L'esthétique soignée des Promesses de l'Ombre méritait toute l'attention et le transfert sur galette numérique se montre à la hauteur, sachant que la mise en scène sans fioriture de David Cronenberg ne pose aucun problème particulier du côté de l'encodage. Sans être exceptionnelle, la définition offre un rendu d'une jolie précision tandis que l'étalonnage restitue à merveille les couleurs découvertes en salle. Si l'on ajoute à cela un traitement réussi des contrastes, il n'y a guère que la compression qui peut éventuellement faire son apparition au rang des reproches. Rien de bien alarmant cependant puisqu'elle se traduit tout juste par quelques fourmillements dans les arrière-plans, mais comme nous le verrons, ce petit défaut aurait pu être évité si l'éditeur n'avait pas ajouté un DTS inutile.
S'il est un aspect qui déçoit dans cette édition, c'est bien la timidité des trois pistes son, qu'il s'agisse des deux 5.1 français et anglais, ou même du DTS français. Tout d'abord, soulignons que la piste anglaise souffre d'un désagréable effet pal speed-up qui aurait franchement dû être évité. Ensuite, si la composition de Howard Shore bénéficie dans tous les cas d'une pureté sonore des plus plaisantes, le violon ressortant avec grâce, les trois pistes ont cela de commun qu'elles manquent de consistance dans le rendu des bruitages et surtout des sons ambiants. Ainsi, dans les scènes peu bruyantes, il faudra pousser très haut le volume pour retrouver le fond sonore propre au lieu dans lequel évoluent le ou les personnages, d'autant que l'ensemble ne bénéficie d'aucun effort de spatialisation particulier et reste surtout concentré sur les avants. Dans les scènes plus violentes, telles que celle du sauna pour prendre un exemple au hasard, les coups et hurlements se font entendre de manière bien trop timide pour que l'on retrouve l'impact connu en salle. Même le DTS, qui n'apporte pas grand chose par rapport aux mixages 5.1, déçoit par son manque de punch. En bref, il faudra clairement se reporter à l'édition Blu-ray pour obtenir satisfaction.
Les suppléments se répartissent sur deux disques. Le premier comprend du matériel promotionnel, à savoir des bandes annonces accompagnées d'un petit documentaire intitulé Autour du film. Le second se divise en quatre sections : le module Sous les Tatouages (comprenant A Fleur de Peau et La Marque de Cain), un documentaire intitulé De l'Ombre à la Lumière, l'avis d'un historien dans Au-delà du film et une section galerie de photos du film et du tournage.
Ces bonus étant finalement identiques à ceux de l'édition blu-ray, nous laisserons la parole à Arnaud Mangin qui les a très bien commentés dans son article paru précédemment :
Les bonus se montrent particulièrement complets mais ne se focalisent pas nécessairement tous sur la construction du film à proprement parler, mais plutôt sur les thèmes qui l'entourent. Ainsi, nous ne trouverons pas de commentaire audio du réalisateur, exercice dans lequel il excelle pourtant, ni de véritable making of. Deux petites featurettes à la place, Autour du film (10min30) et De L'ombre à la lumière (22min07), respectivement montés par les Américains et les Français, survolent partiellement la création du film via un montage d'interviews. Le propos est pertinent, ne bascule pas dans le commercial passe-partout, mais manque néanmoins d'envergure. On est encore loin de l'excellent documentaire proposé par le même éditeur sur le DVD de History of violence.
Le reste est effectivement un peu plus pédagogique. La section Au-delà du film (32min53) est constituée d'un long entretien avec un historien et politologue spécialisé sur la Russie et qui analyse point par point les mouvements mafieux immigrés en Angleterre, en comparant de nombreux aspects avec ceux du film. Sur le papier, c'est intéressant, mais le résultat est un peu plat. Le dernier angle d'attaque demeure également le plus présent sur cette interactivité puisqu'il concerne les fameux tatouages aperçus dans le film, véritable carte d'identité de certains criminels. Si A fleur de peau (6min), module issu du DVD américain, expédie rapidement le sujet avec pour seuls intervenants ceux qui ont participé au film, le gros bonus à regarder ici est La Marque de Cain (1h13), film/documentaire dont Cronenberg s'est largement inspiré pour son personnage principal et qui donne la parole à des prisonniers russes témoignant sur la façon dont ils vivent (et survivent) à travers leurs tatouages.