne fait pas l'impasse sur de nombreux propos paraphrasant le film, cela étant dû au fait que tous les comédiens présentent le personnage qu'ils incarnent, énumèrent les grandes phases de l'histoire tout en insistant sur ce qui les a attiré dans l'histoire et passent enfin la pommade (vu le soleil ambiant on pourrait parler de Biafine...) à toute l'équipe. Les propos d'Eran Riklis seront repris dans le supplément suivant, plus étayés et non entrecoupés comme c'est le cas ici.
Interview d'Eran Riklis (16min39)
Réalisé dans un anglais parfait, cet entretien permet enfin d'en savoir plus sur la genèse du projet et des éléments de l'histoire. Le réalisateur Eran Riklis fait l'éloge d'une histoire universelle, évoque bien entendu le conflit israélo-palestinien, décrit longuement sa collaboration avec Hiam Abbass qu'il avait déjà dirigée dans La Fiancée syrienne en 2004 et parle de la solitude, de l'acceptation, du libre-arbitre, autant de thèmes émaillant remarquablement Les Citronniers. Eran Riklis clôt cet entretien en sachant pertinemment qu'un film ne peut changer le monde mais espère pouvoir contribuer à pousser au débat et changer la perception des spectateurs des rapports entre les civilisations. En aspirant à toucher un large public comme le démontre justement l'éclosion de la Nouvelle Vague du cinéma israélien qui n'a de cesse d'affirmer sa présence depuis plusieurs années.
L'interactivité se clôt sur des notes sur le film (les intentions du réalisateur accompagnées de biographies/filmographies succinctes de l'équipe du film) et les bandes-annonces du catalogue Océan Films.