Je suis un autarcique : 10/20
Ecce bombo : 11/20
Sogni d'oro : 14/20
Tourné avec plus de moyens, Ecce bombo s'en sort mieux que le film précédent avec un master plus propre et des couleurs plus naturelles, mais une fois de plus, les détails manquent de finesse. Nanni Moretti délaisse le Super 8 et compose quelques plans relativement bien mis en valeur même si un grain persiste (comme la scène de la plage, à la 40ème minute) et que le teint des comédiens demeure cireux.
Cinq années après Je suis un autarcique, Nanni Moretti réalise Sogni d'oro avec un budget relativement important et cela s'en ressent à chaque plan. Si les contrastes sont parfois un peu trop poussés, le master de ce troisième et dernier film du coffret s'impose sans mal comme étant le plus beau de ce tiercé. Le piqué est cette fois plus acéré, la palette colorimétrique, quoique vieillotte, est plus pimpante, les séquences en intérieur possèdent un sympathique relief même si les plans éloignés demeurent plus altérés que ceux plus rapprochés. Les conditions de visionnage sont donc finalement remplies pour (re)découvrir le film. La restauration effectuée auprès de ces trois films ne fait pas de doute et une compression de haute volée permet à l'éditeur de minimiser les accrocs persistants sur les masters présentés.
Grâce aux mixages mono de Je suis un autarcique et de Ecce bombo, ainsi que de la piste stéréo pour Sogni d'oro, le confort d'écoute est de mise pour les trois films. Les dialogues post-synchronisés du premier long métrage s'avèrent relativement couverts mais la piste demeure propre et la musique se détache avec brio des dialogues (nombreux) et effets (sporadiques). Notons que la partition musicale a subi un lifting plus affiné que le reste de la bande-son pour les trois films. Les saturations sont de toute évidence inévitables compte tenu des conditions de tournage des deux premiers films, les dialogues pèchent par un manque d'ardeur et le souffle revient par intermittence. Pour Ecce bombo, les ambiances annexes sont plus établies que pour Je suis un autarcique (qui était post-synchronisé) mais le mixage de Sogni d'oro l'emporte haut la main avec une belle harmonie entre effets, musique et dialogues.
DVD 1
Cinema autarchico (21min37)
Ce module enchaîne les extraits des premiers films de Nanni Moretti (La Sconfitta, Pâté de bourgeois, Come parli frate ?) avec une série d'entretiens passés avec Tulio Kezich (critique cinéma, scénariste), les frères Taviani, Adriano Aprà (critique cinéma), Fabio Traversa (Andrea dans Je suis un autarcique), Lina Sastri (Olga dans Ecce bombo), Franco Piersanti (compositeur), Giampero Mughini (critique cinéma). Chacun se souvient de sa rencontre avec le jeune Nanni Moretti dont le film Je suis un autarcique, tourné en Super 8 et projeté au Film studio de Rome, fait salle comble pendant des mois. Nanni Moretti venait avec son projecteur et sa copie unique (aucun négatif n'existant en Super 8) et projetait lui-même son film qui attirait les spectateurs curieux et tentés par un excellent bouche-à-oreille.
Nos interlocuteurs se remémorent le bonheur du jeune réalisateur qui a vu son petit film gonflé en 16 mm afin de réaliser divers négatifs et autres copies destinées à d'autres cinémas. Les comédiens de Je suis un autarcique partagent quelques anecdotes du tournage et l'ensemble des interlocuteurs aborde les thèmes déjà présents dans le film qui deviendront alors récurrents dans l'oeuvre du cinéaste : la liberté d'expression, la cinéphilie, les questionnements intimes croisés avec ses convictions politiques.
Entretien avec Nanni Moretti (16min09)
Réalisé en 2007 au moment du tournage de Caos Calmo d'Antonello Grimaldi, cet entretien permet au réalisateur de revenir sur certains aspects de ses premiers films, en l'occurrence ici Je suis un autarcique. Bien que certains propos fassent redondance avec ceux entendus dans le segment précédent, Nanni Moretti parle longuement du désir de raconter les espoirs et les désillusions de sa génération et de décrire son univers tout en se moquant de lui-même en pratiquant l'autodérision et l'ironie. Bien évidemment, le cinéaste aborde également la crise du cinéma et la politique de son pays.
L'interactivité de ce premier DVD se clôt sur quelques bandes-annonces issues du catalogue de l'éditeur.
