La sublime et ambitieuse photo du chef opérateur Eric Gautier, qui avait déjà officié pour Alain Resnais pour Coeurs (mais aussi sur Into the wild de Sean Penn ou Clean d'Olivier Assayas), est magnifiquement rendue à travers ce splendide transfert DVD qui respecte en tous points les partis-pris esthétiques vus en salle avec un grain cinéma conservé et fort agréable. La texture de l'image est sensiblement duveteuse tandis que la palette de couleurs est auréolée d'une délicate phosphorescence et les noirs sont d'une rare densité. Le climax du film (la scène de la rencontre) se caractérise par une luminosité accrue et une pluie de néons aussi bariolés qu'harmonieux où même chaque feu tricolore brille de mille feux sur la moindre parcelle du cadre large. Nonobstant la complexité de la photographie, les détails ne sont pas en reste et les gros plans permettent d'apprécier chaque ride du visage taillé à la serpe d'André Dussollier ou les tâches de rousseur de Sabine Azéma. Grâce à une compression solide, l'éditeur livre une brillante copie du film dont les volontés artistiques en auraient découragé plus d'un.
La bande-originale du film a été confiée au compositeur américain Mark Snow, connu dans le monde entier pour ses thèmes musicaux des séries X-Files et Smallville. C'est à lui qu'Alain Resnais a demandé de créer une partition en décalage complet avec l'intrigue des Herbes folles. Le mixage 5.1. s'avère magistral du point de vue de la spatialisation, les basses sont vibrantes et les latérales soutiennent en permanence les frontales en exsudant les accords de Mark Snow. Les dialogues sont d'une belle ardeur sur la centrale et se détachent sans mal des effets divers distillés par les frontales, tandis que la voix du narrateur Edouard Baer s'élève un cran au-dessus de l'ensemble. Quelques séquences étonnent par leur dynamisme comme la scène de la bijouterie (7min10) où le tictac des montres encercle littéralement le spectateur, ou bien le passage d'un avion (15min50) s'amusant à passer de votre oreille à une autre. Le sommet de cette piste sonore retentit avec le thème de la 20th Century Fox illustrant le baiser à la « fin » du film. Extrêmement riche en détails, le mixage 5.1 plonge assurément le spectateur dans l'ambiance du film. En revanche, si la piste stéréo apparaît plus en retrait que son homologue 5.1, celle-ci s'avère précise et d'une homogénéité à toute épreuve, alliant admirablement la puissance des voix des comédiens avec la bande-originale et les effets.
L'interactivité débute par les trois bandes-annonces (5min19) mettant en scène Edouard Baer (le narrateur dans Les Herbes folles). Drôles et originales, ces teasers apparaissent comme de véritables bonus qui plongent le spectateur dans l'humour parfois surréaliste du film.
Portrait de Jacques Saulnier (6min35)
Ce n'est pas en 6 minutes que l'on résume plus de cinquante ans de carrière ! Le chef décorateur Jacques Saulnier a marqué le cinéma avec entre autre sa fructueuse collaboration avec Alain Resnais, commencée en 1961 avec L'Année dernière à Marienbad jusqu'aux Herbes folles. Lauréat de trois César des meilleurs décors pour Providence, Un amour de Swann et Smoking / No smoking (tous trois réalisés par Alain Resnais), Jacques Saulnier est ici rapidement interviewé par Jean-Pierre Berthomé (enseignant et journaliste), des propos croisés avec de belles images de tournage. C'est l'occasion pour le chef décorateur de parler brièvement de sa complicité avec Alain Resnais mais nous aurions aimé un véritable film retraçant la carrière de notre interlocuteur. Ce petit module vaut néanmoins le détour surtout quand Jacques Saulnier nous fait faire le tour du décor où se déroule la scène de la rencontre entre André Dussolier et Sabine Azéma.