Test DVD : Main basse sur la ville
Le 15/02/2008 à 14:10
Par Sabrina Piazzi
Poussé par l'entrepreneur Nottola, la municipalité de Naples transforme des terrains agricoles en terrains constructibles pour lancer un gigantesque programme immobilier. Le chantier entraîne la mort d'un enfant et de vives polémiques au sein du conseil municipal, alors que de nouvelles élections se préparent. L'enquête sur l'accident s'enlise, mais les stratégies électorales s'affinent, et certains membres de la majorité au pouvoir s'inquiètent de voir Nottola sur leur liste.
« J'ai toujours cru en la fonction du cinéma en tant que dénonciateur et témoin de la réalité. Main basse sur la ville est ce que j'appellerai un film théorème. » Francesco Rosi
Francesco Rosi est né à Naples en 1922. Il faut rappeler qu'il est certainement l'un des cinéastes les plus engagés du cinéma italien à être toujours en activité (bien qu'il n'ait pas réalisé de film depuis La Trêve, inspiré de l'autobiographie de Primo Levi, en 1997), dénonçant sans relâche les corps du pouvoir et leurs malversations. Entre fiction et documentaire, Main basse sur la ville poursuit sa revendication du genre du film d'enquête, initié l'année précédente avec Salvatore Giuliano en 1962. Le film s'inspire d'un fait réel survenu dans sa ville natale : l'écroulement d'un immeuble de Naples entraînant la mise en cause des industriels en charge du chantier. Cette séquence est d'ailleurs retranscrite à l'écran de manière très impressionnante, plongeant le spectateur dans une réalité sociale brute et immédiate qui renvoie ouvertement au néo-réalisme italien.
Le film est un constat sévère et virulent de la spéculation immobilière et de ses mécanismes retors. Grâce à l'appui de la municipalité, l'entrepreneur Nottola (impressionnant Rod Steiger) s'empare de terrains vagues afin de les transformer en édifices modernes. Un business lucratif qui ne profite pas aux petites gens qui sont relogés dans des immeubles insalubres. La ville de Naples vit alors au cœur d'un véritable scandale immobilier, opposant la droite à la gauche qui craint que les prochaines élections ne viennent enliser le problème.
Francesco Rosi prend littéralement à bras le corps le cœur du problème avec une audace peu commune, dénonçant avec intensité les alliances et les trahisons, les déviances du pouvoir et les abus politiques, uniquement motivés par le profit et l'expansion économique. La caméra de Rosi se fond dans le décor du conseil municipal corrompu et nous montre de l'intérieur, telle un témoin ou plutôt comme un espion, la réalité politique et bureaucratique de l'Italie des années 60.
Le film n'a pas pris une seule ride et la critique est toujours autant d'actualité. Parce que l'atmosphère dans laquelle baigne la ville de Naples est certainement pire encore aujourd'hui qu'il y a 40 ans. De nombreuses images et notamment les plans aériens ahurissants de la ville traverseront notre esprit encore très longtemps. Main basse sur la ville a été justement primé par le Lion d'or à la Mostra de Venise en 1963.
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