DVD 2
I notturni maestri cantari (20min36)
A l'instar du supplément présent sur le premier DVD intitulé Cinema autarchico, le présent segment reprend le même principe d'entretiens avec les mêmes intervenants qui se penchent cette fois sur le film Ecce bombo. Tous s'accordent à dire que ce dernier est déjà plus maîtrisé que Je suis un autarcique et se penchent sur la mélancolie assez mal perçue lors de sa sortie en Italie où les spectateurs riaient malgré la dureté de certaines séquences.
Entretien avec Nanni Moretti (16min16)
Comme lors de l'entretien précédent disponible sur le premier DVD, Nanni Moretti évoque cette fois les thèmes et fondements de son deuxième long métrage Ecce bombo. C'est ainsi l'occasion pour lui d'aborder la collaboration avec des comédiens professionnels ou non, le sujet de l'auto-conscience développé dans le film, réalisé à partir d'une véritable expérience faire par le cinéaste avant de tourner. Du côté technique, notre interlocuteur se souvient de l'enregistrement des dialogues réalisé en son direct (une première pour lui), de la multiplication de certaines prises (pouvant aller jusqu'à une trentaine). Cette interview se clôt sur une note émouvante où Nanni Moretti parle de son père présent dans tous ses films jusqu'à sa mort.
DVD 3
Pubblico di merda (21min42)
L'éditeur ne nous en voudra pas de corriger la faute d'orthographe à "Pubblico", qui prend bien deux b et non un seul comme l'indiquent la jaquette et le menu des suppléments. Avec ce dernier module, la plupart des intervenants des segments précédents livrent une analyse pertinente sur Sogni d'oro notamment sur sa critique de la télévision vulgaire en plein essor sous Silvio Berlusconi. Ce supplément se distingue par ses quelques images issues du tournage où nous voyons enfin Nanni Moretti en plein travail, préparer ses plans et les dernières séquences de son film dans les studios de Cinecittà.
DVD 4 - Courts-métrages et documentaires
Le jour de la première de Close-up (1994 - 6min48)
Aux commandes de sa propre salle de cinéma à Rome, le Nuovo Sacher, Nanni Moretti prépare la sortie du film Close-up d'Abbas Kiarostami. Tourné en vidéo, ce petit journal de bord montre le perfectionnisme du cinéaste, devant faire face aux sorties gigantesques du Roi Lion, Speed et de 4 mariages et 1 enterrement dans les autres salles de la ville. Malgré sa courte durée, ce petit film, commande de Canal+ à l'occasion des cent ans du cinéma, démontre la passion mais aussi le courage des petits exploitants de salles indépendants résistant aux multiplexes.
Le cri d'angoisse de l'oiseau prédateur (2002 - 25min29)
Sous ce titre quelque peu énigmatique (l'explication est donnée dans le film) se cache en réalité un montage de 20 séquences coupées du film par Nanni Moretti de son film Aprile. Malgré quelques longueurs, nous retiendrons les séquences dévoilant la vie privée de Nanni Moretti, véritable papa poule, tentant de dialoguer avec son bébé avant même l'accouchement de sa femme. A l'instar d'Aprile, les séquences ici présentées forment une mosaïque plus ou moins intéressante où la vie personnelle du cinéaste-comédien, ses choix politiques et sa vie publique sont exposés.
Journal d'un spectateur (2007 - 3min28)
Tiré du film collectif Chacun son cinéma, Nanni Moretti propose un court segment fort attachant et drôle. Assis dans plusieurs salles de cinéma vides, le réalisateur se souvient des films qu'il y a vu (Rocky Balboa, Le Ciel peut attendre) et partage quelques anecdotes touchantes et emplies d'humour.
La Cosa (59min17)
Hiver 1989. Nanni Moretti en tant que documentariste, décide de donner la parole aux militants de base du Parti Communiste Italien (PCI) dans différentes sections du pays et filme un tournant historique dans l'histoire politique italienne : le PCI subit de plein fouet la chute du mur de Berlin, la fin progressive des régimes communistes à l'Est de l'Europe et entre alors dans une période de crise d'identité. A la suite de la proposition du Secrétaire général du Parti, Achille Occhetto, de changer le nom du parti, surnommé « La Cosa » les militants de différentes générations s'opposent et saisissent cette opportunité pour exprimer leurs interrogations et leurs craintes quant au futur de leur parti. Pièce maîtresse de ce DVD, La Cosa est un film passionnant, singulier et indispensable où Nanni Moretti s'efface complètement (il n'intervient jamais en voix-off ni à l'écran) derrière la caméra, visiblement fasciné par les propos qui sont ici dévoilés.